Emmanuel Macron revient à Marseille du lundi 26 au mercredi 28. Une visite exceptionnelle de trois jours qui rappelle celle réalisée il y a presque deux ans, en septembre 2021 et qui avait été l’occasion de lancer ce qu’il appelait alors « l’ambition Marseille en grand. » Au fil, des mois, cette ambition s’est transformée en plan et le président de la République revient dans la cité phocéenne pour évaluer le déploiement des actions annoncées dans son discours fondateur du 2 septembre 2021. Et passer à l’acte 2…
La rédaction de Gomet’ mobilisée tout au long de ces 20 derniers mois pour couvrir l’actualité de Marseille en grand propose son évaluation (forcément subjective) de l’avancée des dossiers. Et saison du bac oblige, nous nous risquons à la notation. Marseille en grand passe son bac avec 11 matières au programme !
Les écoles (13/20)
Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 : « Ce qu’on va faire, d’abord, nous allons commencer à vos côtés, à rénover les écoles pour une quinzaine d’écoles, les opérations menées par l’Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU). On doit aller plus loin et vous m’avez posé sur la table ces difficultés. Et donc, on en a beaucoup discuté, nous allons créer une société ad hoc, dont Monsieur le maire aura la présidence. Elle sera sous pilotage de l’Etat, on connaît ces formules ici à Marseille. Et je veux qu’on puisse la mettre en place d’ici la fin de l’année. Son objet, ce sera la réhabilitation et la reconstruction des écoles identifiées avec la Ville comme étant les plus délabrées. (…) Je veux ici qu’on puisse en quelque sorte innover et mettre en place, à côté de ces investissements dans les bâtiments, une méthode radicalement nouvelle pour l’éducation de nos enfants. Inventer ici l’école du futur. Je veux qu’on puisse le commencer très vite ici et donc que ces 50 écoles on puisse les définir (…) dans les tout prochains mois et qu’on puisse lancer ce projet dans les premières écoles dès la rentrée 2022-2023.»
L’aide pour rénover les écoles marseillaises a été l’une des annonces emblématiques du plan Marseille en Grand. Elle complète le plan école déjà engagé par la municipalité depuis 2020. Cette aide a été confirmée par la création de la société publique des écoles marseillaises fin 2021, la SPEM, dirigée par Vincent Bourjaillat depuis septembre 2022 et opérationnelle depuis février 2023. Pour gérer la construction ou la rénovation de 188 écoles de la ville, la SPEM dispose actuellement d’un budget de 850 millions d’euros, dont 450 millions provenant des fonds de la Ville de Marseille et 400 millions d’euros provenant des caisses de l’État.
Ce montant, validé par l’ancien Premier ministre Jean Castex fin 2021, est réparti entre le budget de la nation (254 millions), 120 millions de l’ANRU et 30 millions d’euros d’appel à projets à aller chercher. Les 400 millions d’euros n’ont pas encore été versés sur le compte de la SPEM et les fonds engagés sont actuellement ceux de la municipalité. « Nous attendons qu’Emmanuel Macron s’engage à augmenter la part de l’État dans le budget de la SPEM au regard de l’envolée des prix dû au Covid-19 et la guerre en Ukraine », demande Pierre-Marie Ganozzi, l’adjoint au plan école de la ville de Marseille. A date, sur 188 écoles de Marseille en Grand, 28 chantiers sont en cours et 31 études doivent être lancées avant fin 2023.
L’autre projet du volet des écoles est l’expérimentation des écoles laboratoires. Entre septembre 2021 et septembre 2022, 59 écoles avaient testé le dispositif permettant de lancer des projets pédagogiques innovants, tels qu’un laboratoire de mathématiques, une classe flexible ou numérique. Un budget de 2,5 millions d’euros a été fléché pour mettre en place cette expérimentation de ce projet. Emmanuel Macron était revenu annoncer sa généralisation à la France entière en juin 2022 à l’école Menpenti (10e). Rappelons que le principe « d’écoles laboratoires » est vivement critiqué par les syndicats de professeurs depuis 2021 comme la SNUipp-FSU ou la CGT, et taxent ce dispositif de « créer une école à deux vitesses » avec celles qui bénéficient de fonds et d’autre laissés pour compte. Il y a un an, le maire de Marseille, Benoît Payan, avait demandé la généralisation du dispositif à 470 écoles de la ville. Mais un an après, seules 82 écoles en sont bénéficiaires.
