« Tout à moitié prix ! » « Allez mesdames, des robes, des hauts, pas chers ! » C’est un joyeux brouhaha qui envahit de nouveau la place Jean Jaurès, ce mardi 3 mai, après quatre ans de silence. Priés de partir dès le début des travaux sur ladite place en 2018, les forains du marché de la Plaine se réapproprient enfin les lieux, quatre ans plus tard, et reprennent leur routine trois fois par semaine – les mardis, jeudis et samedi, de 6h à 13h.
Et au vu de la foule présente ce premier matin d’ouverture, c’est comme s’ils n’étaient jamais partis. « On est de retour chez nous. Vive la Plaine ! », s’exclame Reyes, qui tient un stand de vêtements. On a beau chercher la petite bête, après plusieurs mois de tractations et de mobilisation des syndicats de forains remontés contre la mairie et la Métropole, les rancœurs semblent s’être volatilisées : « C’est parfait. Les clients sont au rendez-vous et la mairie et les syndicats ont fait du bon travail », estime un autre forain. Pas non plus de regret pour les marchés de la Joliette et du Prado 2 qui, ouverts temporairement dans l’unique but d’accueillir les forains privés de Plaine, vont à présent cesser d’exister : « C’était bien là-bas et c’est encore mieux ici » lance Jérôme, qui jusqu’alors vendait ses casseroles à la Joliette.
Les forains de retour au complet … sauf les journaliers
Tout de même, à quelques mètres de là, des forains interpellent vivement l’adjoint aux emplacements de la Ville de Marseille Roland Cazzola, venu assister à cette reprise du marché avec les trois maires de secteur concernés : Sophie Camard (1/7), Didier Jau (4-5) et Pierre Benarroche (6-8). Il s’agit de journaliers, terme qui désigne les forains qui ne bénéficient pas d’emplacement fixe et se greffent sur les marchés lorsque des emplacements sont vacants. Or, certains journaliers de la Plaine bien implantés n’ont pas pu s’installer ce mardi 3 mai. « Quand on est journalier, on ne peut même pas se permettre de partir deux semaines en vacances. Il faut être assidus pour conserver sa place et c’est le cas de ma mère, qui ne s’est jamais arrêtée entre 2011 et 2022. Or, aujourd’hui, on nous interdit de travailler » déplore le fils d’une foraine.
« Cette semaine est une semaine de rodage »
Roland Cazzola
En effet, pour accorder les emplacements, la mairie se base sur l’obtention d’un arrêté auprès du préfet, dont ces journaliers ne disposent pas. Mais c’est surtout la place qui vient à manquer : « Nous avons privilégié les personnes qui avaient des arrêtés et des KBis à jour.[…] Il faut garder à l’esprit que nous avons réussi à dégager 202 emplacements alors que la Métropole nous a livré une place de 190 emplacements. Cette semaine est une semaine de rodage, alors nous demandons un peu d’indulgence. Il y a des ajustements à faire, c’est certain, mais on ne peut pas faire revenir 250 forains du jour au lendemain », plaide Roland Cazzola.
« Pour nous, les journaliers qui sont là depuis des années sont assimilés à des fixes. A partir d’aujourd’hui, c’est pour eux que nous menons notre combat », insiste pour sa part Nahema Zemour, présidente du syndicat des forains non-sédentaires de Marseille et des Bouches-du-Rhône. Elle se dit néanmoins reconnaissante du travail accompli par la mairie « qui s’est montrée transparente ».
Pour parvenir à agrandir la capacité d’accueil, la Ville a fixé la taille des stands à six mètres carrés pour tous les forains. Quelques aménagements sur le mobilier urbain ont été concédés, mais « nous n’avons pas touché aux espaces verts » souligne la maire du 1er secteur, Sophie Camard. Des points d’étape avec les forains devraient avoir lieu entre la Ville et les forains « de façon hebdomadaire » selon l’adjoint aux emplacements.
Sécurité et écologie, nouveaux mots d’ordre sur le marché de la Plaine
La problématique des bornes, principal point d’achoppement entre la mairie et la Métropole, semble être résolue : « C’était une condition indispensable pour la sécurisation d’une zone aussi étendue que celle-ci. Les derniers essais sur les bornes ont eu lieu cette semaine et bien qu’il reste quelques soucis techniques, la présence de la police municipale pour sécuriser la place est rassurante », poursuit Roland Cazzola.
Le nouveau marché de la Plaine se veut écologique : « Dès aujourd’hui, les forains devront fournir des sacs papiers plutôt que des sachets plastiques. Cela sera effectif dans environ un mois, le temps qu’ils écoulent les stocks déjà commandés », conclut Nahema Zemour. En marge du marché traditionnel, un marché de producteurs locaux prendra place prochainement tous les vendredis. La Plaine a de beaux jours devant elle…
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