Transports, écoles, sécurité, biodiversité… Le programme d’Emmanuel Macron pour ses trois jours à Marseille s’annonce chargé. Il est attendu comme le messie par la classe politique locale qui espèrent voir les milliards pleuvoir sur la ville. Le maire de Marseille Benoît Payan compte tout d’abord sur un « soutien conséquent de l’Etat » pour rénover les 472 écoles de la municipalité.
Un soutien au grand plan écoles de la Ville de Marseille
Au micro de la matinale de BFMTV le 31 août, il rappelle leur état catastrophique « avec des rats dans les classes et de l’amiante dans certaines infirmeries ». Aussi, l’édile promet un grand chantier de 1,2 milliard d’euros pour rénover les écoles marseillaises dans lequel l’Etat devrait apporter « une partie de l’enveloppe », indique-t-il sans préciser le montant de la participation exacte. « La plus grande opération de rénovation foncière du pays », selon Benoît Payan, devrait être portée par un établissement public dédié « à l’image de la SPLA-IN qui a été créée pour lutter contre l’habitat indigne », confie la première adjointe Michèle Rubirola interrogée par Gomet’. « C’est ce qui se dessine », confirme la députée LREM de la 5ème circonscription des Bouches-du-Rhône Cathy Racon-Bouzon. Pour son homologue de la 2ème circonscription, Claire Pitollat, « la rénovation des bâtiments, c’est bien mais ça ne suffit pas. Il faut aussi régler le problème des grèves à répétition, du manque de personnel… », estime-t-elle.
Le lancement d’un établissement public des transports métropolitains
Du côté de la Métropole, Emmanuel Macron est surtout attendu sur le dossier des transports. « J’attends avec impatience ses annonces sur l’attractivité et la mobilité qui demeurent le plus grand défi de notre territoire », commente la présidente d’Aix-Marseille Provence Martine Vassal. Ici encore, un établissement public associant Etat et collectivités doit être annoncé pour porter les projets. « Une structure qui rassemble tous les participants me semble une bonne solution pour avancer », selon Jean-Pierre Serrus, le maire LREM de La Roque d’Anthéron et ancien vice-président mobilité de la Métropole. Reste à connaître les moyens mis en œuvre par l’Etat : « Pour le moment, nous n’avons pas les détails et j’attends de voir ce que le Président va exactement nous dire », souligne-t-il. Si la compétence des transports appartient à la Métropole, le maire de Marseille espère également beaucoup des engagements du Président de la République dans le domaine. Une extension du métro par exemple : « Il n’existe que deux lignes pour une ville qui fait deux fois et demi la taille de Paris (…) Rien ne s’est fait depuis un demi siècle alors que certains quartiers restent inaccessibles. L’Etat ne peut pas faire comme si ça n’existait pas », lâche-t-il. Et Jean-Pierre Serrus d’élargir le problème à l’ensemble de la métropole : « C’est la qualité de vie de tous les habitants qui est dégradée par le manque de transports à Marseille comme dans tout le territoire. On est en déficit de moyens lourds mais aussi d’intermodalité pour une desserte plus fine. Il faut une approche globale y intégrant aussi les modes doux », explique-t-il.
La déclaration de Martine Vassal : « La visite du Président de la République est un nouvel espoir pour notre territoire ! »
« Le déplacement du Président de la République à Marseille devrait se concrétiser par un geste fort de l’Etat pour les habitants de notre territoire. Sa venue est une très bonne nouvelle après les longs mois difficiles marqués par la crise sanitaire et les difficultés économiques que nous venons de traverser. C’est une visite porteuse d’un nouvel espoir pour notre territoire. L’autre bonne nouvelle, c’est que nous espérons pouvoir accélérer nos projets.
J’attends avec impatience ses annonces sur l’attractivité et la mobilité qui demeurent le plus grand défi de notre territoire et ma première priorité en tant que Présidente de la Métropole. Nous avons besoin d’un grand pas en avant pour développer encore notre réseau de transports, afin de faciliter la vie quotidienne de chacun et améliorer notre cadre de vie en réduisant l’impact de nos déplacements sur notre environnement.
J’espère que cette visite sera l’occasion de repenser notre destin commun et d’ajuster les missions de la Métropole autour de projets structurants forts. En somme, aller vers la Métropole de projets que je porte depuis toujours aux côtés des maires et des élus du territoire. Une Métropole stratégique qui permettra de développer le territoire sur le plan économique, sur le plan environnemental, en matière d’aménagement du territoire et pour développer encore les transports en commun. Notre Métropole pourra alors s’affirmer comme un territoire attractif du XXIème siècle qui rayonnera en France, en Europe et sur le bassin méditerranéen. »
Plus de justice et de santé pour les quartiers nord
Après les règlements de comptes qui ont fait plusieurs morts cet été à Marseille, le Président de la République doit également apporter des réponses sur la sécurité. En février dernier, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a annoncé un renfort de 300 policiers. « J’en ai vu arriver une centaine, il va en falloir d’autres (…) Il manque au total 800 policiers à Marseille », avance Benoît Payan. Mais le maire de Marseille réclame surtout des cadres de la police « pour aller là où il y a de l’argent sale blanchi. Il nous faut aussi des magistrats. Ça ne marche pas de lutter contre des mafias, des cartels avec des policiers en tenue », insiste-t-il. Sa première adjointe Michèle Rubirola estime que l’insécurité dans les quartiers nord résulte « surtout de leur isolement, sur le plan économique, de la mobilité et même sanitaire ».
Celle qui est également présidente du conseil d’administration de l’assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) déplore le faible taux de vaccination dans les quartiers les plus défavorisés de la ville. Elle demande ainsi à l’Etat une aide sonnante et trébuchante pour financer des centres médicaux de proximité dans ces territoires « où il est de plus en plus difficile de trouver des médecins libéraux ». Pour l’heure, aucune visite présidentielle dans les hôpitaux n’est inscrite au programme mais Michèle Rubirola « espère bien qu’il viendra. Je me tiens à sa disposition au cas où ».
L’Etat en juge de paix entre Ville et Métropole
Si la plupart des élus s’accordent à dire que les moyens promis par l’Etat sont exceptionnels, certains restent méfiants sur la concrétisation des projets. « A Marseille, on a l’impression que les objets nationaux s’évaporent », critique le député Saïd Ahamada. Dernier en date, la SPLA-IN sur le logement annoncé au lendemain de l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne en 2018. Un nouvel outil sur lequel sa collègue Claire Pitollat se montre particulièrement sceptique pour le moment : « On s’est pris un an dans la vue juste pour savoir quels élus on allait y mettre », déplore-t-elle. Si l’Elysée refuse de parler de mise sous tutelle, les marcheurs n’hésitent pas à mettre la pression sur les collectivités : « A partir du moment où on met des moyens si importants, il faut que les collectivités acceptent de rendre des comptes », estime Claire Pitollat. Pour Michèle Rubirola, le coupable est tout désigné : « un travail de collaboration très difficile avec la Métropole ». Pour éviter le blocage politique qui oppose les deux grandes institutions du territoire, Saïd Ahamada juge donc « que l’Etat est bien placé pour jouer les juges de paix ».
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