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Logement (13/20)
Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 : « Ilôts Belle de Mai, Noailles, Hoche, Versailles, requalification du centre-ville, les chantiers doivent s’engager immédiatement et je compte sur la mobilisation de tous les acteurs. Vous avez maintenant désigné un directeur général (Franck Caro, nommé en février 2021, ndlr), les choses sont construites, allons-y ! »
Au lendemain des effondrements des immeubles de la rue d’Aubagne, le 5 novembre 2018, Emmanuel Macron avait dit vouloir « transformer le « plus jamais ça » en action. » Des propos que le président de la République rappelle dans son discours de septembre 2021. Il revient notamment sur la création de la société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-In) en juillet 2019, une structure tripartite réunissant la Ville de Marseille, la Métropole et l’Etat. Jugeant que les chantiers n’allaient pas assez vite, il met un coup d’accélérateur pour atteindre un objectif de 10 000 logements réhabilités en quinze ans. Cette exhortation était accompagnée d’une promesse d’injecter plus de moyens et, de fait, en mars 2022, l’Etat a débloqué 650 millions d’euros pour la rénovation urbaine, dont 200 millions fléchés vers le centre-ville.
Depuis, un bout de chemin a été fait. A l’automne dernier, la SPLA-In a annoncé le lancement de deux premiers appels à projets pour sélectionner à la fois les architectes et les bailleurs en charge de la rénovation et de l’exploitation des futurs logements réhabilités. Les résultats de l’appel à projets sur les architectes a été dévoilé en mars 2023, avec un début des travaux acté pour début 2024. Les conventions avec les bailleurs sociaux seront signées début juillet.
A l’occasion d’une conférence de presse, le directeur général de la SPLA-IN Franck Caro avait fait état des difficultés induites par la réhabilitation du centre-ville, notamment le morcellement extrême de la propriété privée. En revanche, on peut se réjouir du fait que la SPLA-IN ait, au dire de ses parties prenantes, permis à la Ville de Marseille et à la Métropole d’avancer main dans la main sur le sujet du logement. Hors centre-ville, les chantiers se multiplient ces derniers mois, notamment sur Air-Bel et La Savine. Là encore, des difficultés se dressent notamment celle de reloger les habitants pendant les travaux. D’ici à 204, le nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU) prévoit la destruction de 166 logements pour 16 nouveaux construits dans les différents arrondissements de Marseille.
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Les transports (12/20)
Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 : « Je suis prêt à ce que, dans un premier temps, on puisse avoir ce financement d’un milliard d’euros, dont 250 millions en subventions, qui sera engagé par l’Etat à la fois pour l’accessibilité et des projets très concrets identifiés : l’automatisation du métro, la création de quatre lignes de tramway et de cinq lignes de bus à haut niveau de service qui répondent à cet objectif. C’est un début. Je suis même prêt à ce qu’on fasse davantage et qu’on monte la part de contribution de l’Etat sur les projets de transports qui sont structurants pour désenclaver les quartiers nord et permettre de lier le Nord au Sud.»
