La végétalisation est un aménagement
Sur les projets immobiliers neufs ou de requalification, les maires doivent toujours être vigilants sur l’installation d’aménagements végétaux. Par ailleurs, lors de la végétalisation, il est important de bien choisir ces végétaux avec un aménagement réfléchi pour limiter l’entretien, pour favoriser la plantation d’espèces locales et pour ne pas utiliser d’espèces envahissantes très problématiques en matière de gestion et de dégâts sur la biodiversité. Je conseille notamment aux élus de se fier à la marque « Végétal local » soutenue par l’Office français de la biodiversité. Enfin, nous devons être également très vigilants sur la désimperméabilisation des sols en réservant des espaces en pleine terre. La biodiversité est aussi celle du sol. Il existe également des matériaux de revêtement perméables qui permettent soit par leur structure propre soit par leur mode d’assemblage l’infiltration des eaux. Par exemple pour des voies de circulation pour véhicules ou pour des parkings, il existe des dallages ou des bétons perméables ou même des techniques de superposition de galets de différentes tailles de galets pour les espaces publics comme les parkings. De plus en plus d’entreprises proposent ce type de solutions.
Sur les bâtiments, les élus peuvent travailler avec les habitants et les promoteurs sur la végétalisation des toitures et des façades. C’est un moyen efficace de recréer des lieux d’accueils pour les insectes et les oiseaux. Pour la faune, on préconise également l’installation de nichoirs sur les toits et d’être très attentif au vitrage pour éviter les collisions avec les oiseaux. De nombreuses communes ont également mis en place des permis de végétaliser pour permettre aux habitants d’installer des plantes sur l’espace public, sur les pas-de-porte, dans des bacs qu’ils entretiendront eux-mêmes. Certaines ont également mis en place des budgets participatifs dédiés à la végétalisation pour laisser une enveloppe financière à disposition des habitants.
Les espaces verts et jardins publics jouent évidemment un rôle prépondérant dans le développement de la biodiversité dans les villes mais les élus doivent être très attentifs à leur entretien avec des méthodes économes et écologiques. Une gestion écologique permet de limiter les pollutions (pas ou peu d’intrants), de favoriser la biodiversité (plantes locales peu gourmandes en eau) et d’économiser l’eau. La réalisation d’un plan de gestion différenciée des espaces verts permettra à la commune de déterminer le type de gestion en fonction de l’espace vert concerné.
Des guichets pour sourcer les aides techniques et financières
Les maires peuvent se sentir un peu seuls face à toutes ces formalités, mais il existe de nombreux organismes pour les aider. Il existe différentes structures qui peuvent être de bon conseil. Sur les différents sujets, l’Arbe peut vous conseiller ou vous orienter. Nous disposons d’une équipe de 10 personnes dédiées à ces problématiques. C’est réellement notre cœur de métier. Ils peuvent aussi se rapprocher des services de leur intercommunalité ou de leur Parc naturel régional ou national.
Pour l’urbanisme, ils peuvent s’appuyer sur les agences d’urbanisme du territoire, en l’occurrence l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam) et l’Agence d’urbanisme du Pays d’Aix (Aupa). Ils peuvent aussi s’adresser aux structures associatives spécialisées sur leur territoire.
Tous ces projets ont un coût, mais il existe de nombreuses aides publiques pour les financer. La Région Sud, dans le cadre de son Plan climat « Une Cop d’avance », lance différents appels à projets, comme, l’appel à projets un million d’arbres. Elle porte aussi des actions concrètes, comme le projet Life Nature for city life qui a pour objectif de sensibiliser les élus des trois métropoles à la nature en ville. L’Agence de l’eau lance régulièrement des appels à manifestation d’intérêt notamment celui intitulé « Eau et biodiversité ». Dans le cadre du Plan de relance, l’État a lancé plusieurs appels à projets comme celui dédié à la restauration écologique et aux aires protégées. Enfin, la Métropole Aix Marseille Provence reste l’un des partenaires privilégiées des communes du territoire. Elle peut cofinancer beaucoup d’études et surtout apporter sa compétence d’ingénierie. Elle doit notamment fournir un portrait communal de la biodiversité aux communes d’ici la fin de l’année qui va permettre de dégrossir ce travail.
La protection de la nature est depuis longtemps une préoccupation nationale. Aujourd’hui, avec l’engagement de l’État (Loi biodiversité, Stratégie nationale de préservation de la biodiversité) et des territoires (Région, départements, EPCI) et la prise de conscience citoyenne accentuée par la crise sanitaire, l’ensemble des acteurs (élus, entreprises, citoyens) conscients des services qu’elle nous apporte souhaitent contribuer à la préservation voire la reconquête de notre biodiversité. Le maire dispose de tous les outils et de toutes les aides nécessaires pour y parvenir. Les petites communes peuvent parfois manquer de moyens au démarrage des opérations, mais avant de se lancer dans les grands projets, il y a nombre de solutions qui sont simples à mettre en place.
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