Le sujet n’était pas à l’ordre du jour, mais il est ressorti lors du conseil municipal de la Ville de Marseille, vendredi 19 avril, au travers d’un rapport 42 portant sur la réalisation d’une opération sur l’ilot Montolieu (2e), par l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée. La présidente de ce dernier, également conseillère municipale d’opposition, Laure Agnès Caradec (LR), a profité du vote de ce rapport pour remettre sur la table la problématique de la vente à la sauvette, concentrée autour de la sortie du métro Capitaine Gèze (15e).
« Les services de la Métropole s’apprêtent à livrer des équipements de grande qualité, mais ceux-ci risquent d’être entravés par les vendeurs à la sauvette qui occupent l’espace public et le laissent jonché d’immondices. Cette situation n’est pas tolérable », déplore l’élue qui en appelle aux pouvoirs de police du maire et questionne l’avancement du projet d’une halle dédiée aux biffins (terme employé pour désigner les revendeurs d’objets d’occasion, entre autres), votée lors du conseil municipal de septembre 2023. S’il réfute son pouvoir de police pour faire régner l’ordre public, le maire Benoît Payan reconnaît cependant la nécessité de mettre autour de la table les acteurs concernés, à savoir la Métropole, Euroméditerranée, la Ville ainsi que la police nationale.
Une « ressourcerie/ recyclerie » dans d’anciens entrepôts Casino
L’objectif de la municipalité, à terme, n’est pas d’exclure les biffins mais de stabiliser leur situation en leur attribuant un espace dédié. Un rapport, voté lors du conseil municipal du 15 septembre, prévoyait l’installation transitoire des biffins dans un espace dédié, dans d’anciens entrepôts du groupe Casino aujourd’hui détenus par la Ville, situés au 3 rue Ibrahim Ali (15e) ainsi que l’implantation d’une ressourcerie / recyclerie (voir le rapport ci-dessous) permettant de racheter les produits trouvés par les biffins pour les revaloriser. Pour concrétiser ce projet, la Ville s’était alors tournée vers l’association Amelior (l’association des marchés économiques locaux individuels et organisés de la récuperation, basée à Montreuil) en lui allouant pour cela une subvention de 20 000 euros. L’ex-maire de secteur Samia Ghali (Marseille avant tout), aujourd’hui adjointe au maire en charge du dossier, s’exprime sur l’avancement de ce projet : « Nous avions effectivement donné notre accord à l’association Amelior pour occuper ce site. Mais aujourd’hui, l’association est en difficulté. Je tiens quand même à souligner qu’un travail de recensement des biffins a été fait et que leur nombre est passé de 500 à 300 […] Je souhaite toujours une ressourcerie sur cet emplacement », défend l’élue qui assure que le projet « n’a pas été mis sous le tapis. »
L’actuelle maire du secteur 15/16, Nadia Boulainseur, déplore elle aussi la situation : « La question des moyens consacrés à ce projet a clairement été sous-estimée par Amelior. Nous devons nous revoir pour savoir comment sortir de l’impasse. Aujourd’hui, on ne peut pas laisser perdurer la situation sur Capitaine Gèze. » Contactée, l’association Amelior n’a pas répondu à nos sollicitations.
Document source : le rapport voté lors du conseil municipal du 15 septembre
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