Sur les transports, Emmanuel Macron avait bien insisté en 2021 : « La priorité est le désenclavement des quartiers Nord. » A la suite de ces annonces, un Groupement d’intérêt public (GIP) transports a été créé pour suivre l’avancée de 15 projets jugés éligibles qui mobilisent un milliard d’euros (256 millions de subventions et 744 millions d’euros d’avance remboursables). Sept premières conventions ont été signées pour financer les premiers projets.Au Nord, l’extension du tramway vers Capitaine Gèze, la Belle-de-Mai (3e) dans un premier temps, puis vers le Merlan dans un second temps, est sur les rails. Mais du côté du Printemps Marseillais, « on a l’impression que ça n’avance pas », s’inquiète la conseillère métropolitaine Jessie Linton. Pour ce qui est du tramway vers La Castellane (16e), qui passera le long du littoral, la présidente de la Métropole Martine Vassal le prévoit en service pour 2029. Il atteindra dans un second temps le pôle d’échange multimodal de Saint-Antoine. La Métropole acte en outre le fait qu’un téléphérique fera la liaison depuis ce pôle jusqu’à l’hôpital Nord.
Parmi les projets financés par Marseille en grand, la Métropole Aix-Marseille Provence a tout de même réussi à glisser son projet de tramway vers les Catalans, pourtant orienté au Sud, et décrié par la majorité municipale divers gauche. Selon le calendrier annoncé par la Métropole, ce tramway devrait voir le jour d’ici 2030. Martine Vassal projette même une prolongation de ce tramway sur la Corniche, voire jusqu’à la Pointe rouge, dans ses ambitions à 2035 présentées lors de son bilan mi-mandat.
Concernant l’automatisation du métro, les toutes nouvelles rames du futur métro Néomma sont actuellement en phase d’essai sur le site d’Alstom à Valenciennes. La première rame de métro automatisée sera livrée courant juillet 2023 à Marseille, pour une mise en service de trois rames fin 2024. L’intégralité de la ligne M1 sera mise en service en 2027. A voir si l’Etat rallongera l’enveloppe d’un milliard lors de sa venue …
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> [Urgent] GIP Transports : « Tous les projets au Nord financés, le tram des Catalans acté »
Odysséo (4/20)
Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 : « J’ai le plaisir aujourd’hui de vous annoncer le lancement d’un projet nouveau. Ce projet, il n’a pas du tout été pensé à Paris, il n’a pas été du tout conçu dans des bureaux, il est le fruit d’un mariage baroque entre deux rêves fous. En effet, nous avons décidé de lancer aujourd’hui Odysséo, une ambition qui accompagnera les populations à la transition écologique au travers de la création d’un réseau de lieux de sensibilisation, de recherche, de formation, d’innovation sur les pays bordant la Méditerranée. »
C’était l’un des projets emblématiques de Marseille en grand, destiné à faire rayonner la ville et à être une vitrine sur la Méditerranée. Deux ans plus tard, le très attendu projet Odysséo semble au point mort. Cyprien Fonvielle, le co-fondateur de l’association Neede, porteuse du projet en association avec le projet Marsa du designer Ora Ïto, révélait à Gomet’ en décembre 2022 que « le lieu était déjà connu » et que le président souhaitait « l’annoncer lui-même. » Mais selon nos sources, le chef de l’Etat aurait pris ses distances avec le projet. De son côté, l’Elysée affirme à la veille de la venue d’Emmanuel Macron que « le projet Odysséo est toujours d’actualité » et que le Président « a un fort intérêt pour la Méditerranée. »
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> Marseille en grand « acte 2 » : Odysséo toujours « d’actualité » (Elysée)
> [Coulisses] Emmanuel Macron prend ses distances avec le projet Odysseo
Le cinéma (14/20)
Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 : « Nous soutiendrons la modernisation du pôle médias de la Belle de Mai, nous ouvrirons aussi un nouveau site pour créer une base logistique pour accueillir les tournages, développer les studios, créer le premier bassin de tournage en mer. Nous implanterons également à Marseille une école CinéFabrique, pour les 18-25 ans, comme cela a été fait avec succès à Lyon. »
Le 9 janvier dernier, la ministre de la culture Rima Abdul Malak est venue acter la distribution d’une enveloppe de 22,5 millions d’euros pour le volet cinéma de Marseille en Grand. La modernisation du pôle médias a bien été inscrite dans le projet de l’État et sera financée à hauteur de 1,5 million sur les sept millions nécessaires pour rénover le bâtiment vieillissant. « La subvention a été confirmée par l’État », assure Laurent Lhardit, l’adjoint à l’économie de la Ville de Marseille. En revanche, « elle n’a pas été versée ».
