Les inégalités sont implacablement reproduites et aggravées en temps de crise sanitaire. C’est la douloureuse expérience vécue par les publics vulnérables formés des personnes sans domicile fixe et des migrants sans-papiers, qui se trouvent les plus exposés devant l’épidémie de coronavirus. Alors qu’un rapport de la Préfecture des Bouches-du-Rhône daté de 2016 (le dernier en date) recensait la présence d’environ 14 000 personnes sans-abris dans les rues de la cité phocéenne, la question de leur prise en charge se pose de manière accrue au moment où les habitants sont appelés à rester confinés chez eux.
Appel à la réquisition des bateaux de croisière stationnés dans le Port
Tandis qu’au niveau régional, deux Creps ont ouvert leurs portes depuis lundi 30 mars pour l’accueil des SDF, de nombreuses personnes sans-abri restent sans solution d’hébergement, exposées à la contamination au coronavirus. Dans un tweet publié mercredi premier mars, Sébastien Barles, candidat EELV à la mairie de Marseille, propose de « réquisitionner les ferrys et navires de croisière fixés à quai pour pouvoir disposer d’hébergements d’urgence pour les Sdf ». Une réquisition qu’il juge également « utile » pour l’accueil des « personnes testées positive au Covid-19 à isoler ».
#Marseille Face à l’urgence sanitaire,il serait peut être utile de réquisitionner les ferrys&navires de croisière fixés à quai pour pouvoir disposer d’hébergements d’urgence pour les Sdf, les personnes testées positives #COVIDー19 à isoler. La crise impose des mesures d’exception pic.twitter.com/bNuK6tMEor
— Sébastien Barles (@sebbarles) April 1, 2020
Un point de vue partagé par Mgr Jean-Michel Di Falco, évêque émérite du diocèse de Gap et d’Embrun, qui dans l’édition de La Provence du premier avril lance un appel dans le même sens. « Il y a actuellement trois bateaux à quai au terminal de croisière, dont le Costa Smeralda qui est l’un des plus grands au monde » déclare l’ecclésiastique. « Ils ont des centaines de cabines et de lits disponibles qui pourraient servir d’hôpitaux flottants ou de lieux d’hébergement pour les personnes sans domicile fixe, car celles-ci ne peuvent se confiner nulle part » juge-t-il.
François-Michel Lambert demande la régularisation temporaire des sans-papiers
Autre public frappé de plein fouet par la crise liée à l’épidémie de coronavirus, les sans-papiers se trouvent dans l’incapacité d’avoir accès au système sanitaire et social français. Une situation qui a poussé le 30 mars le député UDE des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert, à l’unisson de six autres parlementaires, à demander la régularisation de tous les sans-papiers se trouvant sur le territoire national. « Le gouvernement portugais a promulgué samedi 28 mars différentes mesures d’ordre sanitaire et financier dont la régularisation provisoire de tous les immigrés qui avaient introduit une demande » déclare-t-il dans un communiqué, « afin qu’ils puissent obtenir les mêmes droits que les citoyens portugais pour l’accès aux soins et pour les aides financières ».
« Nous demandons solennellement au gouvernement français de prendre les mêmes mesures que le gouvernement portugais » écrit-il, en alertant sur « la situation dramatique des sans-papiers et des sans abris ». Il ajoute : « La gravité de la crise sanitaire rend encore plus cruciale la prise en compte de ce problème qui n’a que trop duré » et appelle à « agir avec responsabilité et sans délai, comme nos amis portugais l’ont fait ». Les derniers chiffres disponibles estiment que la France abritait entre 300 000 et 400 000 personnes sans-papiers en 2017, selon une étude du Pew Research Center publiée en novembre 2019.
Les sept députés appelant à une régularisation provisoire des sans-papiers :
> François-Michel Lambert, député des Bouches du Rhône
> Jean-Michel Clément, député de la Vienne
> Bertrand Pancher, député de la Meuse
> M’Jid El Guerrab, député des Français de l’étranger
> Sandrine Josso, députée de Loire-Atlantique
> Frédérique Dumas, députée des Hauts-de-Seine
> Paul Molac, député du Morbihan
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