En conseil municipal, vendredi 19 avril, les élus marseillais ont approuvé l’affectation d’une autorisation de programme dotée d’une enveloppe de quinze millions d’euros pour le déploiement de 500 nouvelles caméras de vidéo-surveillance, à l’horizon 2026 (voir notre article). Tous les élus ont-ils voté favorablement ? C’était sans compter sur le groupe écologiste et pluriel-s. Emanation verte du groupe majoritaire Printemps Marseillais, le groupe écologiste et pluriels a cette fois marqué une opposition claire à la politique du maire Benoît Payan en faisant le choix de voter contre le rapport. Juste avant, sur un autre rapport mais toujours sur la question de la sécurité, c’est l’ex-adjointe à l’urbanisme Mathilde Chaboche qui ne mâchait pas ses mots sur l’implantation d’une antenne de police municipale sur la Canebière « dans un bocal à quelques mètres du commissariat de police nationale ». Et de poursuivre : « Nous espérons que cette décision n’est due qu’à un effet vitrine lié aux Jeux olympiques …», applaudie par l’opposition. «J’imagine que pour madame Chaboche c’est toujours un plaisir d’être applaudie par la droite et l’extrême-droite », tacle Benoît Payan, peu clément à l’égard de son ancienne adjointe.
Dans l’hémicycle, le conseiller municipal Fabien Perez (EELV) prend à son tour la parole pour défendre la position de son groupe à l’occasion du vote du rapport 28 sur la vidéo-surveillance : « Les Marseillais aspirent légitimement à plus de sécurité. Mais la vidéoprotection est utile dans une ville riche, où la population est parfaitement intégrée. Il ne faut pas que la vidéo-surveillance devienne un argument électoral, ou une façon de déléguer sa responsabilité politique à une machine », plaide ainsi l’avocat de métier. Autre aspect qu’il pointe du doigt : les moyens humains déployés derrière les moyens techniques, la vidéo-surveillance nécessitant l’intervention humaine pour le traitement des données. « Pour que ce soit opérationnel, il faudrait embaucher au moins 1200 agents », affirme ainsi Fabien Perez.
Sécurité : la mairie de Marseille enterre le tout vidéosurveillance
Vidéo-surveillance : le groupe écologiste et pluriels vote contre
Face à cette fronde au sein même de sa majorité, Benoît Payan adopte cette fois un ton pédagogue : « C’est un sujet complexe. C’est probablement cette complexité mal éclaircie qui vous amène à voter contre. […] Il est certain que les caméras ne vont pas arrêter la délinquance. Mais ce sont des outils qui, lorsqu’ils sont bien placés, permettent à un officier de police judiciaire de constater des faits délictueux, dans le cadre d’une enquête. » L’édile brandit le moratoire commandé par la Ville de Marseille, quatre ans auparavant, sur l’état du réseau des caméras déjà existantes : « Bien nous en a pris car nous nous sommes aperçus que beaucoup de caméras n’ont jamais été allumés et sollicitées » commente-t-il. Par ailleurs, poursuit Benoît Payan, un accord a été passé entre la police nationale et la police municipale pour que la première n’ait plus à réquisitionner la seconde afin d’accéder aux vidéos.
La défense n’a néanmoins pas pris et le groupe écologistes et pluriel a maintenu son vote contre. Interrogé en amont du conseil municipal, lors d’une conférence de presse mercredi 17 avril, l’adjoint aux finances Joël Canicave se voulait rassurant sur cette opposition déjà annoncée du groupe écologistes sur le sujet de la vidéo-surveillance : « Ce n’est pas une nouveauté, ils (le groupe écologistes et pluriels, ndlr) continuent sur la ligne qui est la leur. Nous avons toujours dit que cette majorité n’était pas une caserne. Chacun dit et pense ce qu’il veut. » Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le groupe écologistes et pluriel vote contre un rapport de la majorité. Rendez-vous lors du prochain conseil municipal, le 28 juin, pour voir si la fronde se poursuit …
En savoir plus :
> Visionner le conseil municipal en replay
> [Dossier] Écoles, transports, cinéma… « Marseille en grand » passe son bac ! – Gomet’
> Notre rubrique politique