Comme nous l’annoncions dans notre précédent article, une soixantaine de forains a effectivement bloqué la circulation marseillaise au niveau des ronds-points du Prado et de Rabatau, mardi 8 mars, pour réclamer un retour du marché de la Plaine. Malgré des discussions qui se sont prolongées ce mercredi 9 mars au matin, entre syndicats et élus, les forains, toujours remontés, prévoient de nouveaux blocages ce jeudi 10 mars à 14 heures, à partir de la Joliette cette fois (l’itinéraire n’est pas encore déterminé). Et ils devraient être « tous présents » avec leurs camions, selon les syndicats.
Les forains pas convaincus par les propositions de la mairie
L’adjoint à l’espace public, Roland Cazzola, a émis de nouvelles suggestions mardi 8 mars : il suggère ainsi une réunion lundi prochain avec les trois maires de secteur compétents sur la Plaine – Sophie Camard (1er), Didier Jau (5e) et Pierre Benarroche (6e) – et les syndicats pour évoquer la problématique du mobilier urbain et spécifiquement des jardinières qui, selon les forains, occupent trop d’espace sur la place et se sont transformées en « urinoirs et porte-seringues ». Dans un mail envoyé ce mercredi matin aux élus, que Gomet’ a pu consulter, le collectif des Riverains de la Plaine s’inquiète pour sa part des travaux que la suppression desdites jardinières pourrait engranger sur une place qui voit à peine la fin de son chantier précédent : « il n’est pas normal que des forains, présents trois fois par semaine sur la place pour quelques heures se permettent d’exiger des travaux dans leur seul intérêt sans prendre en compte les intérêts et la présence permanente des habitants et des usagers », estiment-ils ainsi.
Roland Cazzola évoque aussi l’ouverture d’un marché le dimanche ainsi que des modifications mineures des équipements de la place « pour améliorer le fonctionnement du marché, notamment la circulation et le stationnement des véhicules », explique l’adjoint à Gomet’. Ces aménagements pourraient, par exemple, impliquer le déplacement de poteaux ou de poubelles.
Des suggestions qui laissent les forains perplexes : « Un marché le dimanche, oui mais où ? Quand ? La mairie ne nous donne aucune précision », s’agace Nahema Zemour, présidente du syndicat des forains non-sédentaires de Marseille et des Bouches-du-Rhône, contactée par Gomet’. Les syndicats auraient également souhaité rencontrer les maires de secteur dès ce mardi 8 mars, afin d’avoir des réponses claires : « Lundi prochain, ce sera trop tard. Est-ce qu’ils ne peuvent pas libérer deux heures pour discuter avec nous, alors qu’ils laissent des familles sur le carreau ? », poursuit Nahema Zemour. Les forains disposent également du soutien de la Confédération des petites et moyennes entreprises des Bouches-du-Rhône (CPME 13) qui a réagi mardi soir : « Ce marché est un vecteur d’emplois et de lien social. Il contribue au dynamisme économique et à l’attractivité de notre ville. Il est essentiel que les parties prenantes (forains, Ville de Marseille, Métropole) s’entendent au plus vite pour converger vers une solution qui convienne à tous. Il en va de l’intérêt de l’ensemble de l’écosystème local : forains, habitants et commerçants de quartier, usagers… », rappelle Corinne Innesti, présidente de la CPME13.
« Ce marché est un vecteur d’emploi et de lien social, essentiel à notre dynamisme économique »
Corinne Innesti, présidente de la Cpme 13
Jeu de ping-pong entre la mairie et la Métropole sur la question du mobilier urbain
Reste la question des bornes gérées par la Société publique locale d’aménagement de l’aire métropolitaine (Soleam), détenue par la Métropole. « La demande de réparation des bornes limitant l’accès à la place, essentielle à la régulation et au bon fonctionnement du marché, a été signalée à la Métropole depuis près d’un an : ces réparations doivent intervenir dans les meilleurs délais afin de garantir une réouverture rapide dans de bonnes conditions », affirme Roland Cazzola.
« Ou la mairie ne parle pas assez fort, ou la Métropole a besoin d’un appareil auditif »
Nahema Zemour, présidente du syndicat des forains non-sédentaires de Marseille et des Bouches-du-Rhône
De son côté, la Métropole a également réagi : « la Métropole se tient à disposition de la Ville pour faire les aménagements nécessaires dès qu’elle aura reçu des consignes claires et finales sur le sujet ». Elle ajoute que « la question des bornes d’accès est en passe d’être réglée par la Soleam » et « qu’il est important de rappeler que ce sujet ne conditionne en rien le retour des forains ». Du côté des syndicats, la problématique causée par les bornes n’est pas comprise : « Et les livreurs des magasins, ils passent bien non ? Et les commerçants de la place ? », interroge Nahema Zemour. « La Métropole nous a proposé d’abaisser manuellement les bornes nous-mêmes : c’est strictement exclu car cela serait la porte ouverte à ce que n’importe qui entre, comme des vendeurs à la sauvettes. C’est également une question de sécurité », répond l’adjoint Roland Cazzola. Il dénonce en outre une “surenchère permanente” des syndicats et rappelle que la configuration de la place originellement proposée par la Soleam ne proposait que 190 emplacements pour les forains : « C’est grâce à des discussions régulières avec les syndicats et la Soleam que nous sommes parvenus à grimper 202 emplacements» explique-t-il.
« Ou la mairie ne parle pas assez fort, ou la Métropole a besoin d’un appareil auditif », tranche la foraine, lassée, comme ses collègues, d’une situation précaire qui dure depuis près de quatre ans.
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