« Ce n’est pas tant le choix de la personne qui a surpris, mais plutôt l’annonce. Le maire en parlait, mais on a tous été surpris de la rapidité… » C’est ce que l’on pouvait entendre ce jeudi 7 septembre au Cercle des nageurs, en marge de la conférence de presse consacrée au « Village corse », qui s’installera à la Foire de Marseille. Entre une Orezza et un produit typique, impossible de ne pas commenter l’annonce qui agite toute la classe politique marseillaise depuis deux jours. Celle de Jean-Claude Gaudin de désigner ses successeurs : Bruno Gilles à la mairie de Marseille et Martine Vassal à la tête de la Métropole Aix-Marseille Provence. « C’est sûr qu’Yves Moraine doit être un peu déçu, surtout qu’il ne démérite pas et qu’il a fait une excellente campagne des législatives, souligne un élu du 6/8e arr. Mais Bruno Gilles… On ne peut pas contester ce choix. C’est un personnage. Il saura relever le défi ».
Jean Roatta, adjoint au maire, délégué aux relations internationales et ami personnel de Bruno Gilles, estime, lui aussi que « c’est tout à fait légitime ». « Les anciens », comme il dit, ont toujours dit qu’ils partiraient en même temps que le maire, laissant ainsi place à une nouvelle génération. « Bruno Gilles l’incarne, selon lui, et il a fait ses preuves. Les réactions ont parfois été négatives mais ce n’est pas justifiées. Parfois je pense qu’il vaut mieux se taire », tacle l’élu, en se référent aux propos de Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. « Dans la vie politique, Bruno Gilles fait partie des hommes qui réussissent et qui gagnent. Et vous savez, l’association de la jeunesse et de l’expérience sont de bon usage. »
Une relève qui semble visiblement convenir au président de l’Union des maires des Bouches-du-Rhône, Georges Cristiani qui a rendu hommage à « l’élégance et à la grandeur de Jean-Claude Gaudin ». Pour Georges Cristiani, par ce geste, le maire de Marseille à « prouver, une nouvelle fois, combien il aime sa ville ». Lui qui avait, par ailleurs, appelé de ses vœux à ce que Martine Vassal reprenne les rênes de la Métropole ne peut qu’être satisfait. « C’est une personnalité de très haute compétence, attachée à toutes les communes du département. Je suis persuadé qu’elle saura construire une Métropole partagée avec les communes. Je sais qu’elle agira dans la concertation et dans le respect des maires ».
Jean-Claude Gaudin, seul maître du temps…
Le respect ? C’est justement là, où le bât blesse pour certains élus de la famille Les Républicains. Guy Teissier digère mal avoir été mis devant le fait accompli, même s’il était au courant « par la bande». « C’est choquant et scandaleux. Cette question n’est même pas à l’ordre du jour du prochain bureau politique du parti», exprimait récemment le député dans La Provence.
Autre vive critique : celle de Benoît Payan, président du groupe socialiste au conseil municipal. « Quelle indécence pour une « équipe » aux manettes depuis 22 ans, que de se complaire ainsi dans des calculs d’apothicaire. Marseille mérite mieux que des plans de carrière », attaque-t-il, exhortant le maire à s’occuper « un peu des Marseillais ! A mi-mandat, l’heure n’est pas à la succession mais au travail. Marseille ne doit pas être la capitale européenne de la tambouille, et en matière de démocratie, seuls les Marseillais doivent avoir le dernier mot ». Pas avant 2020 (voire 2021) pour retourner aux urnes. Il reste donc du temps que Bruno Gilles veut mettre à profit pour réfléchir à l’avenir de Marseille justement en 2020, avec Martine Vassal, présidente du Conseil départemental, Renaud Muselier, président de la Région Paca, Yves Moraine, président du groupe, ainsi qu’avec l’ensemble de la majorité municipale. « Ils m’apporteront, je n’en doute pas, tout leur soutien le moment venu, conformément au choix de Jean-Claude Gaudin », exprime Bruno Gilles, qui entend ne pas se dérober. Une décision qui ne peut qu’être « concertée collectivement et doit naturellement être impulsée par le maire de Marseille dans un tempo dont il est le seul maître ».