Créé en 2008, le groupe aixois Tenergie ne cesse de voir son parc de centrales solaires grossir. Il a largement dépassé le millier d’installations dont une part importante chez les agriculteurs. A ce jour, 75% des centrales solaires exploitées par Tenergie sont liées au monde agricole (serres, hangars ou rénovation de toitures de bâtiments agricoles), représentant plus de cent projets en région Sud et plus de 700 en France. Et ce lien va encore être renforcé avec sa nouvelle société spécialisée dans la méthanisation Tenea.
Du solaire à la méthanisation, Tenergie accompagne les agriculteurs
Tenergie s’est associé avec l’entreprise gardoise Homea pour créer en mai dernier Tenea Energies. Détenue à parts presque égales (49% Tenergie et 51% Homéa), la nouvelle structure propose aux agriculteurs de valoriser leur déchets avec une centrale de méthanisation qui produit du biogaz et un fertilisant organique pour leurs exploitations. « C’est une offre parfaitement complémentaire de nos solutions photovoltaïques pour les agriculteurs. Ils s’assurent une production d’énergie verte en continu tout en résolvant le problème du recyclage et de l’amendement des sols », explique à Gomet’ Ludovic Izoird, le vice-président stratégie et innovation de Tenergie. L’opérateur apporte sa base de clients pour développer l’offre de Tenea ainsi que ses compétences en ingénierie financière pour le montage des projets. Tenea Énergies se positionne sur des projets de méthanisation de petite taille. « On propose aux agriculteurs de se regrouper, entre deux et trois exploitants, pour se doter d’unité pouvant traiter un maximum de 15 000 tonnes de déchets par an ». Tout juste lancée, la société n’a pas encore signé de contrats fermes, mais trois dossiers, dont un dans la région Sud, sont « très avancés et devraient prochainement aboutir », annonce Ludovic Izoird. Son objectif est de construire une dizaine de centrales de méthanisation d’ici 2024 pour un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros via la vente d’énergie. Et l’offre de Tenea pourrait aussi l’aider à remporter de nouveaux contrats sur son segment historique du photovoltaïque. Cette nouvelle corde à son arc lui permet également de répondre à des projets plus globaux à l’échelle de parc d’activités ou de collectivités.
Un mix énergétique diversifié
Si le monde agricole représente la majeure partie de son activité, « Tenergie ne cesse de regarder l’ensemble des opportunités de développer les énergies renouvelables », insiste Nicolas Jeuffrain, le président et fondateur de Tenergie. Aussi, en plus des bâtiments agricoles, le groupe exploite également des centrales au sol, une cinquantaine pour une puissance d’environ 300 MW , soit la moitié de sa puissance totale installée (615 MW). Il est également présent dans l’éolien qui représente 20% du mix énergétique de Tenergie. « Même si les projets éoliens sont souvent plus complexes, on espère bien continuer à développer cette énergie », assure Nicolas Jeuffrain. Ce souci de diversifier ses ressources a mené l’entreprise sur la voie de la croissance avec un chiffre d’affaires de 207 millions d’euros en 2020 et une équipe de plus de 140 collaborateurs. Tenergie continue donc de regarder les débouchés les plus prometteurs et se tourne notamment vers les collectivités locales « La volonté des politiques de diversifier leur mix énergétique est réelle et les projets sont en train d’accélérer », avance Ludovic Izoird.
Tenergie se branche aux marchés publics
Fin septembre, Tenergie a remporté un appel à manifestation d’intérêt lancé par la commune de Cabrières d’Avignon. Il implique la production d’énergie renouvelable sur le foncier public et privé, la valorisation de l’énergie produite et le financement de la performance énergétique des bâtiments publics. Au total, plus de 4 hectares seront équipés de panneaux photovoltaïques pour une puissance totale estimée de près de 5 MWc. La production électrique générée sera d’au moins 7,6 Gwh/an, soit la consommation annuelle moyenne d’environ 1 637 foyers. Les revenus générés par les installations photovoltaïques et reversés à la commune permettront de financer la rénovation de onze bâtiments. « Les Villes, les Métropoles, les communautés d’agglomération… Les collectivités sont en train de prendre conscience de la nécessité de la transition énergétique », constate Ludovic Izoird. Résultats, elles multiplient les appels d’offres pour développer le solaire sur leurs territoires et Tenergie entend bien remporter une part de ces nombreux marchés. L’entreprise vient de créer une équipe commerciale entièrement dédiée aux marchés publics. Aujourd’hui, la part des collectivités est modeste avec seulement 15 MW installés, mais « elle devrait grossir dans les années à venir », espère le directeur. Tenergie répond à environ 20 appels d’offres par mois dans tous le pays. « Nous nous positionnons sur tous les dossiers régionaux », précise-t-il. L’entreprise est notamment candidate à l’appel à manifestation d’intérêt de la Région Sud pour équiper une soixantaine de lycées en centrales photovoltaïques. Un contrat très important dont le nom des lauréats devrait être dévoilé dans les prochaines semaines. Pour convaincre les collectivités de développer l’énergie solaire, Tenergie a créé avec Enerplan, Reservoir Sun ou encore CVE le club solaire métropolitain d’Aix-Marseille. « Un outil de lobbying qui nous permet notamment d’expliquer aux élus l’intérêt de favoriser le solaire sur leur foncier », explique Ludovic Izoird. Une démarche d’autant plus importante que Tenergie fait aujourd’hui face à une nouvelle menace : la renégociation des anciens contrats de rachat d’électricité par l’Etat.
Tenergie en première ligne face à la révision des tarifs d’achat d’électricité
En juin dernier, le gouvernement a sorti un projet de décret pour réviser à la baisse les tarifs d’achat de l’électricité produite par certaines installations photovoltaïques. Il concerne les installations de plus de 250 kWc dont les contrats ont été conclus entre juillet 2006 et août 2010. Tenergie en compte plus de 70 sur les 700 installations françaises ciblées par la mesure : « Nous sommes très durement frappés par cette décision avec un peu plus de 10% du total. A l’époque, on a fait beaucoup d’acquisition à des prix importants au regard des revenus futurs prévus par les tarifs fixés par l’Etat. Si on change les règles en cours de route, notre investissement n’a plus la même valeur », s’inquiète Nicolas Jeuffrain. Le patron de Tenergie s’est fortement engagé dans cette bataille pour faire valoir les droits des opérateurs. Avec les professionnels du secteur, il a créé le collectif Solidarités Renouvelables afin de négocier des modifications du projet gouvernemental. « Les baisses de revenus seraient de 50% en moyenne et pourraient aller jusqu’à 95%. Il y a un vrai danger de faillites pour certaines petites sociétés », alerte-t-il. Aussi, l’Etat a prévu une clause de sauvegarde pour les entreprises les plus touchées et Tenergie prépare ses dossiers pour activer cette clause le moment venu et assurer la pérennité des installations touchées. Pour l’instant, la révision tarifaire n’est toujours pas officielle et les opérateurs attendent toujours le décret d’application qui doit être publié par le Conseil d’Etat d’un jour à l’autre. Malgré la menace, Nicolas Jeuffrain reste confiant : « Nous avons su avancer de très bons arguments auprès de l’Etat et de la Commission de régulation de l’énergie. Je pense qu’ils ont su nous écouter d’où la mise en place de nouveaux dispositifs de protection », assure-t-il.
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