La crise sanitaire a plus que jamais mis en avant la nécessité de réformer le système de santé. C’est pourquoi le Premier ministre Edouard Philippe a lancé lundi 25 mai le très attendu « Ségur de la santé », du nom de l’avenue où se situe le ministère des Solidarités et de la Santé à Paris. Une concertation qui doit aboutir à des mesures d’ici juillet 2020. Si le timing est serré, le Premier ministre justifie cette date par « une demande forte des soignants qui exige d’aller vite».
« On ne répondra pas à la crise sanitaire par des demi-mesures mais par des choix forts et assurés », a martelé d’un ton grave Edouard Philippe. Sans remettre en cause les mesures prises lors des deux précédents plans santé du gouvernement, il a estimé qu’il ne fallait « pas changer de cap, mais changer de rythme ». Pour faire vite et bien, le chef du gouvernement a dégagé cinq enjeux clé qui devront guider les sept semaines de concertation à venir, coordonnées par l’ex-secrétaire générale de la CFDT Nicole Notat.
1. « Une revalorisation significative » de la rémunération des soignants
L’un des axes majeur de la réforme du système de santé sera de témoigner de la reconnaissance envers les soignants. Cela passe, pour le Premier ministre, par « une revalorisation significative » des rémunérations des soignants, mais également par une attention particulière portée à la question du temps de travail « qui ne sera plus un tabou ». Sur ce point, le maître-mot devra être le « pragmatisme », afin de « lever les contraintes de toute nature » qui pèsent sur l’hôpital, notamment par l’assouplissement de la règle des 35 heures à l’hôpital pour permettre aux soignants d’organiser leur temps de travail comme ils l’entendent.
2. Un plan d’aide massif à l’investissement
Edouard Philippe a annoncé des mesures financières pour soutenir le système hospitalier : d’une part, la reprise d’un tiers de la dette de l’Hôpital, soit environ 10 milliard d’euros ; d’autre part, un plan massif d’aide à l’investissement dédié en partie aux investissements territoriaux entre villes, hôpital, et secteur médico-social, ou encore entre le public et le privé. Avec un objectif : « accélérer les projets, les ancrer dans besoins réels des territoires et aider les hôpitaux dans leur démarche d’investissement ».
Autre point épineux de la réforme, la réduction à 50% de la T2A, ou tarification à l’activité. Ce mode de financement des établissement de santé lancé en 2004 consiste à calculer les ressources d’un hôpital en fonction d’une mesure de son activité produite et d’une estimation de ses recettes. Un système qui, pour Edouard Philippe, « a montré ses limites » et devra être complété par un système « plus intelligent, plus respectueux de la qualité des soins ».
3. « Lever les freins à la réforme du système de santé »
Avènement de la télémédecine, affranchissement de certaines procédures … «La crise a permis la matérialisation d’un choc de simplification maintes fois espéré», a reconnu le Premier ministre. Pour cela, Edouard Philippe entend non pas remettre en cause les règles de gouvernance établie dans le système de santé, mais faire évoluer les modes de management. « Ce qui a fonctionné pendant la crise est un mode de management efficace, qui responsabilise chacun, avec de vraies possibilités d’agir », a-t-il analysé.
4. Bâtir un système fondé sur la collaboration hôpital, médecine de ville et médico-social
Le gouvernement souhaite pérenniser la collaboration observée pendant la crise sanitaire en « bâtissant une nouvelle organisation du système de santé qui intégrerait l’hôpital, la médecine de ville et le médico-social». Edouard Philippe espère notamment couvrir tout le territoire avec des Communautés professionnelles territoriales de santé (les CPTS, un mode d’organisation qui permet aux professionnels de santé de se regrouper sur un même territoire, autour d’un projet médical et médico-social commun) d’ici un an grâce à cette collaboration.
5. Miser sur le numérique
A maintes reprises lors de son allocution, le Premier ministre s’est félicité de l’accélération de la télémedecine pendant la crise. La réforme du système de santé devra donc s’orienter davantage vers le numérique. Le gouvernement souhaite par ailleurs mieux exploiter les données des patients : «il faut que les hôpitaux les partagent plus, avec toutes les règles de sécurité évidentes en la matière », a assuré Edouard Philippe.
Ce dernier a également affirmé son souhait de mettre en place rapidement l’espace de santé numérique, normalement prévu pour janvier 2022. « S’il avait été en service, il aurait sans doute grandement facilité le suivi des patients à domicile et des données permettant d’améliorer la connaissance de la maladie », a déploré le chef du gouvernement
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