Un peu moins d’un an après les annonces de “Marseille en grand“, le nouveau ministre des Transports, Clément Beaune, était en déplacement dans la métropole Aix-Marseille les 28 et 29 juillet. Première escale en province pour l’ex-conseiller spécial d’Emmanuel Macron, lui qui vient à peine de récupérer les clés du ministère. « Cela fait trois semaines que je suis dans la fonction », souligne-t-il. À Marseille et dans sa métropole, Clément Beaune est surtout venu prendre la température auprès des acteurs locaux, saisir les enjeux des grands projets, et étoffer ses connaissances sur les dossiers en cours. Une manière selon le ministre de « reprendre au mieux le flambeau » de Jean-Baptiste Djebbari, son prédécesseur.
Le programme de Clément Beaune
– Jeudi 28 juillet
• 15h00 : visite du chantier Saint-Charles
• 16h15 : entretien avec Martine Vassal (hors-presse)
• 17h15 : entretien avec Benoît Payan (hors-presse)
• 18h15 : entretien avec Renaud Muselier (hors-presse)
– Vendredi 29 juillet
• 9h30 : visite du siège de CMA CGM et entretien avec Rodolphe Saadé (hors-presse)
• 11h15 : visite des bassins Ouest de Fos-sur-Mer
• 15h00 : visite de la zone de covoiturage de Grans
• 16h00 : visite de la gare de triage de Miramas
À l’occasion de son passage multimodal dans les Bouches-du-Rhône, l’ancien ministre en charge des Affaires européennes a échangé avec les élus locaux et quelques acteurs économiques du territoire. Il promet de « venir régulièrement » pour « suivre au plus près » l’avancée et le financement du volet mobilité de “Marseille en grand” – pour l’heure, 15 chantiers prioritaires sont identifiés. « J’ai la charge de les reprendre en main », appuie l’énarque. Ces projets sont en partie financés par le groupement d’intérêt public (GIP) Transport.
Un contrat État-Métropole à un milliard d’euros (256 millions en subventions et 744 millions en avances remboursables) dont le protocole d’engagement a été signé en décembre dernier par Martine Vassal et Jean Castex, alors Premier ministre. La plus grosse part de cette enveloppe doit payer l’automatisation du métro marseillais, dont le coût est évalué à 500 millions d’euros. Le reste est principalement alloué à la création ou l’extension de quatre lignes de tramway et de cinq BHNS.
Métro Saint-Charles, « déjà une belle réussite » selon Clément Beaune
Clément Beaune est arrivé jeudi en train depuis Paris à la gare Saint-Charles de Marseille. Aux côtés de la double présidente du Département et de la Métropole, Martine Vassal, du néo-député Lionel Royer-Perreaut et du préfet de région Christophe Mirmand, le ministre des Transports troque son masque contre un gilet fluo et un casque. Il entre au cœur du chantier d’extension et de modernisation de la station de métro Saint-Charles, la plus fréquentée du réseau RTM (près de 25 000 entrées par jour). Face à la presse, Clément Beaune souligne « un chantier qui progresse rapidement malgré les difficultés (…) à acquérir certains matériaux et des prix qui augmentent ».
Marseille a manqué d’investissements pendant longtemps.
Clément Beaune
À l’été 2023, « avant la Coupe du monde de rugby », la station de métro Saint-Charles sera équipée d’escalators supplémentaires, de portillons anti-fraude et de quatre ascenseurs, principalement destinées aux personnes à mobilités réduites. Pour assurer cette livraison définitive en temps et en heure, le chantier initié à l’été 2021 tourne sans interruption jour et nuit malgré la chaleur. Le coût total des travaux pilotés par la RTM est estimé à 36 millions d’euros – dont 14 millions sont assurés par le Département. « Marseille a manqué d’investissements pendant longtemps », déplore Clément Beaune. Il promet de « réengager, réinvestir (…) avec la méthode Marseille en grand ».
Interrogé sur la création de la “ligne nouvelle” qui permettra en 2032 de relier à très grande vitesse les gares de Marseille, Toulon et Nice (LNPCA), Clément Beaune temporise. « C’est un projet, sans mauvais jeu de mot, qui est sur les rails », sourit le ministre. Il promet de réfléchir « avec l’ensemble des collectivités » aux financements de cette ambition qui ne fait pas partie de “Marseille en grand”. Pour l’heure, Clément Beaune travaille déjà main dans la main avec la Région Sud et l’Europe. Un montant de 2,6 milliards d’euros, étalés sur dix ans, est d’ailleurs sur la table pour financer la ligne nouvelle – qui en demandera 4 milliards au total – et développer le réseau ferroviaire régional. Les travaux débuteront en 2024. En parallèle, l’État souhaite également aider à financer la création à horizon 2035 d’une gare TGV souterraine à Saint-Charles.
Avec @CBeaune, l’Etat et l’Union européenne, nous allons investir 2,6 milliards d’euros pour favoriser le train en #RegionSud !
