Dans le giron de la droite depuis 1995, le sixième secteur est l’un des bastions de la majorité de Jean-Claude Gaudin depuis son arrivée à la tête de la Mairie de Marseille. Dans des 11e et 12e arrondissements (6e secteur) très étendus (47 kilomètres carrés), des collines pittoresques de La Treille au quartier défavorisé d’Air Bel, l’urbanisation galopante et la question des transports sont au cœur du débat municipal. Secteur difficilement classable d’un point de vue sociologique, il sera probablement le théâtre d’une campagne serrée, avec plusieurs listes en capacité de poser de réels problèmes à une droite bien implantée. Élu maire de secteur en 2017 à la faveur du retrait de la députée LR Valérie Boyer, Julien Ravier portera pour la première fois la responsabilité d’une campagne sur ses épaules.
Les Républicains ont accordé leur confiance à Julien Ravier
De 2014 à 2017, Valérie Boyer, porte-parole de la campagne de Martine Vassal, a cumulé les casquettes de député de la première circonscription des Bouches-du-Rhône (qui englobe le 11e arrondissement et une partie du 12e) et de maire du 6e secteur, cette situation ne prenant fin qu’à la faveur de l’entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats. C’est donc naturellement que cette cador de la majorité municipale a imaginé un temps prendre la tête de la liste LR dans le 11-12, avant de décider de laisser les rênes à Julien Ravier, 40 ans, qui fut son attaché parlementaire et directeur de cabinet par le passé. Charge à ce tandem de maintenir l’hégémonie de la droite dans un secteur de Marseille en mutation constante.
En 2014, la liste conduite par Roland Blum – sur laquelle figurait Mme Boyer et M. Ravier – avait largement dominé le scrutin municipal dans le 11-12, en emportant 35,1 % des voix dès le premier tour – et ce malgré la candidature dissidente à droite de Robert Assante (13,4 %), avant de remporter le second tour (46,7 %) dans une triangulaire avec le FN (29,9 %) et le PS (23,4 %). Toutefois, l’étau s’est resserré lors de l’élection législative de 2017, où le candidat LREM Pascal Chamassian est arrivé nettement en tête du premier tour (29,4 %), devançant de 5 points la sortante Valérie Boyer (24,7 %). Toutefois, celle-ci a su inverser la tendance au second tour, en remportant l’élection avec 55,1 % des voix.
Robert Assante et Pascal Chamassian revanchards
Auréolé de son excellent score lors des élections législatives, Pascal Chamassian a logiquement été intronisé par Yvon Berland, candidat à la mairie centrale soutenu par LREM, tête de liste dans le 11-12. Celui-ci, qui fut par le passé conseiller municipal apparenté PS et exerce dans le privé en tant que responsable de la communication chez Orange, a à cœur de faire progresser son score et l’envie de prendre une revanche sur Valérie Boyer.
Pour la deuxième fois consécutive après 2014, Robert Assante présentera une candidature dissidente à droite. Rien de surprenant donc à ce qu’il ait rallié la campagne de Bruno Gilles, candidat DVD ex-LR à la Mairie de Marseille en froid avec la majorité Gaudin-Vassal. Robert Assante fut pourtant un soutien actif de Jean-Claude Gaudin pendant de nombreuses années, avant d’entrer en dissidence lui aussi. Sa candidature présente donc un réel risque de dispersion pour la droite, d’autant plus qu’il fut le maire des 11-12 de 2008 à 2014. De fait, il y conserve un certain capital sympathie.
Un RN ambitieux, le Printemps marseillais et les écologistes en outsiders
Les 11e et 12e arrondissements forment un secteur où prospère le vote RN. Alors que la candidate FN Elisabeth Philippe avait obtenu 25,5 % des voix dès le premier tour des municipales de 2014, Franck Allisio, l’un des plus proches conseillers de Marine Le Pen, avait quant à lui tutoyé les 20% lors des législatives de 2017 (en troisième position). Ce dernier est le candidat qui a été désigné par le RN pour mener campagne dans le 11-12. Dans la configuration possible d’une triangulaire voire d’une quadriangulaire, une mésentente des autres partis pourrait clairement bénéficier à Franck Allisio – à l’instar du scénario qui avait porté Stéphane Ravier à la tête de la mairie du 13-14 en 2014.
Quant au Printemps marseillais, liste de rassemblement de partis (PS, LFI, PS) et mouvements citoyens de gauche, il tentera une percée dans ce secteur qui ne lui est pas traditionnellement acquis. Il revient à Yannick Ohanessian, agent SNCF de profession et membre du Bureau national du PS, de conduire la campagne de cette liste menée par Michèle Rubirola. Toutefois, le Printemps devra compter sur la concurrence de la candidature portée par Jean-Marc Signes, candidat dans ce secteur pour la liste écologiste Debout Marseille ! de Sébastien Barles. Ayant été pendant 10 ans le président du CIQ de Camoins-les-Bains, M. Signes tentera de mettre à profit son implantation de longue date dans le secteur.
Enfin, Pour la liste Marseille avant tout de Samia Ghali, il reviendra à l’avocat François de Cambiaire, 34 ans et novice en politique, d’y mener la campagne.
Saint-Barnabé : Un hôpital qui fait débat
Depuis début 2019, le projet d’hôpital privé à quelques encablures du noyau villageois de Saint-Barnabé s’est transformé en véritable serpent de mer pour la majorité LR. Ce projet, voté en conseil municipal en 2015, prévoit notamment de regrouper les cliniques de Beauregard et Vert Coteau sur le site de l’ancien Collège Louis Armand (en lisière du 12e arrondissement de Marseille), ce qui en ferait le plus gros hôpital privé de France. Soutenu par Julien Ravier, ce projet a fédéré contre lui de nombreux mécontentements citoyens, dont celui de la très farouche opposante Cécile Vignes, présidente du collectif Nos quartiers demain. Ironie de l’histoire, celle-ci a rallié la liste de Bruno Gilles, qui avait lui-même voté en faveur de ce projet.