Tout au nord de Marseille, le 8e secteur de Marseille fait partie de ces quartiers nord où sévit une abstention chronique scrutin après scrutin (50 % en moyenne sur les deux tours lors des dernières élections municipales). En 2014, c’est une Samia Ghali alors sous l’étiquette PS, et tête de liste de Patrick Mennucci dans le secteur, qui avait été élue maire, avant de devoir céder son fauteuil en septembre 2017 à Roger Ruzé, conséquence de l’entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats (elle était également sénatrice des Bouches-du-Rhône, mandat qu’elle occupe actuellement). En mars 2020, elle trouve notamment sur sa route Saïd Ahamada, député LREM des Bouches-du-Rhône, lui qui a arraché cette circonscription à la gauche lors des élections législatives de 2017.
Candidate à la mairie centrale, Samia Ghali sur ses terres
En 2014, l’histoire avait d’abord mal tourné pour Samia Ghali. Engagée dans une primaire pour la candidature PS à la mairie centrale, elle avait été battue par Patrick Mennucci. Elle s’était consolée en conservant la mairie des 15-16, à la tête de laquelle elle se trouvait déjà depuis 2008. Sa liste unitaire de gauche s’était alors largement imposée au second tour face (45 % des voix) face aux listes de droite et d’extrême-droite respectivement emmenées par Arlette Fructus (24%) et Bernard Marandat (21%). Cette année, elle se représentera devant les électeurs sans l’onction du PS, (elle s’est mise en retrait du parti), sur une liste DVG dont elle est la tête dans la course à la mairie centrale. Ainsi, si elle caresse réellement l’ambition d’être élue maire de Marseille, Samia Ghali n’a pas le droit à l’erreur sur ses terres des 15e et 16e arrondissements.
Emmené par Jean-Marc Coppola (PCF), le Printemps marseillais attire les transfuges
Au premier tour de l’élection municipale de 2014, Jean-Marc Coppola avait obtenu 10,8 % des suffrages dans le 15-16. Suffisant pour fusionner au second tour avec la liste de Samia Ghali, et être élu conseiller municipal. Cette année, il se présente en tête de liste du Printemps marseillais, un rassemblement de partis (PS, LFI, PCF) et de citoyens de gauche. A la surprise générale, il pourra compter sur le soutien de la conseillère municipale EELV Lydia Frentzel. Présentée comme tête de la liste écologiste Debout Marseille ! dans le 15-16, elle a finalement choisi de rejoindre la liste de Jean-Marc Coppola le 25 février, deux jours avant la date limite de dépôt des listes en préfecture. Le matin même, Roger Ruzé avait également annoncé qu’il quittait Samia Ghali pour rejoindre le Printemps marseillais. Deux recrues de dernière minute qui pèsent en faveur de Jean-Marc Coppola.
Le député Saïd Ahamada (LREM) vrai-faux outsider dans une circonscription qu’il connaît bien
Il est de notoriété publique que les relations sont tièdes entre Samia Ghali et Saïd Ahamada. Elu en 2017 député LREM de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône – qui englobe le 15-16, ce dernier y a en effet délogé Henri Jibrayel, conseiller municipal PS proche de la sénatrice Ghali. Il y avait vaincu au second tour la candidate RN Sophie Grech avec 58 % des voix. D’origine comorienne, ayant grandi à la cité Felix Pyat (3e arrondissement), Saïd Ahamada fut candidat malheureux à l’investiture LREM à Marseille fin 2019, avant de s’engager en tant que porte-parole de la campagne d’Yvon Berland, le candidat finalement désigné par le mouvement présidentiel. Ce profil charismatique, qui bénéficie de l’aura procurée par son mandat parlementaire, et d’une liste où de nombreuses personnalités des 15-16 sont présentes, incarne une vraie menace pour Samia Ghali dans ce secteur. Et entend incarner un rempart face à un RN ambitieux.
Le Rassemblement national bien enraciné
28% et 30% au premier et second tour de l’élection municipale de 2014 dans le 15-16, 23% et 42% au premier et second tour de l’élection législative 2017 dans la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône : ce sont les scores réalisés par le RN dans ce secteur qui pourrait basculer dans le giron de l’extrême-droite en cas de division des autres listes. En tête lors du premier tour de l’élection législative de 2017 devant Saïd Ahamada, Sophie Grech viendra de nouveau se frotter aux cadors de ces deux arrondissements, alors que son parti y a largement dépassé les 30 % des suffrages aux élections européennes de 2019. Âgée de 34 ans, la tête de liste RN dans le 15-16 est notamment docteure en physique-chimie, sciences des matériaux et nanosciences. Elle réalisera très probablement un score important dans cette partie de la ville désormais en partie acquise à l’électorat frontiste.
Maaskri (LR), Corteggiani (DVD), Soilihi (Debout Marseille !) : les autres prétendants
Dans ce secteur qui n’est pas historiquement acquis à la droite, Martine Vassal, candidate LR à la mairie de Marseille, a décidé de faire confiance à un novice en politique. Il s’agit de l’acteur Moussa Maaskri, qui est notamment apparu dans les films La French ou Taxi 5. Originaire du quartier des Flamants (14e arrondissement), il sera associé à Jazia Kerbadou, 38 ans, qui est actuellement la déléguée LR dans les 15e et 16e arrondissements. A droite également, à la tête de la liste DVD de Bruno Gilles dans le 15-16, Jean-Marc Corteggiani est un politique déjà aguerri dans ce secteur, puisqu’il y est conseiller d’arrondissement LR depuis 2014, en plus de diriger la société Actigest. Enfin, Chahidati Soilihi, militant écologiste novice en politique, a été choisie au pied levé fin février pour pallier le départ surprise de Lydia Frentzel, originellement désignée comme tête de la liste Debout Marseille ! dans ce secteur.