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) July 28, 2022
⏭D’ici 2032, sur la Ligne Nouvelle, sur la sauvegarde des petites lignes et avec le contrat de plan Etat-Région, pour la qualité et la décarbonation ! pic.twitter.com/Q0caqAs468
Clément Beaune découvre le dossier chaud du tramway marseillais
À Marseille, Clément Beaune constate les tiraillements entre la Mairie et la Métropole sur le développement des transports en commun. L’extension des lignes de tramway est toujours au cœur des dissensions locales. Comme l’État le réclame, la Ville de Marseille souhaite en priorité désenclaver les quartiers Nord par le Merlan. Mais la Métropole a déjà confié la maîtrise d’ouvrage au groupement Ingérop, Egis Rail, Ilex et Tangram pour la création d’une nouvelle ligne entre l’intersection Rome-préfecture et la place du 4 septembre, dans le quartier des Catalans (7e). Sa mise en service est attendue en 2028.
Quant à la desserte du Nord de Marseille, « c’est une histoire de sept à dix ans », regrette Martine Vassal, qui rappelle la longueur des études de faisabilité, des attributions, des travaux… L’extension du T2 vise à connecter le centre-ville au quartier de la Belle-de-Mai (3e), avant un prolongement vers Saint-Jérôme (13e) en 2030.
On sera extrêmement exigeants là-dessus (…) c’est une priorité de désenclaver les quartiers Nord.
Clément Beaune
Toutefois, une extension en deux temps du T3 vers le 15e arrondissement est également prévue ; à Gèze en 2025, et à La Castellane en 2029. De son côté, Clément Beaune rappelle que « le président de la République a été très clair » sur le désenclavement des quartiers Nord par les transports en commun. « On sera extrêmement exigeants là-dessus (…) c’est une priorité », affirme le ministre, avant de tempérer : « il ne faut pas opposer les projets ». Il s’en porte garant : les premières « dizaines de millions d’euros » du volet transport de “Marseille en grand” arriveront « cet automne ». Martine Vassal est quant à elle sereine : « les choses se font dans les temps pour l’accueil de grands événements ». Dans une interview accordée au journal 20 minutes, elle évoque une probable visite du président Emmanuel Macron à la rentrée pour un nouveau point d’étape.
🚢🏗️ Le ministre des Transports @CBeaune ce midi à bord de l’Helios, navire à propulsion hybride, pour visiter les bassins Ouest de Fos-sur-Mer.
— Gomet’ (@Gometmedia) July 29, 2022
💬 “On a de vraies opportunités à saisir dans les bassins Ouest (..) dans les années qui viennent”#GrandPort #Marseille #Fos pic.twitter.com/cPVCbJKZJf
Hervé Martel compte sur l’État pour assurer l’avenir industriel et énergétique de Fos
Le ministre Clément Beaune s’est rendu vendredi matin dans les bassins Ouest de Fos-sur-Mer, propriété du grand port maritime de Marseille (GPMM). À bord du navire à propulsion hybride Helios, il constate « une activité industrielle, un moteur de croissance qui pose un certain nombre de questions liées à l’aménagement, au développement et à l’écologie ». Clément Beaune souhaite renforcer, grâce au développement des différents modes de transport, « les débouchés, l’attractivité et la capacité » d’un port où travaillent 45 000 personnes (dont 30 000 à Fos).
Il évoque des « projets en discussions, mais qui sont importants » – l’État veut notamment relier Salon et Fos par l’autoroute d’ici 2030. « On a de vraies opportunités à saisir pour les bassins Ouest dans les années qui viennent », affirme le ministre qui souhaite à la fois développer les énergies vertes et réduire les nuisances. Il évoque pour le port « un avenir industriel à construire en tenant compte des réalités environnementales et énergétiques ». Ces dernières préoccupent le président du directoire, Hervé Martel.
Approvisionnement du bassin selon les modes de transports
• routier : 80%
• ferroviaire : 15%
• fluvial : 5%
Afin de poursuivre son développement industriel, le grand port de Marseille-Fos a besoin d’une alimentation conséquente en énergie. Le GPMM compte d’ailleurs sur un soutien sans faille de l’État pour répondre en partie à cette nécessité. « Il manque un tiers d’énergie par rapport aux ambitions à trente ans », s’inquiète Hervé Martel. « Gravithy c’est 800 mégawatts », glisse-t-il au passage à Clément Beaune. L’ingénieur de formation confirme ainsi la consistance de cette entreprise lancée en juillet par un consortium de six industriels européens.
GravitHy veut implanter à Fos une usine de production de fer réduit et d’acier vert à partir d’hydrogène. Le projet est chiffé à 2,2 milliards d’euros et pourrait générer 3000 emplois directs et indirects. « On est en train de construire la port de demain », se félicite Hervé Martel. « À coup sûr, l’hydrogène est au cœur du sujet », assure-t-il au ministre des Transports.
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