Du neuf sur le tarmac. La rédaction de Gomet’ avait rendez-vous jeudi 2 juin à l’aéroport d’Avignon pour un vol de démonstration à bord du Diamond Aircraft de la jeune société Revolution’Air. Cette nouvelle compagnie, appartenant au groupe d’aviation vitrollais Dynami (45 millions d’euros de CA annoncé en 2021), inaugurera le 10 juin un service inédit. Un transport aérien de précision sur commande, « d’un point A à un point B, au plus proche de la destination finale », nous explique Jean-François Ballin, CEO de Revolution’Air, et président de Dynami Aviation depuis 2004. « Pas de bling bling, notre service est efficace et pragmatique (…) On vend de la flexibilité ». Avec son avion taxi bimoteur à hélices, l’entreprise présente son offre comme une « alternative abordable » aux jets privés « plus coûteux et moins propres » – une alternative aussi à l’aviation commerciale illégale. De quoi effectuer un trajet transversal Marseille-Bordeaux en 1 heure 45, ou un Marseille-Genève en 1 heure 30.
Nous publierons une vidéo dans les prochains jours pour vous faire vivre notre expérience à bord de l’avion DA62.
Revolution’Air vient d’obtenir le 20 avril dernier un certificat de transporteur aérien (CTA), en plus d’une licence d’exploitation, et intègre donc la liste fermée des exploitants aériens commerciaux – au même titre que AirFrance. La firme vitrollaise revendique au passage être la seule compagnie d’avions taxi en France à détenir l’autorisation CTA.
2500 destinations à travers toute l’Europe
La société a dépensé environ 1,5 million d’euros pour s’offrir son unique petit bijou volant – et envisage d’en acquérir un deuxième dans les prochains mois. Le DA62 peut transporter jusqu’à quatre passagers à travers toute l’Europe, et même jusqu’au Nord du Maghreb, à une vitesse moyenne de 330 km/h. La zone d’exploitation de la compagnie est composée de 130 terrains d’atterrissage (aéroports ou aérodromes) en France, et 2500 en Europe. Mais cette solution ne va-t-elle pas à contre-courant des enjeux climatiques actuels ? « On n’a pas la prétention d’être vert », répond Jean-François Ballin. Il assure que l’appareil utilisé est toutefois « le moins polluant de sa catégorie, sept fois moins qu’un jet ». Revolution’Air mise sur les progrès de la technologie pour faire voler un avion taxi électrique dans les prochaines années. Pour le moment, Jean-François Ballin juge cette solution inadaptée au service que propose la compagnie vitrollaise.
Aujourd’hui, quand vous êtes patrons et que vous devez vous déplacer rapidement, même en France, c’est complexe. Tout est centralisé.
Jean-François Ballin
Un service avant tout destiné aux voyages d’affaires
Avec sa solution d’avion taxi, Jean-François Ballin entend « rendre accessible l’aviation d’affaires ». Bien que compétitive, l’offre proposée n’est pas à la portée de tous. « On s’adresse à monsieur tout le monde, plus particulièrement aux patrons de PME/PMI ». Côtés tarifs, le président de Revolution’Air entretient un flou volontaire. « Il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu ». Point de départ, point d’arrivée, horaires, nombre de passagers, bagages etc. C’est presque du cas par cas, même si Jean-François Ballin finit par évoquer le chiffre moyen de 1200 euros par heure. « Il faut savoir que ça nous coûte très cher de poser l’avion dans certains aéroports, signale-t-il, à Genève, par exemple, la taxe aéroportuaire c’est 500 ou 600 euros ». À titre de comparaison, la location d’un jet privé pour un vol entre Marseille et Paris avoisine les 10 000 euros.
Entre le moment où vous arrivez au point de départ, et le décollage, il se passe à peine 15 minutes.
Jean-François Ballin
La compagnie vise dix avions à horizon 2027
Même si elle appartient à un grand groupe, la compagnie aérienne Revolution’Air est pour l’heure une structure à taille humaine. Sans compter les emplois indirects « on a six cadres et trois pilotes », nous informe Jean-François Ballin. Il envisage toutefois de lancer rapidement une campagne de recrutement, afin d’embaucher notamment « deux ou trois pilotes supplémentaires ». Mais la compagnie ne développera pas uniquement ses effectifs. La flotte aérienne devrait elle-aussi s’étoffer. « On prévoit de faire voler dix machines à horizon cinq ans », nous indique le patron de Revolution’Air, qui préfère ne pas dévoiler son chiffre d’affaires prévisionnel. « C’est parce qu’on vient de se lancer, et qu’on est assez confiant dans le fait que l’activité peut dépasser nos espérances ». Pas de levée de fonds en vue pour la compagnie qui attend la signature de plusieurs « partenariats avec des patrons de PME/PMI de tous secteurs ». Revolution’Air est notamment accompagné par le Crédit Agricole. À terme, la compagnie aimerait s’implanter à Marignane.
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