La base logistique est aussi définie. Elle sera située dans un hangar au 56 boulevard du Capitaine Gèze (14e) où les travaux sont actuellement en cours. C’est l’aménageur public Euroméditerranée qui a permis d’accélérer rapidement le projet en louant un bâtiment de 4 000 m2 – jusqu’en 2026 au minimum – à l’association exploitante ARTS pour en faire une base logistique de décors et de costumes. Cette plateforme a bénéficié d’un million d’euros d’aide de l’État et sera opérationnelle en septembre 2023.
Le projet le plus onéreux est la création d’une école de cinéma publique, la Cinéfabrique. Ce projet représente un financement de 15 millions d’euros. Imaginée sur le même modèle que celle de Lyon pour former les jeunes de 18 à 25 ans aux métiers de l’audiovisuel et du cinéma, l’école est temporairement localisée au 37 rue Guibal, en face du pôle Belle de Mai (3e). La Cinéfabrique doit ouvrir dans l’enceinte du Dock des Suds du quartier Arenc (2e). La Région Sud réalise actuellement des études sur le bâtiment avant d’entamer sa réhabilitation pour en faire une « Cité méditerranéenne du cinéma » à horizon 2026. Et le président de Région, Renaud Muselier, a fait adopter le vendredi 23 juin un programme de quelque 60 millions d’euros pour le financement des travaux. La cinémathèque, chapeautée par le réalisateur Costa Gavras, sera également intégrée aux locaux de cette future cité du cinéma pour un budget de cinq millions d’euros. En revanche, rien ne semble avoir avancé du côté du bassin de tournage en mer.
La création de « grands studios de la Méditerranée » voulue par l’Élysée avance en parallèle. Ce projet n’est pas financé par le plan Marseille en grand mais par le plan France 2030 et le Centre national du cinéma (CNC). C’est l’entreprise martégale d’Olivier Marchetti Provence Studios qui a été lauréate de l’appel à projets « La grande fabrique de l’image » pour agrandir ses plateaux de tournages à Martigues et développer de nouveaux studios sur l’ancienne usine Saint-Louis Sucre (15e).
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> Ecole, logistique, cinémathèque… « Marseille en grand » fait son cinéma
> Marseille en grand : la base logistique pour le cinéma confiée à l’association ARTS
Les carrefours de l’entrepreneuriat et la prime capital jeune créateur (10/20)
Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 : « La Banque publique d’investissement sera à vos côtés pour contribuer à un investissement supplémentaire pour créer trois carrefours de l’entrepreneuriat à Marseille, qui seront des grands lieux dédiés où les jeunes qui ont des projets seront gratuitement formés, conseillés, mentorés par des dirigeants d’entreprises, des associations et accompagnés par des services publics. Ensuite, c’est qu’on puisse tester ici à Marseille, le déploiement d’une belle et grande idée qui est le capital «jeunes créateurs »: concrètement, il s’agit d’offrir à tous les jeunes qui justifieront d’un projet sérieux, un accompagnement et une dotation plusieurs milliers d’euros pour leur permettre de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. »
Dans le but de rendre la création d’entreprises plus accessible dans les quartiers populaires de Marseille, l’État a lancé un appel à projets pour sélectionner trois carrefours de l’entrepreneuriat. Les résultats, annoncés en février 2022, ont officiellement lancé le dispositif. Au lieu de trois lieux, cinq carrefours ont été choisis : Synergie Family a donné naissance à l’entité « Le Spot » (14e), Le Carburateur a lancé un carrefour éponyme (15e), La Friche Belle de Mai a créé une structure dédiée aux transitions « Le Transforama » (3e), la chambre de commerce et d’industrie (CCI AMP) a implanté son guichet « Instinct Biz’ » (6e) dans le centre-ville. Un petit bus de l’entrepreneuriat itinérant lancé par le groupe SOS s’est enfin greffé au projet pour toucher les jeunes les plus éloignés.
