Le groupe Enedis, filiale d’EDF en charge de la gestion du réseau d’électricité français, a créé il y a un peu plus de deux ans son laboratoire d’intelligence artificielle à la Cité de l’innovation et des savoirs d’Aix-Marseille (Cisam). Son responsable Romain Gemignani fait le point avec Gomet’ sur les premières réalisations et les nouveaux travaux en cours.
Quelle est la nature des travaux du laboratoire d’intelligence artificielle d’Enedis ?
Romain Gemignani : Nous développons des solutions d’intelligence artificielle pour créer des applications permettant d’améliorer l’efficacité des prestations d’Enedis. La très grande majorité des travaux de notre laboratoire porte sur le traitement automatisé du langage. Pour commencer, nous avons créé une brique de langage propre à Enedis pour pouvoir traduire les millions d’informations collectées auprès de nos clients.
Nous avons une énorme masse de données qui peut être exploitée afin d’améliorer les performances de nos services. La direction des systèmes informatiques à Paris a réalisé un très gros travail pour construire une base de données propre et exploitable. Ensuite, nous nous appuyons sur ces données pour développer des logiciels intelligents qui vont aider l’entreprise.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret des applications créées ?
Romain Gemignani : Nous avons par exemple développé un logiciel pour requalifier précisément les interventions et éviter les déplacements inutiles. Enedis traite plusieurs milliers d’interventions par jour sur le réseau électrique français et 30% des déplacements de nos équipes sont vains. Bien souvent, les techniciens n’ont pas les bonnes informations et cela engendre des déplacements inutiles. Notre solution permet de mieux préciser les demandes du client et du fournisseur d’énergie pour les rediriger vers les bons services, les bonnes personnes et permettre aux équipes de bien comprendre le besoin avant de se rendre sur place. La solution est utilisée depuis un an maintenant et les retours sont très positifs. Elle a été développée de A à Z à Marseille.
Travaillez-vous uniquement pour votre compte ou pour d’autres entités ?
Une chaire d’excellence avec Aix-Marseille Université et la Métropole sur l’impact de l’électrification de la mobilité
Romain Gemignani
Romain Gemignani : Nous n’avons pas vocation à vendre nos solutions à d’autres opérateurs. Toutes les applications qui sortent du laboratoire servent au groupe Enedis. Par contre, nous travaillons en partenariat avec les collectivités comme la Région Sud et la Métropole d’Aix-Marseille Provence. Nous avons créé en début d’année une chaire d’excellence avec Aix-Marseille Université et la Métropole sur l’impact de l’électrification de la mobilité sur le territoire. Nous avons réalisé un jumeau numérique pour aider la Métropole à choisir les meilleures solutions et le maillage optimal pour l’emplacement de ces futures bornes de recharges de véhicules électriques par exemple. C’est une chaire unique au monde !
Pourquoi Enedis a choisi Marseille pour créer ce laboratoire sur l’intelligence artificielle ?
Romain Gemignani : Marseille est l’un des berceaux de l’intelligence artificielle en France. Nous avons les meilleurs spécialistes et l’université a lancé des formations de très haut niveau sur le sujet. Cette spécificité est encore trop peu connue dans le pays. Marseille et sa région sont le lieu idéal pour innover dans l’intelligence artificielle. Tout l’écosystème régional, de la recherche académique aux industriels en passant par les start-up, est impliqué dans le domaine et on trouve localement toutes les compétences dont on a besoin. Ce n’est pas pour rien non plus que nous sommes hébergés à la Cisam. Ce lieu créé par Aix-Marseille Université nous ouvre les portes d’un vivier extraordinaire de talents.
Depuis deux ans, comment a évolué le laboratoire d’Enedis ?
Romain Gemignani : On a bien grandi depuis nos débuts. On a commencé à deux et maintenant, nous sommes sept personnes. On a notamment recruté une thésarde d’Aix-Marseille Université en informatique et systèmes. Nous sommes le lieu idéal pour former les jeunes universitaires aux applications de l’intelligence artificielle. Ils peuvent utiliser nos données plutôt que des modèles pour développer des applicatifs. Ainsi, les gens qui passent en stage en chez nous peuvent ensuite aller développer leur savoir-faire dans d’autres grandes entreprises ou institutions. C’est du donnant-donnant pour le territoire. Nous avons de nombreux projets en cours avec les institutions et, sur l’évolution de notre logiciel apprenant, pour Enedis. On prévoit donc de faire encore grossir les équipes avec une dizaine de personnes l’an prochain. On devrait accueillir un autre étudiant en thèse, des diplômés du master intelligence artificielle de l’université et des développeurs.
D’autres projets à court et moyen terme ?
Romain Gemignani : En plus de tous les travaux en cours évoqués précédemment, nous allons participé au Riality Lab, le showroom sur l’intelligence artificielle qui ouvre le 8 juillet au palais de la Bourse de la chambre de commerce et d’industrie d’Aix-Marseille. Nous allons faire des démonstrations en direct de nos solutions pour montrer un peu plus au grand public à quoi sert concrètement l’intelligence artificielle.
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