L’Institut hospitalo universitaire Méditerranée Infection, le fameux IHU dirigé par le professeur Didier Raoult, dont AMU est l’un des partenaires, peut-il être un modèle d’organisation (association public-privé, recherche et pratiques) dans d’autres domaines ?
Eric Berton : La notoriété et la production scientifique de l’IHU ont un impact sur AMU et son classement. C’est indéniable. Nous sommes aussi en train de structurer l’université avec des instituts. On les appelle des instituts d’établissements. Ce sont des objets pluridisciplinaires qui ne remplacent pas les laboratoires ni les facultés où l’on affecte toujours les personnels. L’institut c’est un endroit où se réunissent l’interdisciplinarité, le lien avec les industriels. On essaye d’y faire ce que l’on ne peut pas faire dans les structures classiques. C’est la même démarche intellectuelle que pour l’IHU sans pour autant créer de structure juridique. Nos instituts d’établissements sont financés par A*Midex et validés par un board international. Il y en a une quinzaine qui structure l’université et permettent d’avoir des fonds supplémentaires. Nous en créerons peut-être quelques-uns en plus. Il sont complémentaires des composantes, des facultés, des écoles et des laboratoires de recherche. Nous voulons éviter d’avoir une université à deux vitesses : « on est dans un institut ou pas… » Non, c’est la recherche, la question scientifique qui va déterminer notre stratégie. On peut très bien être bien financé sans être dans un institut.
Où en êtes-vous de Civis, l’université européenne lancée l’année dernière avec sept autres établissements européens (**) ?
Nous avons mis en place un volet recherche à Civis pour développer des programmes que nous présentons à des financements européens
Eric Berton
Eric Berton : Le projet se déploie bien. Les universités impliquées sont de plus en plus proches entre elles. On espère vraiment passer l’étape du Covid pour que la mobilité étudiante devienne effective. Je rêve d’une carte étudiante « Civis » et que les étudiants de chaque université se sentent également membres de Civis. Nous avons ajouté à la mobilité étudiante une nécessité de mobilité de nos personnels, qu’ils soient administratifs ou scientifiques afin que ces derniers puissent aller se former et avoir des échanges culturels avec les autres universités. Enfin, nous avons mis en place un volet recherche pour développer des programmes que nous présentons à des financements européens. Nous avons d’ailleurs obtenu un premier financement de deux millions d’euros dans le cadre de l’appel à projets H2020 « SWAFS ».
Concernant l’international, quelles sont vos autres priorités ?
On veut vraiment développer nos relations avec les universités de Méditerranée et d’Afrique subsaharienne
Eric Berton
Eric Berton : Nous allons continuer nos actions sur la Méditerranée et l’Afrique, notamment subsaharienne. On veut vraiment développer nos relations avec les universités de ce continent. L’objectif est d’organiser le début des études sur place en ouvrant des formations puis de faire venir ici les étudiants en master. Nous ne voulons pas perdre ces étudiants étrangers qui sont pénalisés par la crise du Covid. Nous enregistrons une baisse de 40% du nombre d’inscrits étrangers cette année à AMU. Et nous allons maintenir aussi notre politique d’exonération des droits d’inscription. Nous organisons aussi des actions solidaires avec le Liban et l’Algérie. Bien entendu nos collaborations historiques fortes continuent à être développées, notamment en Chine et aux USA au travers de lieux de formation ou de laboratoires communs.
Concernant la Cité de l’innovation et des savoirs d’Aix Marseille, la Cisam, que vous avez portée précédemment en tant que vice-président à l’innovation, quel bilan en tirez-vous après plus d’un an d’activités ?
Eric Berton : Très positif. C’est un lieu d’attractivité et de rayonnement pour AMU mais aussi pour le territoire métropolitain. C’est vraiment le lieu de rencontre de l’innovation. Tout le monde y vient. Il est repéré par les industriels, les scientifiques et même le monde de la culture. Il vient d’ailleurs d’être « tagué » par le street artist Invader (rires) ! J’en profite d’ailleurs pour signaler le très gros travail que nous réalisons avec le monde la culture. Dernier exemple en date : les partenariats avec le Fonds régional d’art contemporain et le Mucem. Dans la perspective de la rentrée, le Frac installe en ce moment des œuvres de sa collection au siège d’AMU au Pharo.
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Lire le premier volet de notre entretien avec Eric Berton : « L’université c’est surtout de la culture » (1/2)
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(*) Entretien réalisé mardi 25 août 2020
(**) L’université européenne Civis comprend outre Aix Marseille Université, l’Université nationale et capodistrienne d’Athènes (Grèce), l’Université Libre de Bruxelles (Belgigue), l’Université de Bucarest (Roumanie), l’Université autonome de Madrid (Espagne), l’Université La Sapienza de Rome (Italie), l’Université de Stockholm (Suède) et l’Université Eberhard Karls de Tübingen (Allemagne).