Pas de grand discours, ni d’annonces précises… La deuxième visite du Président de la République, vendredi 15 octobre, après celle de début septembre, ne donne finalement que peu de précisions sur les avancées de son plan Marseille en Grand. Certes Emmanuel Macron a réaffirmé son intérêt pour la cité phocéenne et sa volonté d’y investir mais sans donner plus avant les détails de l’action de l’Etat.
Pour sa première séquence au Cloître, vendredi soir, il a rappelé : « Ce Marseille en grand, c’est un pacte de confiance avec les élus, les entrepreneurs, les associations, les femmes et les hommes qui font la vie de Marseille, pour essayer d’inventer une nouvelle méthode parce que les difficultés sont tellement exceptionnelles et les potentialités tellement grandes, qu’il y a quelque chose ici à inventer ».
Simplifier pour accélérer les innovations sociales et économiques
Arrivé vers 19h30 dans cet ancien couvent transformé depuis trois ans en pôle d’innovation économique et social, Emmanuel Macron ne s’est pas arrêté devant la vingtaine de journalistes tenus à l’écart du bâtiment. Il s’est directement rendu à l’intérieur du Cloître pour assister à la fin d’un séminaire de travail sur les enjeux liés au plan Marseille en Grand notamment l’accès à l’emploi, l’insertion et la relance économique.
La réunion avait commencé plus tôt dans l’après-midi vers 14h30 animée par le haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises Thibault Guilluy (lire notre interview), et le nouveau préfet à l’égalité des chances en charge du plan Marseille en grand Laurent Carrié. Une centaine de personnes participe aux échanges, essentiellement des responsables de structures d’accompagnement comme l’Epopée et le Carburateur, mais aussi des banquiers et des entrepreneurs de l’économie sociale et des élus marseillais. Parmi eux, quelques adjoints de la mairie de Marseille comme Laurent Lhardit pour l’économie ou Olivia Fortin, en charge de la modernisation de la Ville. Le maire Benoît Payan arrivé quelques minutes avant le président de la République s’est brièvement adressé à la presse : « On attend que le Président nous annonce l’aide de l’Etat pour les écoles, les transports et la Métropole. Il nous a dit ce qu’il allait faire, il le fait. Il reviendra même en février. Ici, il est le bienvenu », affirme-t-il.
[Tout chaud🔴] @BenoitPayan au Cloître avant l’arrivée d’@EmmanuelMacron « attend la décision du président de la république pour les écoles, les transports et la #Metropole » #Marseille ➡️ #thread à suivre sur la visite du Président @AMPMetropole @Elysee @MartineVassal pic.twitter.com/u2gb7CqoMj
— Gomet’ (@Gometmedia) October 15, 2021
Pour les annonces concrètes, il faudra pourtant attendre encore un peu car le Président s’est surtout contenté d’écouter les porteurs de projets du Cloître avant de tirer un bilan de la situation dans un discours de clôture assez bref de huit minutes (voir l’intégralité de son propos dans notre vidéo) seulement. « La difficulté, ici, c’est que la Ville est fracturée entre des quartiers qui ont du mal à communiquer et se parler, constate-t-il. Il y a une concentration extrême de la pauvreté et des difficultés dans certains endroits (…) Si on arrive pas à accélérer notre action, la jeunesse part du mauvais côté ». Avant de s’attaquer aux blocages politiques du territoire, Emmanuel Macron veut s’appuyer sur le tissu entrepreneurial et associatif des quartiers nord de Marseille. Quatre plateformes vont être sélectionnées pour profiter d’un accompagnement particulier de l’Etat et aider les initiatives des jeunes entrepreneurs à se concrétiser. « Ces quartiers généraux doivent pouvoir régler les problèmes rapidement », souligne le président de la République. Il veut simplifier les démarches et l’accès aux financements : « Les appels à projets, c’est assez en compliqué en fait. (…) On récrée de la distance avec des procédures informelles, assez bureaucratiques ».
