L’exposition immersive « La Joconde », s’installe au Palais de la Bourse, au 9 La Canebière, jusqu’au 21 août 2022. Marseille est la première ville au monde à accueillir ce projet, qui a vocation à s’exporter par la suite dans d’autres pays. Pourquoi le Louvre et le Grand Palais immersif ont- ils fait le choix de la cité phocéenne pour cette grande première ? L’exposition a été conçue par la startup marseillaise Artisans d’Idées (avec le scénographe Sylvain Roca), qui collabore depuis de nombreuses années avec les deux institutions. Fondée par Youenn Le Guen, breton d’origine, l’entreprise dont les locaux sont situés en plein centre-ville, rue Breteuil, conçoit ses projets de A à Z en interne, via ses différentes entités : Lundi8, Mardi8, Vendredi8 etc. Un paramètre qui a pesé dans la balance pour implanter l’exposition à Marseille. L’histoire n’est pas prête de s’arrêter pour Artisans d’idées, qui planche déjà sur des projets à venir, dont celui d’un espace immersif permanent à Marseille d’ici 2024 … A l’occasion de l’avant-première de « La Joconde » au Palais de la Bourse (voir notre vidéo ci-dessous), Gomet’ a pu interviewer le fondateur de cette pépite bien de chez nous.
Pouvez-vous nous retracer la genèse d’Artisans d’idées ?
Youenn Le Guen : J’ai fondé ma première entreprise, Mardi8, en 2014. Sont venues ensuite Lundi8, Mercredi8, Jeudi8 et Vendredi8. Puis, j’ai décidé de les regrouper sous la holding Artisans d’idées. Nous traitons tout en interne : la conception (Lundi8), la production (Mardi8), la fourniture de matériel (Mercredi8), le développement informatique (Jeudi8) et enfin l’exploitation (Vendredi8). Les différentes entreprises peuvent fonctionner indépendamment les unes des autres mais si l’une d’elle est sélectionnée pour un projet, elle peut suggérer de travailler avec les autres. En tout, Artisans d’idées embauche une cinquantaine de personnes fixes ainsi qu’entre 200 et 400 intermittents, en fonction des années. En 2021, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de cinq millions d’euros.
Comment s’est faite la collaboration avec le musée du Louvre et le Grand palais immersif pour cette exposition ?
Nous planchons actuellement sur une trentaine de projets différents, pour autant de musées
Youenn Le Guen
Y. LG : Nous avons déjà travaillé ensemble sur d’autres projets, par le passé. Artisans d’idées est l’une des rares entreprises spécialisées dans les musées et nous planchons actuellement sur une trentaine de projets différents, pour autant de musées : nous travaillons par exemple avec le Musée d’Orsay et le Louvre d’Abu Dhabi pour une exposition sur les Impressionnistes qui aura lieu en novembre, ou encore avec le musée national de Norvège, qui ouvrira ses portes en juin et pour lequel nous avons produit 85 films. Au niveau national, nous avons également des partenariats avec le musée du Débarquement en Normandie et pour la Cité Internationale de la langue française voulue par Emmanuel Macron. Nous développons des sujets de tous types – sciences, Histoire, société, civilisations, … – avec un dénominateur commun : la transmission du savoir au public, en suscitant des émotions par l’immersion.
« Nous voulons transmettre le savoir en suscitant des émotions par l’immersion »
Youenn Le Guen
Comment avez-vous procédé pour concevoir l’exposition La Joconde ? Y’avait-il des défis particuliers à relever ?
Y. LG : Le processus est multiple. Une exposition comme celle-ci, c’est un auteur, des réalisateurs, des musiciens, des designers sonores des graphistes, des développeurs, une équipe de tournage … Près de 50 personnes ont travaillé dessus. Il faut d’abord se demander ce qu’on veut faire vivre au visiteur. Puis, il faut réfléchir au contenu, ce que l’on va raconter, en s’appuyant sur l’expertise des connaisseurs. En l’occurrence, nous avons conçu le récit avec Vincent Delieuvin, conservateur au Louvre et commissaire de cette exposition, qui connaît par cœur l’œuvre de Vinci. Il nous a ouvert les portes de la salle des Etats au Louvre, pour que nous puissions approcher le tableau et tourner le film d’introduction de l’exposition, qui démarre par un traveling qui nous fait entrer dans le tableau … C’est un privilège qui n’arrive qu’une fois dans une vie.
Le Palais de la Bourse est un lieu qui n’est à l’origine pas conçu pour accueillir des expositions. Il a fallu faire des études techniques, thermiques, acoustiques et culturelles … Sur le plan numérique, le défi était de restituer les couleurs du tableau sur un support et un format différents. Nous sommes à un niveau maximal de ce qu’on peut faire en termes de résolution d’image.
Quelles sont vos perspectives de développement ?
Y. LG : A côté de nos projets à l’international, nous souhaiterions développer notre réseau local. C’est pour cela que nous avons suggéré au Louvre et au Grand palais de faire cette exposition ici, à Marseille. Ils ont trouvé l’idée intéressante, d’autant que cela participe à la décentralisation de la culture en région. Nous voulons faire intervenir des acteurs de la médiation culturelle et nous avons travaillé avec des entreprises locales, pour les produits vendus à la boutique de l’exposition par exemple. A Marseille, il y a une forme d’entraide que l’on ne retrouve pas à Paris, et c’est cela qui nous attire.
« Un lieu permanent dédié aux expositions immersives à Marseille en 2024 »
Youenn Le Guen
Y. LG : Nous avons l’habitude de produire des projets partout dans le monde. Pour la première fois, nos équipes vont venir voir le fruit de leur travail, vont pouvoir le montrer à leurs proches. Et puis, cela nous permet de voir les réactions du public chaque jour. Il se pourrait que nous y prenions goût … Nous aimerions ouvrir un lieu permanent à Marseille, afin de fédérer les acteurs locaux : ce lieu pourrait accueillir des expositions immersives, les nôtres comme celles de partenaires. Il y a de plus en plus d’expositions immersives : ce futur lieu pourrait ainsi permettre de se réunir avec ces nouveaux métiers qui travaillent sur ce modèle économique émergent, d’échanger dessus. Cet endroit pourrait voir le jour en 2024.
Marseille n’est qu’une première étape pour cette exposition … Avez-vous déjà une idée de sa prochaine destination ?
Y. LG : Il est encore un peu tôt pour le dire, par rapport à la situation sanitaire. Nous allons recevoir des prospects ici, à Marseille, qui suivent le projet depuis ses débuts, il y a trois ans. Les Etats-Unis, très friands des expositions immersives, se sont déjà positionnés. Les pays fanatiques de la Joconde, comme la Chine et le Japon, sont évidemment très intéressés. Nous saurons d’ici trois mois quelle sera sa prochaine étape.
Liens utiles :
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