Les municipales 2026, c’est dans deux ans, mais les troupes se mettent déjà en ordre de marche. Alors que la France attend le nom de son Premier ministre ou sa Première ministre, au niveau local, c’est davantage l’échéance des élections municipales de 2026 qui préoccupe les personnalités politiques. Après l’union de la gauche au sein du Printemps Marseillais en 2020, la droite, partie dispersée à l’époque, est bien décidée à ne pas réitérer ses erreurs.
C’est dans cet objectif que se sont montées plusieurs formations politiques ces dernières années, voire ces derniers mois : d’abord, le parti Cap sur l’avenir, lancé par Renaud Muselier dans le but de reproduire le rassemblement droite-centre initié lors des régionales de 2021 ; puis, le mouvement Une génération pour Marseille, davantage tourné vers la jeunesse, impulsé par Romain Simmarano, directeur de cabinet de Renaud Muselier, et Sandra Blanchard, ex-directrice de campagne de la ministre démissionnaire Sabrina Agresti-Roubache ; enfin, à l’initiative de proches de la présidente du Département et de la Métropole, c’est le mouvement de « droite libérale » Marseille Provence Unie qui a vu le jour, sur les bases de l’ancienne association Les Amis de Martine Vassal, et dirigé par l’élu départemental Sylvain Di Giovanni.
Les trois formations politiques organisaient, vendredi 30 août, leur rentrée politique, sous forme d’une université d’été, avec la volonté de « renouer avec cette tradition des grands partis », explique Romain Simmarrano.
Haro sur le Printemps Marseillais
Parmi les invités de cette soirée, des personnalités politiques du centre et de la droite, dont de nombreux proches des deux instigateurs de l’union, le président de la région Sud Renaud Muselier et la présidente du Département et de la Métropole Martine Vassal. Se mêlent aussi parmi les convives des chefs d’entreprises ou encore des représentants d’institutions : le président d’Aix-Marseille Université Eric Berton, le président du club de la croisière Jean-François Suhas, le président du Grand port de Marseille Christophe Castaner, le président de Voyage Privé Denis Phlippon, invité à s’exprimer lors d’une table-ronde, ou encore le porte-parole du syndicat policier Alliance Rudy Manna.
Le cadre dans lequel cette université d’été se tenait n’a pas non plus été choisi au hasard : en effet, le choix du château de Forbin (11e), situé sur les terres du maire (LR) du 11/12 Sylvain Souvestre, accessoirement secrétaire de Cap sur l’avenir, n’est pas sans faire écho à un autre château, celui de la Buzine, devenu symbole des désaccords entre la gauche et la droite marseillaises depuis que sa gestion a été reprise en régie par la majorité municipale actuelle.
« Il faut en finir avec le panem et circenses »
Aurore Bruna, élue régionale (à propos Printemps Marseillais)
Dès les premières prises de parole devant l’assemblée, en clôture de la journée, le ton est donné : « Le prix de la réussite en 2026, c’est la fin du Printemps Marseillais ! Il faut en finir avec le panem et circenses (le pain et les jeux, ndrl) » scande ainsi à la tribune Aurore Bruna, élue régionale proche de Renaud Muselier, qui dénonce l’inaction de la gauche notamment en terme de vidéoprotection. « Il est temps de siffler la fin de la récréation et de refaire de la vraie politique » encourage à son tour un autre élu régional à la jeunesse, Ludovic Perney, reprenant ainsi les propos de la ministre démissionnaire Sabrina Agresti-Roubache (Renaissance).
Un mot d’ordre prédomine dans les prises de paroles successives : « En finir avec « Le déclin marseillais » », terme employé en forme de paronomase pour stigmatiser le Printemps marseillais, la majorité municipale actuelle de gauche emmenée par Benoît Payan.
Municipales 2026 : faire oublier l’ère Gaudin
Avant de faire tomber l’actuelle mairie, le rassemblement à droite doit se débarrasser de ses propres casseroles politiques, après vingt-cinq années de règne sur Marseille. « Il faut créer une nouvelle génération. On se dégage de la marche classique des Républicains, du passé et surtout de l’ère Gaudin. Avoir perdu dans la division et remettre les mêmes, ça ne fonctionne pas … » assume ainsi Renaud Muselier. Décédé en mai dernier, l’ancien maire de Marseille ne pourra en tout cas pas peser dans le prochain match politique local.
La situation politique nationale renforce d’autant plus sa conviction qu’il faut additionner : « A priori, il est désormais certain qu’il n’y aura pas de réforme du mode de scrutin d’ici 2026. Le match n’est plus le même, les rapports de force prédéfinis vont à nouveau peser. D’où l’importance de s’unir », analyse l’élu.
Se pose à présent la question de l’incarnation de cette droite rassemblée lors du prochain scrutin… Lorsqu’il est interrogé – comme à chaque fois – sur son éventuelle candidature à la mairie de Marseille, le président de Région réitère fermement : « Je fais de la politique et j’aime ma ville, je ne serai donc pas à l’écart de cette élection, mais je ne serai néanmoins pas candidat. »
« Nous devons nous dégager de la marche classique des Républicains, du passé et surtout de l’ère Gaudin. Avoir perdu dans la division et remettre les mêmes, ça ne fonctionne pas … »
Renaud Muselier
A ses côtés, son homologue au Département et à la Métropole, Martine Vassal est moins catégorique : « 2026 est encore loin. Il faut y aller progressivement. La première étape, c’est l’union. Nous verrons ensuite quelle personnalité se dégage de cette union. » Pour l’heure, l’accent est mis sur la jeunesse : « Lorsque nous nous sommes dit qu’il fallait rassembler, nous avons décidé de commencer par la jeunesse. Il faut savoir ce que ces jeunes veulent pour leur futur », poursuit Martine Vassal. Au sein du rassemblement, plusieurs noms sont cités pour, peut-être, incarner cette jeunesse lors des prochaines municipales : Romain Simmarrano, mais aussi Marc Jolibois, le directeur de cabinet de Martine Vassal.
S’ils semblent enclins à s’écarter, Renaud Muselier et Martine Vassal ne se sentent pas moins les guides de cette union hétéroclite de la droite, du centre et du monde économique : « C’est nous qui avons souhaité cette union. Les leaders, vous les avez devant vous », affirme ainsi Martine Vassal face aux journalistes. Changer, oui, mais pas trop tout de même…
En savoir plus :
> Le site de Cap sur l’avenir
> « La droite et le centre doivent s’unir pour récupérer Marseille » (Vassal)
> Le parti « Cap sur l’avenir » de Renaud Muselier restera ancré au niveau local
> Nos archives sur les élections municipales de 2020