Le chef de l’Etat ne donne pas de chiffres sur le soutien de l’Etat mais plutôt une méthode. « C’est très positif comme approche, se félicite Olivia Fortin interrogée à la sortie de la réunion. Il veut éviter les lourdeurs administratives pour que les porteurs de projets soient libres d’entreprendre ». Reste dorénavant à préciser la mise en œuvre de ce programme. « Le Meccano reste à construire mais les structures d’accompagnement auront un rôle clé à jouer », indique la député LREM Cathy Racon-Buzon. Il est près de 21h quand le Président quitte le Cloître pour rejoindre la préfecture de Région et passer à une séquence beaucoup plus politique avec les représentants des principales collectivités locales du territoire.
Réforme : l’Etat mise sur la Métropole et les communes
« Ce fut un dîner de travail très cordial mais surtout très studieux », explique à Gomet’ Jean-Pierre Serrus présents parmi les convives de la préfecture en tant que vice-président de la Région en charge des transports. Cette réunion s’est terminée assez tard dans la soirée vers une heure du matin. Pendant quatre heures, le Président de la République a évoqué une dizaine de sujets dont les trois dossiers les plus chauds que sont le plan de rénovation des écoles, les transports et la réforme métropolitaine. Sur ce dernier point, la présidente Martine Vassal a présenté sa Métropole de projets avec les cinq grandes compétences qu’elle souhaite faire remonter : la mobilité, l’environnement, l’aménagement, l’habitat et le développement économique. Ensuite, la problématique du retour des autres compétences vers les communes ou les territoires doit être réglée par la loi 3DS examinée à l’Assemblée nationale le 6 décembre prochain. « Les deux niveaux de compétences retenus par l’Etat pour l’instant sont les communes et la Métropole », indique Jean-Pierre Serrus. Les maires de la Métropole semblent pourtant très attachés au maintien des conseils de territoires (émanations des anciennes communautés de communes avant la création de la Métropole en 2016). Martine Vassal répétait encore jeudi 14 octobre sa volonté d’en faire des « collectivités territoriales à part entière ». Le président de la République n’a pas tranché la question lors de sa visite. C’est la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault, qui a discuté avec Martine Vassal, un peu avant le dîner en préfecture, qui tentera de trouver une solution acceptable par tout le monde. Elle sera de retour le 26 octobre prochain à Marseille pour assister à une nouvelle conférence des maires dans l’hémicycle du Pharo.
Un rôle clé pour la chambre régionale des comptes
Outre les ministres, le maire de Marseille et la présidente de la Métropole, les présidents de la cour des comptes Pierre Moscovisci et de la chambre régionale des comptes, Nacer Meddah, ont également participé au dîner de travail de la préfecture. « Leur présence confirme qu’ils auront un rôle important à jouer », souligne Jean-Pierre Serrus. Rappelons que le gouvernement avait déposé en juillet un amendement à la loi 3DS dans lequel il proposait que la chambre régionale des comptes travaille sur un nouveau calcul des attributions de compensation reversées par la Métropole aux communes. La cour des comptes pourrait également apporter son expertise pour établir un barème précis des financements à attribuer aux communes en fonction des compétences de proximité qu’elles souhaitent récupérer. L’arrivée de ce nouveau protagoniste dans le jeu métropolitain risque de ne pas réjouir tout le monde, tant ses derniers rapports sur les collectivités locales ont été très souvent marqués par de fortes tensions avec les élus, notamment les maires du territoire.
Le discours du Président de la République au congrès des Sapeurs-Pompiers
Samedi 16 octobre, le président de la République s’est consacré au volet sécurité avec une approche beaucoup moins locale. Il a visité pendant deux heures les travées du congrès national des Sapeurs-pompiers au Parc Chanot. Il s’est arrêté sur plusieurs stands dont celui de la société aixoise Crosscall qui équipe la gendarmerie et la police nationale avec ses smartphones ultra-résistants. Il a ensuite livré un assez long discours de près d’une heure pour clôturer le congrès en abordant les nouvelles prérogatives des sapeurs-pompiers et les moyens mis par l’Etat pour renforcer leur action.
Le discours de clôture du congrès nationale des sapeurs-pompiers du Président de la République en intégralité :
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