Après le premier meurtre mercredi 2 octobre à 3h40, d’un mineur de 15 ans puis le deuxième assassinat par un mineur de 14 ans d’un chauffeur de VTC, dans la nuit du 3 au 4 octobre 2024, Saïd Ahamada, ancien député (En Marche) des Bouches-du-Rhône réagit dans une tribune.
À Marseille, en moins de deux jours, un enfant de 14 ans a été brûlé vif et un autre enfant du même âge, employé comme tueur à gages, a assassiné un homme. Jamais, de mémoire de Marseillais, un tel niveau d’horreur perpétrée à un âge aussi précoce n’avait été atteint et, une nouvelle fois, nous avons offert l’image déplorable d’une cité de violences.
Et comme beaucoup de Marseillais, je me demande comment notre ville a pu devenir la « fabrique des monstres ».
Comme beaucoup de Marseillais, je m’interroge sur ce que nous aurions pu faire collectivement pour empêcher cette violence d’advenir.
Comme beaucoup de Marseillais, je ressens une immense tristesse, une peine profonde, mais aussi un grand désarroi.
Comme beaucoup de Marseillais, j’ai envie de croire qu’il n’est pas trop tard pour mettre fin à ce cercle infernal, à cette litanie de morts.
Comme beaucoup de Marseillais… mais pas tous, semble-t-il. En effet, aucun des responsables politiques de la ville ne s’est ému de la situation en réagissant au meurtre insupportable d’un enfant et à la précocité hors norme d’un assassin. Aucune prise de parole des élus marseillais, pourtant si prompts pour certains à nous abreuver de niaiseries sur les réseaux sociaux.
Nous portons toutes et tous une part de responsabilité
Signe de complaisance, d’indifférence ou d’impuissance ? Au nom de la population marseillaise et de ses légitimes inquiétudes, la question doit clairement être posée. Je pense, pour ma part, que nous portons toutes et tous une part de responsabilité. Lorsqu’autant de personnes sont victimes de trafics de toutes sortes et de cette violence aveugle, nous devons regarder la réalité en face et comprendre que nous avons à faire à un phénomène sociétal, dont malheureusement peu de personnes ont pris la mesure réelle.
Pourtant, je sais que des solutions peuvent être apportées pour endiguer ces violences. Je crois qu’une action publique forte, impliquant l’ensemble des acteurs concernés, ainsi qu’une prise de conscience de chacune et chacun d’entre nous, sont de nature à endiguer cette escalade de crimes aveugles. Sur ce sujet particulièrement douloureux pour chacun d’entre nous, je n’entends pas m’enfermer dans le silence ou, pire, le déni.
Et au-delà je suis surtout persuadé que les Marseillaises et les Marseillais doivent à tout nouveau s’autoriser à croire en eux, à croire dans ce récit marseillais qui a fait de notre ville une ville unique, si particulière. Nous devons travailler à réenchanter notre avenir et embarquer avec nous tous les Marseillais, quels qu’ils soient. Il nous faut réinventer Marseille.
J’appelle à un sursaut qui ne peut venir que des Marseillais. Je prendrai toute ma part dans cette nécessaire prise de conscience et les décisions qui devront en découler.
Je prendrai toutes mes responsabilités là où d’autres peinent à le faire. Il y a urgence pour notre jeunesse, pour nous, pour Marseille.
Saïd Ahamada,
le 8 octobre 2024