Gagné à 352 voix d’avance seulement par la droite, les 11e et 12e arrondissements sont au cœur d’une polémique sur de potentielles fraudes électorales. Après réflexion, le candidat du Printemps Marseillais sur ce secteur, Yannick Ohanessian a finalement déposé une plainte contre X vendredi 3 juillet au tribunal judiciaire. « On a recensé plusieurs dizaines de cas douteux au cours de cette élection : diffamation, campagne d’affichage détournée, problèmes sur les procurations… », énumère-t-il.
Dans la plainte (voir ci-dessous le document source) que Gomet’ a pu se procurer, l’avocat Xavier Pizzaro cite exactement les chefs suivants : « Acte frauduleux qui a pour objet ou pour effet de porter atteinte à la sincérité du scrutin électoral, fausses nouvelles, bruits calomnieux et autres manœuvres frauduleuses en vue de surprendre ou détourner des suffrages, trafic d’influence en vue d’obtenir des votes et attroupements, clameurs ou démonstrations menaçantes ayant pour objet ou pour effet de troubler les opérations d’un collège électoral ».
Les étranges SMS de « JR et VB »
Yannick Ohanessian a organisé une conférence de presse devant le palais de justice de Marseille pour expliquer sa démarche. « Je pense que l’élection a été volée aux Marseillais du 6e secteur », dénonce-t-il. Le candidat de la liste de l’union de la gauche s’est porté partie civile dans ce dossier aux côtés des ses cinq premiers colistiers : Rebecca Bernardi, Jean-Marc Signes, Pauline Rossell, Thibaud Rosique et Frédérique Audibert. « Le fait de se porter partie civile nous permettra d’avoir accès au fur et à mesure à l’instruction du dossier », explique-t-il.
[Tout chaud] @yann_ohanessian à déposé ce vendredi un recours pour contester l’élection dans les 11/12 « intimidations, affichages sauvages, procurations… on a constaté des dizaines d’incidents » @PrintempsMRS @MicheleRubirola @JuRavier pic.twitter.com/XITjDV6K32
— Gomet' (@Gometmedia) July 3, 2020
En attendant, les plaignants apportent déjà plusieurs pièces justificatives au dossier. Par exemple, ils citent un SMS adressé aux présidents, assesseurs et militants politiques présents dans les bureaux de votes par des expéditeurs identifiés comme « JR et VB » :
« Les listes électorales nous disent que l’on peut faire voter même si les procurations ne sont pas inscrites dans le cahier d’émargement et même s’il s’agit de photocopies non certifiées conformes. Chaque président doit faire scrupuleusement respecter cette règle vous avez le pouvoir de police »
JR VB »
Yannick Ohanessian et ses amis reviennent également sur l’affaire des procurations enregistrées dans l’Ehpad Univi de Saint-Barnabé dont la direction a également porté plainte contre X : « Parmi les mandataires figurent des élus du secteur ainsi que des collaborateurs du maire, dont notamment Monsieur Omiros, directeur de cabinet du maire, Monsieur Laget, adjoint au Maire et Madame Claudine Hernandez, directrice des services municipaux du secteur », assurent-ils fournissant en copie un tableur excel relatif aux mandants et mandataires des pensionnaires de l’Ehpad.
Un recours au tribunal administratif pour annuler les élections
Parallèlement à cette plainte au pénal, Yannick Ohanessian et le Printemps Marseillais déposent également un recours au tribunal administratif pour contester les élections. « Au regard des faits qui se trouvent devant nous, on devrait aller plutôt vers une annulation », espère-t-il.
Accord avec Samia Ghali : « Ce n’est pas une question de poste ou de place »
A la veille du conseil municipal qui doit élire le futur maire de Marseille, Yannick Ohanessian est également revenu sur les négociations en cours avec la maire des 15e et 16e arrondissements, Samia Ghali: « Nous lui avons évidemment proposé de nous rejoindre pour constituer une majorité et de participer à l’exécutif avec un certain nombre de ses colistiers » a-t-il déclaré allant dans le sens des déclarations du jour de la candidate à la mairie du Printemps Marseillais, Michèle Rubirola.
Alors que la sénatrice ex-PS a réclamé le poste de première adjointe, Yannick Ohanessian semble confirmer le refus de son mouvement d’accéder à cette demande : « Ce n’est pas une question de poste, de place mais plutôt de ce que nous ferons véritablement demain ensemble dans un contrat de gouvernance pour la ville de Marseille », assure-t-il.
Interrogé ensuite sur un possible ralliement de Lisette Narducci, ancienne socialiste qui a rejoint les listes de Bruno Gilles pour cette élection, il répond : « Nous nous attelons à ce que demain la démocratie soit respectée. Ce qui sous-entend que nous appelons à la responsabilité de chacune et chacun des conseillers municipaux quel que soit le bord politique auquel ils appartiennent ». En clair, aucun accord n’est pour l’instant scellé et les paris restent ouverts pour le grand final de cette élection.
Document source
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