Formant le 2e secteur électoral de Marseille, les 2e et 3e arrondissements sont le théâtre d’une domination sans partage de Lisette Narducci depuis 2001. Avec un taux de pauvreté avoisinant les 54% et un taux de chômage à 30%, le 3e arrondissement comprend des quartiers régulièrement cités parmi les plus pauvres d’Europe. Le 2e arrondissement, avec un taux de pauvreté à 41% et un chômage à 25 %, offre une situation également difficile, bien que visé par des opérations de réaménagement qui peinent à créer une dynamique positive – notamment rue de la République et dans le périmètre d’Euroméditerranée.
Cette fois, Lisette Narducci a choisi Bruno Gilles (DVD)
Au fil des mandats, la maire sortante Lisette Narducci s’est montrée très experte dans l’art d’un “équilibre” politique qui lui a permis de se maintenir à la tête du secteur 2-3 depuis 2001. Elue PS jusqu’en 2012, elle a par la suite adhéré au Parti radical de gauche (PRG), bannière sous laquelle elle a été élue en 2014. Arrivée en deuxième position au premier tour avec 23,8 % des voix derrière la candidate LR Solange Biaggi (24,2 %), elle n’avait pas hésité à se rallier avec cette dernière au second tour pour garder la mairie, quittant ainsi sa tête de liste Patrick Mennucci (PS) pour Jean-Claude Gaudin.
Un accord qui avait été dénoncé par le PRG par la voix de son leader Jean-Michel Baylet. Finalement, la fidélité de Lisette Narducci à la majorité Gaudin-Vassal, n’aura duré que le temps d’un mandat. En effet, candidate à sa réélection dès le mois de mai 2019, elle annonce le 14 janvier 2020 rejoindre la campagne de Bruno Gilles, candidat DVD qui porte une liste de droite dissidente face à Martine Vassal. La stratégie de Mme Narducci entre les deux tours reste donc la grande inconnue de ce scrutin municipal dans les 2-3.
Solange Biaggi (LR) pour une revanche ?
Ainsi, en 2014, Solange Biaggi, leader de la majorité Gaudin dans le 2-3, s’était effacée au profit de Lisette Narducci. Cette année encore, elle repart à la tête d’une liste LR, en binôme avec l’entrepreneur Stéphane Soto. De fait, année après année, elle s’est imposée comme un pilier de la droite marseillaise. Conseillère métropolitaine, conseillère de territoire, vice-présidente du Département, adjointe au Maire de Marseille, Solange Biaggi collectionne les mandats.
Toutefois, l’élue LR se présentera au suffrage des habitants du 2-3 avec quelques doutes. En effet, candidate dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône (qui englobe le 2-3) lors des élections législatives de 2017, elle avait pris une claque, ne terminant qu’en cinquième position du scrutin avec 10,6 % – loin derrière le vainqueur Jean-Luc Mélenchon (LFI) et ses 34,3 %. Ne résidant pas dans le secteur, Solange Biaggi tentera donc de reconquérir l’électorat populaire de ces deux arrondissements.
Benoît Payan, en messager d’un PS renouvelé
Benoît Payan sera incontestablement un vrai challenger pour Lisette Narducci. Dans un secteur historiquement ancré dans le giron du PS, il y sera à la tête de la liste du Printemps marseillais – un rassemblement de partis (PS, LFI, PCF) et de citoyens de gauche. Conseiller municipal PS depuis 2014, Benoît Payan s’est progressivement construit dans l’hémicycle municipal l’image d’opposant n°1 à Jean-Claude Gaudin et sa majorité.
Il entend également incarner un renouveau dans les pratiques du PS à Marseille, dont l’image a été gravement entachée par les affaires de Jean-Noël Guérini. Figure désormais bien identifiée des marseillais, Benoît Payan pourra d’autant plus labourer à gauche que la maire sortante Lisette Narducci est désormais alliée à un candidat de droite, en la personne de Bruno Gilles. Le Printemps marseillais jouera gros dans ces deux arrondissements qui semblent à sa portée.
LREM et les écologistes en outsiders
Face aux poids lourds de ce secteur, la tâche ne sera pas aisée pour les autres prétendants au fauteuil de Lisette Narducci. Yvon Berland, candidat à la mairie centrale soutenu par LREM, a décidé de miser sur le duo Maliza Saïd Soilihi (conseillère municipale issue de la majorité LR) – William Elman-Massari (directeur de la campagne LREM), deux personnalités qui connaissent bien le secteur pour y avoir grandi. Difficile néanmoins de dire s’ils pourront rééditer le bon score de Corinne Versini, candidate LREM arrivée en deuxième position dans la 4e circonscription aux législatives de 2017 derrière Jean-Luc Mélenchon (22,6% des voix au premier tour, 40,1% au second tour).
Quant aux écologistes de la liste Debout Marseille !, ils souffriront probablement de leur très faible assise dans ce secteur de la ville pourtant touché de plein fouet par différentes pollutions atmosphériques. Ils y seront emmenés par la conseillère municipale et métropolitaine EELV Nouriati Djambae. Toujours à gauche, Alain Lhote, avocat, sera le candidat de la liste DVG de Samia Ghali dans ce secteur. Son manque de notoriété en politique pourrait lui être préjudiciable.
La candidature RN de Jeanne Marti en arbitre
Enfin, le secteur 2-3 qui semble résister à la poussée du vote RN constaté partout ailleurs à Marseille. Toutefois, avec 16,5% des suffrages recueillis au premier tour des municipales de 2014, la conseillère municipale RN Jeanne Marti s’était maintenue au second tour dans une triangulaire perdue face à la liste Biaggi-Narducci (19,6 % des voix). Egalement candidate aux législatives de 2017 dans la 4e circonscription, elle n’y a recueilli que 10,9% des suffrages. Toutefois, si elle arrive cette année à dépasser encore une fois les 15%, Jeanne Marti pourrait jouer les arbitres dans une triangulaire incertaine.
Document source : toutes les listes et les colistiers dans le 2e secteur
Lien utile :
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