Et si les navires de transport, de passagers comme de marchandises, fonctionnaient sans émettre aucune émission de gaz à effet de serre ? C’est le pari que s’est lancé l’entreprise NepTech, créée en mai 2020 et incubée au sein de la pépinière CleanTech du Technopôle de l’Arbois à Aix-en-Provence. Elle a ainsi imaginé quatre catamarans, fonctionnant sur batterie ou à pile à combustion hydrogène, dont la consommation énergétique est réduite de l’ordre de 35% par rapport à une embarcation diesel. « C’est ce qu’il ressort des tests réalisés par notre démonstrateur numérique », explique à Gomet’ Tanguy Goetz, l’un des trois co-fondateurs – avec Corentin Bigot et Clément Rousset – qui porte la casquette de directeur général. Et d’ajouter : « On vient de finir un démonstrateur à échelle réduite que l’on devrait tester en juin sur le lac de Peyrolles pour confronter les résultats ».
Performance égale, émissions en moins
La diminution de la consommation énergétique, c’est même le point sur lequel repose la performance des navires de NepTech. Et c’est une équation compliquée. « Les exploitants de flotte ne souhaitent perdre ni vitesse, ni autonomie en changeant de modèle d’embarcation. Or, on sait qu’un système de propulsion à hydrogène est trois à quatre fois plus lourd qu’un système diesel, ce qui entraîne une plus grande consommation énergétique du bateau et donc une performance dégradée », souligne Tanguy Goetz.
La start-up a donc cherché à baisser cette consommation énergétique et y est arrivé en réduisant la traînée hydrodynamique de ses navires – « La résistance que peut subir le bateau à cause du frottement de l’eau contre la coque », résume Clément Rousset – et en améliorant leur efficacité énergétique. Résultat : les modèles de NepTech peuvent « aller plus vite, plus loin et ont des performances similaires, voire supérieures » à ceux fonctionnant au diesel.
Des navires zéro émission
Les quatre catamarans élaborés par NepTech, qui peuvent mesurer jusqu’à 24 mètres, reposent sur une base commune. Cette base, ce sont « la forme des coques et le système de propulsion. On personnalise ensuite ce qui est en dehors de l’eau, c’est-à-dire la cabine, en fonction de l’application du navire et des besoins du client », précise Tanguy Goetz.
Les noms des quatre embarcations – NepFerry, NepRiver, NepShuttle et NepCargo – laissent supposer leur champ d’action, aussi bien dans le transport maritime que fluvial, avec des passagers ou des marchandises à bord. Tous fonctionnent grâce à un système de propulsion zéro émission. Certains sur batterie, d’autres grâce à une pile à combustion hydrogène. « Le choix entre les deux dépend du type d’usage. La batterie convient pour des courtes distances à vitesse lente. Pour les autres trajets, l’hydrogène est plus adapté » explique le directeur général.
Commercialisation prévue en 2022
NepTech est actuellement en discussion avec une vingtaine d’exploitants, publics comme privés, pour déployer ses navires dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ainsi que dans le reste de la France, notamment sur la façade atlantique. La commercialisation est pour le moment fixée au second semestre 2022.
En attendant les premiers revenus liés à ces ventes, NepTech autofinance depuis janvier une partie de son activité en vendant des prestations d’architecture navale pour des bateaux zéro émission, dont elle espère dégager dès cette année 10 000 à 15 000 euros mensuels de chiffre d’affaires. Ses autres ressources proviennent de fonds propres et de subventions publiques.
Reste désormais à NepTech de mener à bien les tests avec son premier démonstrateur à petite échelle avant la conception d’un prototype de 10 mètres. Une phase que l’entreprise compte financer grâce à une levée de fonds de 700 000 euros prévue pour l’été 2021. Cela lui permettra également d’embaucher, l’objectif étant le recrutement d’une quinzaine d’ingénieurs d’ici quatre ans. Et, en toile de fond, de démocratiser des mobilités navales plus vertes.
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