Le prochain conseil municipal de la Ville de Marseille aura lieu ce vendredi 4 mars. Initialement programmé en février dernier, il avait été repoussé d’un mois compte tenu du contexte sanitaire, la majorité municipale préférant un conseil en présentiel plutôt qu’en format distanciel. Pour ce conseil, «seulement » 76 rapports (document source en pied d’article) seront mis sur la table « ce qui ne veut pas dire que nous n’avons pas travaillé, mais nous avons supprimé des rapports parfois inutiles ou redondants », plaisante l’adjoint aux finances Joël Canicave, à l’occasion d’une conférence de presse de présentation du conseil organisée ce mardi 1er mars.
Inflation, loi 3DS, embauches … le casse-tête des financements
Le contenu du conseil, toutefois, ne prête pas à rire : marqué notamment par le débat sur les orientations budgétaires (rapport 6), il mettra en exergue les difficultés financières à venir de la municipalité, dont les finances sont déjà bien grevées. En effet, ces orientations devront nécessairement prendre compte le contexte d’inflation générale auquel Marseille n’échappe pas, mais aussi à la révision des compétences dues à la récente adoption de la loi 3DS. La Ville doit ainsi récupérer dans son giron des compétences comme le tourisme, la voirie, ou encore les aires de stationnement (voir notre article). Surtout, la Ville attend de voir ce que va donner la révision des fameuses attributions de compensations, dont le montant jusqu’alors fixé à 120 millions d’euros était « insuffisant compte tenu des charges qui incombent à la commune » juge Joël Canicave. « Les perspectives de cette année sont pour l’heure assez floues », reconnaît l’adjoint aux finances.
La Ville devra par ailleurs procéder à 350 embauches de fonctionnaires, soit un investissement total de 20 millions d’euros. Ces embauches sont rendues nécessaires à la fois par la loi mais aussi à « une volonté politique » pour pallier le manque de personnels dans les bibliothèques ou encore dans la police municipale. Autre coup de grâce dans le budget municipal : la perte du fonds de péréquation intercommunal à compter de l’an prochain, soit une perte de 14 millions d’euros pour la Ville.
S’ajoute à cela une dette qui s’accumule, dont le montant pour 2022 est fixé à 190 millions d’euros, quoiqu’elle soit « un peu moindre que l’an passé, grâce à un échelonnement » nuance Joël Canicave. Cette endettement est nécessaire pour compenser « le manque d’investissements » sous l’ancienne municipalité, précise Joël Canicave.
Des partenariats pour financer
Les orientations fixées par la municipalité visent à atteindre ses objectifs pour une ville « plus juste, plus verte, plus durable », en établissant des politiques publiques plus efficaces mais aussi en continuant à réformer son administration « pour la rendre plus efficace au service des marseillais». Dans cet objectif d’une ville « plus juste », la majorité municipale vise spécifiquement l’accompagnement des publics les plus précaires dans le cadre du passage à la zone à faibles émissions-mobilités (ZFE-m), projet soumis à une consultation publique clôturée ce mardi 1er mars, qui sera présenté au travers du rapport 25.
Afin de pouvoir financer ces objectifs, la Ville compte multiplier les partenariats et met aussi beaucoup d’espoir sur sa sélection au classement des 100 villes climatiquement neutres et décarbonées. Si la Ville vise le top 30, ce n’est pas uniquement pour la gloire : en effet, cela pourrait permettre à Marseille de toucher des subventions européennes pouvant aller « jusqu’à plusieurs centaines de millions d’euros », soulève l’adjointe à l’environnement Christine Juste.
Cette ambition, la municipalité compte bien la porter haut et fort à l’occasion du sommet des régions et des villes européennes qui aura lieu au Parc Chanot à Marseille jeudi 3 et vendredi 4 mars, en parallèle du conseil municipal. L’hémicycle votera d’ailleurs le protocole d’accord de l’organisation de ce sommet à Marseille en ouverture du conseil municipal (rapport 1). « Ce sommet organisé à Marseille, dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne, est l’occasion de se réaffirmer en tant que ville européenne, il faut en profiter amplifier l’implication des élus locaux dans les politiques européennes », note la première adjointe à la mairie (et ex-maire) Michèle Rubirola.
Le budget principal de la Ville pour la période 2022 est fixé à 1,7 milliard d’euros. Le budget annuel, pour sa part, sera évalué à l’occasion du conseil municipal d’avril.
Un conseil « sans agressions » compte tenu des événements en Ukraine
La Ville de Marseille, jumelée avec la commune d’Odessa, a affiché dès les premières heures son soutien au peuple ukrainien, assailli par l’armée russe depuis plusieurs jours. Au regard de ces événements tragiques, le conseil municipal de vendredi aura sans équivoque « une tonalité particulière », souligne Joël Canicave : « nous avons convenu avec les autres présidents des groupes municipaux que les débats se dérouleraient sans agressivité, conformément à la demande du maire Benoît Payan », précise celui qui est président du groupe Printemps Marseillais au sein de l’hémicycle. Dans la foulée de la conférence de presse de ce mardi, l’ancre-coeur d’Odessa, offerte par la maire de la commune jumelée à Marseille, a d’ailleurs été inaugurée à son nouvel emplacement, devant l’hôtel de Ville (elle se situait auparavant sur les plages du Prado). Une collecte est également organisée dans le hall principal de la mairie à destination du peuple ukrainien.
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