Fief électoral de Jean-Claude Gaudin depuis ses débuts en politique, le 4e secteur (6e et 8e arrondissements) est au cœur des enjeux de la campagne des municipales de 2020. Souvent assimilés aux quartiers aisés de la ville, ces deux arrondissements n’en présentent pas moins des disparités socio-économiques selon les quartiers, même si le 8e arrondissement reste le plus aisé à l’échelle marseillaise (voir encadré ci-dessous). Avec des habitants qui se mobilisent généralement en masse pour aller voter, ce secteur mettra notamment aux prises les têtes de liste Martine Vassal (LR) et Yvon Berland (LREM).
Le secteur 6-8, des populations aisées et habituées à voter
Les 6e et 8e arrondissements comptent à eux deux environ 124 000 habitants – dont 81 000 pour le seul huitième. C’est dire le poids électoral de ce secteur, sachant que l’abstention y est plus faible qu’à l’échelle de la ville (43 % contre 46 % pour l’ensemble de Marseille lors des élections municipales de 2014). Avec un revenu annuel médian avoisinant les 25 000 € annuels par tête (18 200 € en moyenne pour l’ensemble de la ville), le 8e arrondissement concentre les plus hauts revenus de Marseille (source : INSEE).
Vassal – Berland, malheur au vaincu
Pour Martine Vassal, candidate LR à la mairie de Marseille, se présenter en tête de liste dans le 6-8 constitue autant le choix de la sécurité que de la continuité. Dans ce fief de Jean-Claude Gaudin, remporté par ce dernier dès le premier tour en 2014 avec 50,07 % des voix, la présidente de la Métropole et du Département sera en terrain théoriquement ami. Toutefois, elle n’aura pas le droit à l’erreur, dans une circonscription gagnée par la députée LREM Claire Pitollat lors des législatives de 2017 – bien que la carte de la 2e circonscription ne corresponde pas exactement aux limites du 4e secteur. Pour l’épauler, Martine Vassal s’est adjointe le fidèle Yves Moraine, maire sortant du secteur et chef de la majorité LR au conseil municipal. Avec l’assise historique de son parti sur ces arrondissements, Martine Vassal part favorite. Un sondage publié mardi 11 mars par La Provence la place d’ailleurs largement entête avec 37% des intentions de vote.
Pour Yvon Berland, candidat de la société civile soutenu par LREM, le défi est de taille : il s’agit de défier la droite marseillaise sur ses terres. Une candidature qui a eu le don de faire râler Jean-Claude Gaudin lors de ses vœux à la presse, qui aurait aimé que l’ex-président d’AMU aille voir ailleurs. Toutefois, gagné par la vague LREM lors des législatives de 2017, le secteur 6-8 est probablement le plus LREM-compatible de la ville. C’est sans doute le raisonnement qui a poussé Yvon Berland et ses équipes à se lancer à l’assaut de Martine Vassal. Ce sera à quitte ou double, dans un scrutin qui intéressa de près les observateurs. Pour l’aider dans sa tache, Yvon Berland aura un binôme précieux en la personne de Caroline Pozmentier, adjointe à la sécurité du maire de Marseille passée à LREM.
Olivia Fortin et Ludovic Perney, fortes têtes
Martine Vassal pourrait-elle pâtir de la division de la droite dans les 6-8 ? Cela n’est pas impossible, avec la présence de Ludovic Perney, conseiller régional LR tête de liste dans ce secteur pour Bruno Gilles, candidat DVD dissident de la majorité Gaudin. A 26 ans, le fondateur du groupe de réflexion Marseille avenir entend faire campagne en cassant les codes. Face à des candidats à la mairie centrale dont les objectifs englobent tout Marseille, il entend recentrer le débat sur les besoins des habitants du 6-8. Dernièrement, il s’est signalé en demandant la tenue d’un débat entre les différentes têtes de liste du secteur.
De l’autre côté du spectre politique, le Printemps marseillais fera campagne dans le sillage d’Olivia Fortin, fondatrice du collectif Mad Mars, entrepreneure et issue de la société civile. Créé fin 2018 avec l’idée de faire émerger une liste progressiste, Mad Mars semble avoir trouvé sa place au sein de la liste emmenée par Michèle Rubirola, qui regroupe différents partis (PS, LFI, PCF) et mouvement citoyens de gauche. En 2014, les trois listes de gauche emmenées respectivement par Annie Levy-Moziconacci, André Jollivet et Marie-Françoise Palloix avait additionné 34 % des voix. L’union de la gauche sous la bannière du Printemps marseillais suffira-t-elle à faire basculer ce secteur ancré à droite ? Si tel est le cas, cela passera probablement par des accords de second tour.
Le RN et les écologistes en outsiders
Comme dans tous les secteurs de Marseille, une percée du RN dans le 6-8 n’est pas à exclure. Aux municipales de 2014, Michel Catanéo avait emporté 17,3 % des suffrages pour le parti de Marine Le Pen, suffisant pour qu’il siège au conseil municipal et métropolitain. Pour mener campagne dans le secteur, le RN comptera sur l’expérimenté Bernard Marandat, élu conseiller municipal en 2014 dans le secteur 15-16 avec 30 % des voix au second tour (27 % au premier tour). Cette fois, il devra néanmoins faire campagne dans des arrondissements moins acquis à l’extrême-droite.
Par ailleurs, la liste écologiste Debout Marseille !, menée par la porte-parole d’EELV Paca Christine Juste, pourrait s’inscrire comme une force nouvelle dans l’échiquier politique du 6-8. Non représentés lors de l’élection de 2014, les écologistes tenteront de tirer leur épingle du jeu, alors que les 6e et 8e arrondissements sont directement concernés par des enjeux environnementaux tangibles, notamment en ce qui concerne la Boulevard Urbain Sud, la dépollution de l’usine Legré Mante à La Madrague de Montredon ou encore le Parc national des Calanques.
Enfin, à noter que l’entrepreneur Pierre-Henri Blanc, 34 ans, emmènera dans le 6-8 la liste Marseille avant tout de Samia Ghali.
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