Selon les chiffres de la Préfecture de région diffusés fin mai, les carrefours ont accueilli 2 385 jeunes alors que l’État s’était donc fixé 4 000 jeunes à accompagner. L’objectif est donc réalisé à 29% (au lieu de 50%). La prime capital jeune créateur a été versée à 281 entrepreneurs, soit 28% de l’objectif final (1 000). Laurent Carrié, le préfet délégué au plan Marseille en grand affirme jeudi 22 juin 2023 que 532 entreprises ont été créées et que 800 le seront dans les prochains mois.
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Le grand port Marseille-Lyon (8/20)
Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 : « Le lien entre le port et l’hinterland européen fera l’objet d’aménagements nouveaux et d’investissements exceptionnels. J’en prends ici l’engagement. Surtout, Marseille doit devenir la tête de pont de l’axe Rhône-Saône. (…) La transformation du port maritime en un grand port fluvio-maritime allant de Marseille à Lyon doit se faire, conservant son siège à Marseille, à travers une concertation avec les équipes de Lyon, permettra de lancer une infrastructure intégrée nouvelle. »
Le CCIL (Comité de coordination inter-logistique) s’est réuni pour la première fois très récemment, fin mai 2023. Ce comité qui rassemble les ports maritimes, fluviaux, les CCI, les régions et les préfectures de l’axe Méditerranée-Rhône-Saône a acté plusieurs avancées pour développer les liens entre les ports fluviaux du Rhône (Valence, Lyon, Avignon…) et les ports maritimes (Marseille, Toulon et Sète).
La plus notable est la digitalisation de l’axe avec le déploiement du logiciel CI5 développé par Marseille Gyptis International (MGI) pour devenir « une communauté digitale portuaire unique » et accélérer sur le développement du fluvial en France. A Lyon, les deux terminaux à conteneurs devraient également fusionner pour « avoir un seul acteur et donc fluidifier le trafic » et aussi pour « créer une zone de stockage à conteneurs pour l’import et l’export », nous expliquait Léa Loriquet-Ventura, la présidente de l’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos (UMF). Si ce déploiement est estimé à un coût de 800 000 euros, dont 200 000 euros seront pris en charge par le port de Marseille (GPMM) dont indirectement par l’État, « les investissements exceptionnels » dont parlait Emmanuel Macron n’ont pas été réalisés. La nouvelle infrastructure globale pour développer « un grand port fluvio-maritime » n’a pas non plus été créée. L’élection de l’ancien ministre et macroniste de la première heure, Christophe Castaner, à la présidence du conseil de surveillance port n’a pas permis d’accélérer.
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Sécurité (11/20)
Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 : « Si je regarde les chiffres en toute honnêteté, ces dernières années, la délinquance a baissé […] les chiffres sont bons et ils s’améliorent. Mais il y a une criminalité de plus en plus violente qui est largement liée au trafic de drogue. Il n’y a pas de fatalité face à cela. »
Pour lutter contre la criminalité à Marseille, Emmanuel Macron a fait de nombreuses promesses, à commencer par l’annonce de l’envoi de 300 policiers entre 2021 et 2022. La promesse a été tenue et 300 policiers sont venus en renfort des effectifs. Sur le déploiement de 500 caméras de vidéosurveillance « dans les zones où il y en a besoin », on en est encore loin. Il a fallu déjà dépasser l’opposition de la majorité municipale, qui militait contre ce projet. Finalement, en octobre dernier, la préfète de police Frédérique Camilleri et le maire de Marseille Benoît Payan ont acté l’installation d’une cinquantaine de caméras de vidéos surveillance dans les quartiers Nord. Ces 55 caméras s’ajoutent au 1600 gérées au niveau de la mairie, auxquelles a désormais aussi accès la police nationale, grâce à un accord entre la Ville de Marseille et la Préfecture.
