Gomet’ apporte sa contribution au Congrès mondial de la nature qui se déroule à Marseille du 3 au 11 septembre 2021, avec la publication de dix avis d’experts de notre région qui éclairent à partir de leur expérience et de leurs analyses les problématiques territoriales. Ces textes ont été publiés dans notre guide de l’élu éco-responsable qui a été adressé cet été à 752 décideurs de notre territoire. Pour ce dernier épisode, François Fouchier, délégué Provence-Alpes-Côte-d’Azur du Conservatoire du littoral, partage ici ses convictions, sa vision et des pistes d’actions concrètes, réalistes, ludiques et profitables.
François Fouchier
Ingénieur, après un passage en Nouvelle Calédonie, il amorce une carrière dans le service public : le Rhin et les crues en Alsace, l’eau potable en Polynésie, puis l’installation en pays d’Aix en Provence avec un passage au CETE, le Centre technique de l’équipement, devenu Cerema, véritable pépinière de réflexion et d’actions sur l’aménagement. Il rejoint en 2009 le Conservatoire du littoral, dont il devient en 2014, délégué régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
La crise sanitaire que nous traversons nous interpelle sur notre rapport à la nature : avenirs de la biodiversité et de l’humanité sont étroitement liés. Pourtant nous constatons une accélération de l’érosion de la biodiversité liée pour l’essentiel à la dégradation des terres et l’artificialisation des sols. Ce constat implique un sursaut des acteurs publics avec un plan d’action de préservation des espaces naturels, décliné au niveau communal.
La biodiversité peut parfois sembler un sujet loin du quotidien. Pourtant, on lui doit nos paysages, elle nous rend des services essentiels et elle représente un patrimoine à transmettre aux générations futures. Afin de la protéger, l’admirer et la mettre en valeur, il faut d’abord « connaître ». L’enjeu est de faire de la biodiversité et de sa connais- sance le socle d’un aménagement durables des communes.
C’est de cette volonté qu’est née l’idée des Atlas de la biodiversité communale, ABC, telle que préconisée par la Stratégie nationale pour la biodiversité adoptée en 2014. La connaissance des enjeux de biodiversité du territoire communal constitue la base de toute planification d’aménagement et de toute action. Il s’agit d’inventaires naturalistes, de cartographies des enjeux de biodiversité, de recensement des ressources documentaires. Selon la démarche mise en œuvre, un ABC donne lieu à des productions diverses qui contribuent à une meilleure connaissance de la biodiversité d’un territoire et de ses enjeux. Cette connaissance demande à être actualisée, car les enjeux ne restent pas figés et son élaboration gagnera en valeur en associant à cette initiative la population et tous les acteurs de la commune, mais plus particulièrement les élus, les écoles et les services municipaux ainsi que les partenaires institutionnels comme l’Office français de la biodiversité, l’OFB, qui propose des financements ou l’Agence régionale pour la biodiversité et l’environnement, l’Arbe, ou les éventuels gestionnaires des espaces naturels de la commune (associations, parcs naturels…).
Une nécessité sociale : réconcilier nos modes de vie avec la nature
La préservation des espaces naturels n’est pas seulement une préoccupation touchant à l’agrément de l’existence mais constitue un besoin indispensable à une vie durable sur terre. Il est utile d’intensifier l’action communale en matière d’éducation à l’environnement de façon de passer de la posture de l’interdit ou de la prescription à une adhésion du plus grand nombre par l’appropriation des enjeux de biodiversité et enfin l’acceptation d’une nécessaire préservation pérenne. Éducation et formation s’inscrivent dans une démarche de solidarité entre générations et de responsabilité envers le futur et visent à promouvoir un autre regard sur la biodiversité et les ressources naturelles.
De nombreux supports pédagogiques sont disponibles aujourd’hui. Des établissements scolaires, des associations, telles que les Centres permanents d’initiatives pour l’environnement, les CPIE, proposent leurs services pour aider les communes à :
- Initier des projets environnementaux : éco-forums, consultations, outils pédagogiques, rencontres autour d’une thématique précise, formations
- Sensibiliser les scolaires, acteurs du territoire, collectivités, associations… Aux problématiques environnementales actuelles et à venir
- Accompagner les bailleurs sociaux, entreprises, collectivités, établissements scolaires… dans la réalisation de leurs projets environnementaux
Par ailleurs, il sera intéressant de promouvoir une aire éducative terrestre ou marine, petit territoire naturel géré de manière participative par les élèves d’une école ou d’un collège. Encadrés par leurs enseignants et une structure de l’éducation à l’environnement, les élèves se réunissent sous la forme d’un « conseil des enfants » et prennent toutes les décisions concernant leur aire terrestre éducative. Il s’agit de :
- Former les plus jeunes à l’éco-citoyenneté et au développement durable,
- Reconnecter les élèves à la nature et à leur territoire,
- Favoriser le dialogue entre les élèves et les acteurs de la nature (usagers, acteurs économiques, gestionnaires d’espaces naturels…),
- L’Office français de la biodiversité, l’OFB, lance un appel à projet (2021-2022) avec des financements possibles.