Lors de son discours à la Sorbonne devant les recteurs la semaine dernière (lire notre article précédennt), le président de la République a esquissé les grandes lignes d’une réforme « copernicienne » de l’Education nationale. Il a spécifiquement ciblé les lycées professionnels en annonçant la création d’un nouveau ministère au Travail et à la formation professionnelle, sous tutelle du ministère du Travail et du ministère de l’Education nationale, mais aussi une formation composée à 50% de stages dans la voie professionnelle, ainsi qu’un renouvellement de la carte des formations en fonction des besoins des territoires. L’objectif affiché de l’exécutif est de mieux orienter les jeunes, en particulier vers les filières en tensions.
Pourtant, les syndicats, la CGT Educ’action 13 en tête, s’inquiètent de cette réforme annoncée et dénonce au passage ce qui pourrait être un travail déguisé des mineurs : « ce sont des gamins qui ont entre 14 et 16 ans. Cette réduction de l’enseignement général risque de les priver d’une formation citoyenne complète et de les détourner des études supérieures », pointe Magali Hidalgo.
Le recteur Bernard Beignier souligne, lors de sa conférence de rentrée (lire par ailleurs) au contraire, l’importance accordée en France à l’enseignement général par rapport aux autres pays. Mais pour le recteur, il faut se rendre à l’évidence : « certaines formations en France qui sont très demandées ne permettent pas de s’insérer sur le marché du travail. Or, il est de notre responsabilité de ne pas laisser les jeunes se retrouver avec des diplômes qui ne vont leur servir à rien. »
S’il est plutôt question de mutation pour les filières en question – le recteur cite en exemple la chaudronnerie ou encore la reliure -, la fermeture totale n’est pas encore à l’ordre du jour, afin de « préserver un savoir-faire ».
Quant à revoir la carte des formations, « il s’agit de savoir quels seront les besoins du territoire dans les années à venir. C’est le sujet sur lequel nous devons plancher avec les services de la Région (compétente en matière de lycées, ndlr). En novembre, nous ferons intervenir les services régionaux et Pôle Emploi pour effectuer un diagnostic économique de notre territoire », note Laurent Noé, secrétaire général de la région académique Provence-Alpes-Côte d’azur, qui recoupe les académies d’Aix-Marseille et de Nice.
C’est à nous d’aller chercher les élèves
Bernard Beignier
« Nous voulons être capable de dire que dans tel département, nous avons toutes les formations pour former dans tel domaine, quitte à inciter les élèves à être davantage mobiles au sein de la région. Egalement, nous souhaitons que la formation deviennent plus accessible : il y a ainsi très peu de lycées professionnels dans les quartiers Nord de Marseille, en comparaison avec le centre-ville et le sud. C’est à nous d’aller chercher les élèves » ajoute Bernard Beignier, qui possède également la casquette de recteur de la région académique. Cette réforme qui rappelle celle qui a été lancée dans la formation profressionnelle ces dernières années ne devrait donc être effective qu’à partir de la rentrée 2023.