Concernant la création d’un nouvel hôtel de police pour remplacer l’actuel Evêché, le préfet délégué au plan Marseille en grand Laurent Carrié a annoncé jeudi 22 juin qu’un marché public avait été lancé pour sa construction. Le nouvel hôtel de police sera livré d’ici à 2027 avance le préfet. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a lancé en 2021 le chantier d’un nouveau commissariat dans le 13/14, comme promis par le Président. En matière de lutte contre le trafic de stupéfiants, l’Elysée se réjouit que « 40 points de deal » aient été démantelés depuis le début de l’année. Cependant, les chiffres relevés par le ministère de l’Intérieur lui-même tempère ces affirmations : entre 2021 et 2022, le nombre de délits rien qu’en matière de trafics de stupéfiants est passé de 2927 à 3162. Depuis le mois de janvier 2023, le nombre de meurtres et de tentatives de meurtres dépasse les 150. Marseille est la ville la plus touchée en France avec déjà 21 morts depuis le début de l’année.
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Santé (13/20)
Emmanuel Macron le 2 septembre 2021 : « L’APHM, évidemment, est un acteur clé pour former, sensibiliser, appuyer l’organisation de l’offre de soins. Je l’ai dit tout à l’heure à la Timone, l’Etat est au rendez-vous du soutien dû à cette grande institution, d’une part, parce que nous avons, avec le Ségur, allégé la dette pour 233 millions d’euros. D’autre part, parce que 169 millions d’euros, la moitié de l’investissement total, sont sur la table pour les réhabilitations de la Timone, de l’Hôpital Nord et les constructions du nouveau bâtiment du SAMU. » (…) « J’ai aussi décidé de faire plus encore en mobilisant 50 millions d’euros supplémentaires pour le pôle mère-Enfant et en apportant notre soutien à la réalisation d’une Maison des Femmes. »
Le rapport publié en janvier 2023 par la cour régionale des comptes fait état d’une situation toujours critique au sein de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille. L’institution a été fortement marquée par la crise du covid-19, qui a retardé la réalisation de son plan de modernisation. La dette de l’APHM reste abyssale – 900 millions d’euros – malgré l’aide financière de l’Etat finalement chiffrée à 239 millions. La situation s’est tout de même améliorée, notent la Chambre régionale des comptes et le directeur de l’APHM François Crémieux, arrivé en 2021, se réjouissait dans les colonnes de Gomet’ d’un retour à une situation « presque à l’équilibre. » Il ne nie pas cependant que « la trajectoire financière de l’APHM reste difficile. »
Concernant le nouveau bâtiment du Samu, qui entre dans le plan de modernisation, les travaux sont aujourd’hui engagés. La Maison des femmes annoncée par Emmanuel Macron a également été lancée : actuellement localisée à la Conception, elle intègrera des locaux neufs rue Saint-Pierre, qui ouvriront leurs portes fin 2023. Reste encore la rénovation du pôle Parents-Enfants de la Timone, pour lequel le recrutement des architectes devrait être lancé en septembre prochain.
Enfin, l’APHM, aidée par l’Etat, a pu accroître le nombre de structures de santé dans les quartiers Nord. Cinq nouveaux centre de santé de proximité devraient ouvrir leurs portes, notamment aux Flamants dès cet été, en plus de sept structures déjà existantes.
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> Modernisation de l’APHM : “Une course contre la montre (F. Crémieux)
> La Maison des femmes de la rue Saint-Pierre ouvrira ses portes fin 2023
L’animation citoyenne (5/20)
Emmanuel Macron le 2 septembre au Pharo : « Ce n’est pas le plan de Paris, cela ne fonctionne jamais. Cela doit être l’ambition des Marseillaises et des Marseillais et c’est pour cela qu’à partir des grands axes que je viens de définir, je souhaite qu’une grande consultation soit lancée auprès de tous pour penser ce Marseille en grand et décliner les opérations concrètes. Je l’ai évoqué pour l’entrepreneuriat et l’accompagnement économique. Sur tous les axes, nous devons construire une consultation massive et la plus large d’ici à la fin de l’année. Ce pilotage du Marseille en Grand doit être fait par l’État, les collectivités, les entreprises et les associations. Parce que tout le monde doit avoir le droit de dire et de proposer et ensuite, dans la durée, de suivre, de contrôler et je souhaite aussi que toutes les initiatives concrètes puissent remonter. Associer d’abord ».
