Des lieux réappropriés mais respectés
Malgré la lutte, les lieux ne sont pas abîmés. « Ils n’ont rien touché » dit Sabrina qui mélange la Chorba, une soupe algérienne au poulet, dans une marmite posée à même le sol de la cuisine. Tout est resté intact, mise à part l’odeur de poulet grillé qui imprègne la pièce, remplaçant celle de friture d’antan. Les cartes de présence des anciens salariés en cartons plastifiés, sont encore alignées le long du mur. Regroupé au milieu de la cuisine, l’ancien matériel en inox est protégé sous blister alors que les anciennes affiches de préparation des Big-Mac pendent au mur. Kamel a souhaité respecter le matériel de son ancien employeur, toujours propriétaire légalement des murs (actuellement en liquidation judiciaire au Tribunal de Marseille).
A l’extérieur, au détour d’un jeu pour enfant sans vie, les bénévoles ont également trouvé le moyen de s’approprier le petit terrain aride devant le fast-food. Les travaux de la L2 venaient grignoter le lopin de terre qui est maintenant revisité en jardin partagé. Guillaume sourit. « On a planté des tournesols pour créer une bordure fleurie avec la route ». L’association Terre de Partage est venue planter « des cerisiers, des fraisiers et des poiriers avec les enfants » afin qu’ils « se réapproprient la terre », eux qui n’ont connu que le bitume.
Le monde d’après, basé sur l’entraide
L’âme du McDonald’s reste, mais les idées partent. Rebaptisé « l’Après M » lors de sa transformation en mars 2020, le nom a été bricolé avec les lettres d’origine. Le fast-food ne plaçait pas assez « l’être au centre » lâche Kamel. A « L’Après M » oui. « Ici, on apprend l’entraide plutôt que la solidarité ». Par-là, le militant revendique sa vision de l’humanité : même les gens en souffrance peuvent aider en retour. Pour Guillaume, le nom résonne comme « le monde d’après », un monde plus « logique » et « horizontal » selon lui.
490€ le repas dans les #RestaurantsClandestins.
— L’Après M (@ApresM_13) April 6, 2021
À l’#AprèsM, 5€ suffisent à remplir un colis alimentaire gratuit.
L’entraide citoyenne plutôt que le profit des élites, ça vous dit ? Pour nous #AiderÀaider : https://t.co/nw8fJfwBTi pic.twitter.com/7MWh6oUGeJ
Dans ce monde à (ré)inventer, l’Après M est voué à devenir « un restaurant solidaire » avec 37 salariés pour s’étendre à 77 salariés comme à l’époque du McDo » explique Léna, une autre bénévole. Chaque acheteur pourra détenir une part du lieu « pour 25 euros symboliques » s’enthousiasme Guillaume. Les bénévoles recherchent 50 000 donateurs pour que le restaurant appartiennent au gens et non plus au mastodonte du fast-food. « Si le projet marche, la ville de Marseille pourra racheter le restaurant pour le revendre à la Société Citoyenne Immobilière » explique Léna. Les bénévoles trépignent de lancer, samedi 15 mai, les premières adhésions à la SCI pour enfin rêver au monde d’après.
Liens utiles :
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