Qui n’a jamais souhaité découvrir l’étendue et la richesse des eaux profondes ? C’est désormais possible, et ce de chez soi, grâce au BathyBot. Ce robot mobile de 1x1x1,2 immergé à 2400 mètres de profondeur, explore et filme les fonds marins situés sous le laboratoire sous-marin Provence Méditerranée (LSPM), à une quarantaine de kilomètres de Toulon. Les images récoltées sont ensuite transmises sur Twitter et Youtube, pour permettre une diffusion grand public.
BathyBot vient de s’éveiller, au fond de la mer Méditerranée, à 2400 mètres sous la surface. Premier robot mobile téléopéré installé de façon permanente aussi profondément, c’est aussi le premier qui documentera en continu la colonisation d’un récif artificiel dans ce milieu, dans le cadre d’une mission dirigée par une équipe du CNRS. BathyBot, le récif artificiel BathyReef, et d’autres instruments océanographiques ont été déployés par la flotte océanographique française opérée par l’Ifremer.
« Les premières réflexions ont émergé il y’a une dizaine d’années, mais il a commencé à être créé il y a cinq ans », explique Fanny Karatchodjoukova, chargée de médiation scientifique à l’Institut méditerranéen d’océanologie (MIO) dans l’équipe de Christian Tamburini du MIO basé à Marseille à Malmousque (7e). Imaginé et développé par les équipes du MIO, et de la DT INSU (CNRS), BathyBot est fin prêt en février 2022. Porté par le navire « Pourquoi pas ? » et le sous-marin « Nautile », il a rejoint les fonds marins qu’il est voué à explorer pendant une dizaine d’années.
« Depuis février, BathyBot est au fond de l’eau sans alimentation », explique Fanny Karatchodjoukova. Alors qu’il a été immergé depuis plus d’un an, ce robot mobile a été mis en route le 19 avril 2023. Une mise en route tardive qui a causé quelques problèmes techniques « Pour l’instant BathyBot ne se déplace pas encore », confie Fanny Karatchodjoukova. Une immobilisation qui ne s’explique pas. Mais « les chercheurs vont être mobilisés pour découvrir ce qui s’est passé », rassure la chargée de médiation scientifique.
BathyBot : comment fonctionne t-il ?
BathyBot est un robot mobile en titane composé de divers capteurs qui permettent de mesurer la température, la concentration en oxygène, la salinité, la vitesse et la direction du courant, la turbidité et la bioluminescence. Il est également équipé d’une caméra 4K et d’une caméra haute sensibilité en faible lumière. Il est accompagné d’une nacelle appelée « dock » qui est directement reliée à l’électricité et internet, indispensables pour faire fonctionner BathyBot. Le robot et son dock sont immergés sous l’eau, et guidés à distance, mais le robot sous-marin garde son autonomie grâce à une laisse d’un rayon de 50m qui le relie à sa nacelle.
Bien qu’il partage des clichés de ce qu’il observe, BathyBot a pour mission première d’étudier l’environnement profond en Méditerranée, et d’observer l’évolution de la colonisation artificielle. Une seconde mission qui n’aurait pu être possible sans la création du récif artificiel BathyReef, immergé en même temps que BathyBot, en février 2022. « BathyReef va permettre à BathyBot d’observer la colonisation artificielle, mais il va aussi stimuler la bioluminescence de certaines espèces pour permettre à BathyBot de les filmer », détaille Fanny Karatchodjoukova. BathyReef est conçu sous forme de rampe qui va permettre à BathyBot de se déplacer sans gêne et de grimper dessus pour prendre de la hauteur.
Grâce à sa connexion au câble électro‐optique de 45 km qui le relie à La Seyne-sur-Mer et à la boîte de jonction scientifique, les équipements du LSPM peuvent être contrôlés, et les données récupérées, en temps réel.
La composante océanographique du LSPM appartient au réseau d’observatoires sous-marins de l’infrastructure de recherche européenne EMSO (pour European Multidisciplinary Subsea Observatory). Répartis dans les mers du pourtour européen, les différents sites du réseau permettent l’étude de l’impact du réchauffement climatique sur les océans entourant l’Europe, mais aussi des écosystèmes marins profonds dans une optique de recherche fondamentale et de gestion durable.
Vidéo : « Bathybot, le robot des profondeurs » de Sonia Collavizza pour le CNRS
Liens utiles :
> Les médailles 2023 du CNRS : des femmes et un homme d’avenir
> Notre rubrique environnement