Fidèle à son envie de faire de Marseille un laboratoire, Emmanuel Macron a souhaité accompagner le Marseille en grand d’une vaste concertation, une consultation massive. Une ambition confirmée quelques mois plus tard par la ministre de la Ville de l’époque, Nadia Haï. Il manque à Marseille « une structure de concertation citoyenne » déclare-telle vendredi 3 décembre 2021 alors qu’elle assiste au lancement d’une préfiguration du comité de pilotage « Dialogue citoyen Marseille », une instance commandée par l’État. Depuis il ne s’est quasiment rien passé en la matière malgré la présence du préfet délégué, Laurent Carrié, chargé de l’animation du plan, celui-ci étant plus mobilisé par l’accompagnement des très nombreux déplacements ministériels et dans la présence auprès des acteurs institutionnels locaux. Ce dernier, arrivé en octobre 2021 dans la cité phocéenne, n’a d’ailleurs jamais répondu à nos sollicitations d’interview renvoyant à la parole des ministres pour des nouvelles fraîches de Marseille en grand. Un bel exemple de “verticalisation” du pouvoir. On peut faire beaucoup mieux pour « associer d’abord » le territoire.
La gouvernance territoriale (11/20)
Emmanuel Macron le 2 septembre au Pharo : « Je suis même prêt à ce qu’on fasse davantage et qu’on monte la part de contribution de l’Etat sur les projets de transports qui sont structurants pour désenclaver les quartiers nord et permettre de lier le nord au sud. Mais à une condition claire, c’est que cet effort majeur de la nation ne se disperse pas en redistributions inutiles, en compensation diverses, en paiement de fonctionnement indus, mais qu’il garantisse des réalisations concrètes utiles aux déplacements de tous. Pour ce faire, la Métropole doit faire évoluer sa gouvernance en s’affirmant comme l’opérateur des politiques de transports dans un cadre institutionnel revisité. C’est une condition indispensable et c’est une condition préalable. »
Le président de la République lorsqu’il lance son ambition depuis la pelouse du Pharo, devant plusieurs centaines de décideurs publics et privés ne fait pas dans la langue de bois. tant à l’adresse de Martine Vassal, la présidente de la Métropole que du maire de Marseille. « Je sais, Madame la Présidente, que c’est l’esprit qui est le vôtre. Vous êtes aussi l’héritière, comme vous l’avez dit, Monsieur le Maire, pour ce qui est de votre situation. Je pense qu’il faut la changer maintenant. Parce que si on ne la change pas maintenant, tout ce que je vous annonce, ce seront des annonces dont on dira “Vous ne l’avez pas fait” et je n’y serai pas pour grand-chose. J’aime pouvoir rendre compte de ce que je dis, donc j’aurai la même exigence. »
Dix mois plus tard, une nouvelle gouvernance métropolitaine a été mise en place avec notamment l’arrêt des conseils de territoire qui était de toutes façons planifié dans la loi. Un premier pacte financier a été adopté mais le balisage des années suivantes reste à faire. A la Ville de Marseille, les difficultés demeurent en matière d’organisation, notamment dans les écoles. Et les « chicayas locaux qui bloquent les avancées » politiques que regrettaient le président resurgissent. L’acte 2 peut-il contribuer à mieux dépasser les travers d’un territoire qui aime résister aux injonctions de Paris ? Emmanuel Macron va proposer sa nouvelle copie.
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Retrouvez l’intégralité du discours Marseille en grand du 2 septembre 2021