La société de Service d’assainissement Marseille Métropole, la Seramm, filiale du groupe Suez, est particulièrement mobilisée pendant cette période de confinement. Malgré les conditions difficiles, ses équipes continuent d’intervenir en groupe restreint sur le réseau d’assainissement en priorisant les interventions les plus urgentes. Le directeur de la Seramm, Yves Fagherazzi, raconte à Gomet’ comment l’entreprise s’est adaptée.
Comment la Seramm a-t-elle adapté le travail de ses équipes pour les protéger du virus ?
Yves Fagherazzi : Nous avons enclenché notre plan de continuité d’activité dès le lendemain de l’annonce du confinement, le 17 mars. Dès que c’est possible, on demande aux salariés de faire du télétravail. Aujourd’hui, ce sont 90 personnes qui travaillent depuis leur domicile. Seulement, nous avons une activité qui se traduit essentiellement par des interventions sur le terrain. La Seramm gère les réseaux d’assainissement des villes ainsi que celui des eaux pluviales. Ça nécessite une action technique inévitable. La grande majorité de nos salariés sont donc toujours mobilisés pour travailler sur le terrain. On mobilise environ une centaine de salariés tous les jours pour assurer le service sur le terrain. Mais pour éviter de répandre les contaminations entre les équipes, on les change tous les jours. La Seramm emploie en tout 430 personnes et on garde en permanence 240 collaborateurs mobilisables pour les urgences.
Concrètement, quelles sont les opérations réalisées par l’entreprise en ce moment ?
Yves Fagherazzi : Nous devons prioriser certaines interventions. On arbitre sur les chantiers qui vont le plus impacter les réseaux pendant la période de confinement. On répond à toutes les urgences : un égout qui se bouche, un problème de fonctionnement sur une station d’épuration… On fait aussi du curage et du nettoyage préventif sur les collecteurs. Il faut anticiper les travaux de maintenance du réseau pour éviter d’avoir à réagir à la dernière minute. Si on laisse trainer certains problèmes, on se retrouvera obliger de mobiliser plus de monde que prévu sur un même chantier avec les risques que cela implique.
Certaines interventions sont-elles risquées pour vos équipes à cause du Covid-19 ?
Yves Fagherazzi : On a supprimé les activités de nettoyage au karcher car cela disperse beaucoup de molécules d’eau. Aujourd’hui, très clairement, on ne sait pas si le virus ne se trouve pas dans les eaux usées. Il y a des études en cours mais sans conclusions claires. La population n’est pas en contact des eaux usées donc elle ne court pas de risque. Mais nous, potentiellement, oui donc on évite de prendre le moindre risque.
En quoi le travail de la Seramm est-il indispensable pendant le confinement ?
Yves Fagherazzi : Nous gérons l’ensemble des réseaux d’assainissement de la ville, le réseau des égouts. La ville et la cité ne pourraient pas fonctionner sans nous. Si nous n’assurions pas quotidiennement le traitement des eaux usées, cela pourrait même amener d’autres problèmes sanitaires. Ce n’est vraiment pas le moment d’en rajouter. Nos équipes sont fiers de leur travail même si il reste bien souvent invisible, il est indispensable à la vie quotidienne des citoyens.
La crise du coronavirus impacte-t-elle financièrement la Seramm ?
Yves Fagherazzi : Cela reste limité mais il y aura très certainement une baisse du chiffre. Sur la région, on anticipe une baisse de 10% de l’activité mais il est encore trop tôt pour avoir des chiffres précis. Et surtout, ce n’est rien comparé à d’autres entreprises, notamment les commerces et le tourisme.
Les volumes d’eaux usées à traiter sont-ils en baisse ?
Yves Fagherazzi : Ils restent globalement stables. On note une petite baisse de 5% depuis quelques jours mais ce n’est pas significatif comme variation. En fait, les volumes ont baissé à la suite de la fermeture des entreprises notamment industrielles mais elle est compensée par l’augmentation de la consommation des habitants confinés chez eux.
Comment va se passer la sortie du confinement pour la Seramm ?
Yves Fagherazzi : Cela va être sportif. Il faudra rattraper tous les chantiers qui ont été repoussés pendant les six semaines de confinement (entretien réalisé le 3 avril dernier avant l’annonce du prolongement du confinement jusqu’au 11 mai, NDLR) et ce en un temps extrêmement court. On va devoir mobiliser tout le monde pour rattraper ce retard. On devra peut-être même faire appel à des personnes supplémentaires pour répondre au défi de la reprise et laisser derrière nous ce triste épisode.
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