Quatre mois après son arrivée à la tête de la mairie des 4e et 5e arrondissements, le maire écologiste du secteur, Didier Jau, fait le point avec Gomet’ sur ses premières grandes mesures politiques et des débuts de relations difficiles avec la Métropole. Dans ce second volet, il répond notamment à nos questions sur la requalification du Jarret et sur les pistes cyclables.
Sur la requalification du Jarret, quelles sont exactement vos demandes ?
Didier Jau : Ce projet concerne un équipement qui doit durer quarante ans et les caractéristiques actuelles ne nous conviennent pas. Quand on constate qu’il n’y a pas de voie de bus en site propre, que les voies vélos sont en conflit avec les piétons, on est pas à la hauteur des enjeux de 2040. On demande à ce que les deux derniers tronçons soient repensés. Il y a déjà un retour d’expérience sur les phases déjà réalisées que l’on pourrait utiliser pour réfléchir à la suite. Pour les bus, c’est un aménagement qui concerne toute la ville et il conditionnera la circulation de tout Marseille. Le Jarret, c’est pratiquement une autoroute urbaine. Et imaginer qu’elle n’a pas de voie de bus en site propre, ce n’est pas un équipement du futur. On est resté dans les années 90. Sur l’organisation de la circulation, cela pourrait aussi être amélioré avec des ondes vertes qui éviteraient les accélérations et les freinages qui sont sources de pollution.
Vous avez écrit un courrier à la présidente de la Métropole demandant un moratoire sur les travaux pour réfléchir aux prochaines phases. Quelle a été sa réponse ?
Le Jarret : « Ils refusent pour l’instant de suspendre les travaux.»
Didier Jau
Didier Jau : Pour le moment, cela n’a pas donné de résultats concrets. Ils refusent pour l’instant de suspendre les travaux. Ils sont ouverts à la discussion mais répondent que c’est difficile de modifier quoi que ce soit, même à la marge. Cela fait trois semaines que nous avons communiqué sur le sujet et nous n’en sommes qu’au balbutiement de nos échanges sur le Jarret. Trois jours avant le démarrage des travaux, nous avons rencontré les techniciens qui nous ont présenté le projet en nous disant que ce n’était pas possible de changer grand-chose.
Vous êtes également un fervent défenseur du développement des pistes cyclables. Quelles sont vos demandes sur ce sujet ?
Didier Jau : On veut que les pistes cyclables soient sécurisées. Il faut les séparer du flux automobile et ne plus mettre les vélos en conflit avec les piétons. Il y a des coronapistes datant du premier confinement qui sont en train de s’effacer… On a envoyé des courriers à la Métropole sur ce sujet et faute de réponse, on a fait voter un rapport sur le sujet en conseil municipal. On a aussi rendu un avis sur le plan de déplacement urbain avec nos recommandations sur la création de nouvelles pistes cyclables. Il va falloir que l’on monte très vite au créneau car le climat est propice à la pratique du vélo et la demande est forte. Mais à la Métropole, ce n’est pas encore acquis culturellement et politiquement.
Votre secteur borde également la place Jean Jaurès, toujours en travaux. Aujourd’hui, il y encore beaucoup d’incidents. Comment résoudre ces difficultés ?
Place Jean-Jaurès : « On sera très vigilant notamment sur le parc d’enfants à sécuriser.»
Didier Jau
Didier Jau : Nous travaillons en coordination avec les deux autres mairies de secteur concernée : le 1-7 et le 6-8. On va recruter un régisseur d’ici le début de l’année pour rétablir le contact avec les commerçants et la population. Il va recueillir les propositions de chacun pour les reporter. Pour l’instant, il n’y a toujours pas de toilettes publiques, les bars sont toujours fermés à cause de la crise sanitaire et les tensions sont fortes. On a eu plusieurs réunions avec la population et ça commence à prendre forme. On sera très vigilant notamment sur le parc d’enfants à sécuriser. Pour l’instant, nous ne sommes pas encore fixés sur la date de livraison. J’ai entendu parler de mars 2021 mais rien de sûr.
Vous aviez prévu de mettre en place des budgets participatifs pour les habitants. Où en êtes-vous ?
Didier Jau : On attend toujours la validation par la mairie centrale. En attendant, nous avons prévu un budget de 80 000 euros à l’intérieur de l’enveloppe “transition” pour financer des expérimentations en 2021.
Le premier volet de notre interview
Didier Jau (4e et 5e) : « Avec la Métropole, les contacts sont tout récent » (1/2)
Liens utiles :
> Jarret : le maire du 4-5 Didier Jau demande à la Métropole de revoir sa copie
> Le maire de secteur Didier Jau demande de nouvelles coronapistes à la Métropole
> [Interview] Didier Jau, maire du 3e secteur : « rendre l’espace public aux habitants »