Un coup de tonnerre. Les acteurs de l’économie locale ont vivement réagi après le placement de la métropole Aix-Marseille en zone « d’alerte maximale » lors de la conférence de presse du ministre de la santé Olivier Véran mercredi 23 septembre. Par communiqué, ils se sont empressés de réagir à la mesure phare qui est la fermeture des bars et des restaurants dès samedi. Si beaucoup dénoncent une décision « unilatérale » prise par Paris sans concertation avec les élus locaux, tous font part de leurs inquiétudes pour les secteurs directement impactés.
Une décision précipitée
Alain Gargani, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME Sud), se dit stupéfait d’une décision qui aura des « conséquences désastreuses » pour le secteur. « Cette décision se fait de manière unilatérale depuis Paris, sans aucune forme de concertation avec les acteurs locaux. Cet exercice brutal du pouvoir laisse à réfléchir dans un contexte qui devrait être démocratique ». Il s’indigne de la rapidité de la mise en place de cette mesure : « cette mise en application extrêmement rapide ne laisse pas aux restaurateurs la marge de manœuvre nécessaire pour qu’ils puissent s’organiser et prendre leurs dispositions pour gérer au mieux leur personnel et leur stock ». Il poursuit : « La fulgurance de cette mesure va les plonger dans une situation extrêmement périlleuse pour la survie de leur activité ».
La #Cpme13 prend acte de la décision du ministre de la Santé de fermer bars, restaurants et salles de sports. Une catastrophe économique annoncée pour ces secteurs déjà si durement touchés ! Nous demandons au gouvernement un soutien à la hauteur des enjeux et du préjudice subi !
— CPME 13 (@cpme13) September 23, 2020
La CCI AMP dénonce un « reconfinement économique »
C’est un « reconfinement économique » pour la Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine Aix-Marseille (CCIAMP). Elle évoque d’abord le secteur de la restauration. « Il s’agit d’une catastrophe pour cette filière déjà durement ébranlée ces derniers mois ». La CCIAMP parle aussi de précipitation : « Nous sommes tout de même surpris de la précipitation avec laquelle cette décision a été prise, quelques jours à peine après l’annonce de restrictions dont le territoire n’a pas eu le temps de mesurer pleinement les effets ». Elle regrette « l’absence totale de concertation territoriale » et ce « alors que le gouvernement avait, il y a quelques jours à peine, opté pour le dialogue avant de prendre ce genre de décisions ». Le président de la CCIAMP, Jean-Luc Chauvin, qui s’est exprimé ce matin sur France Info redoute les potentiels « effets en chaîne » que cette mesure pourrait avoir sur la filière agro-alimentaire en général. Il en appelle à « l’agilité » des professionnels de la restauration pour maintenir une activité « dans le respect des règles » et « tout faire pour sauver leur entreprise et les emplois ». Il donne pour exemple la mise en place de services de drive et de livraison à domicile. Enfin il en appelle à la responsabilité des « concitoyens ». « Il en va de notre vie sociale, de notre économie, de nos emplois » conclue le président.
#covid19 @chauvinjl réagit « Soyons lucides, il s’agit d’un reconfinement économique […] Une décision […] quelques jours après l’annonce de restrictions dont le territoire n’a pas eu le temps de mesurer pleinement les effets ». Communiqué ▶️ https://t.co/5uiuvxTWtb pic.twitter.com/deDBL9ycRT
— CCIAixMarseilleProvence (@CCI_AMP) September 23, 2020
Philippe Korcia (UPE 13) : « Je ne lâcherai rien »
L’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE 13) parle, elle, d’un « coup terrible pour ces secteurs » et de « mesures radicales ». « Il serait impensable que des pans entiers de notre économie soient durablement fragilisés sans raison » soutient l’organisation patronale dans un communiqué. Si le syndicat ne peut garantir l’efficacité de ces mesures, il souligne néanmoins « un impact désastreux » sur l’économie locale. Par conséquent, il demande une solidarité économique de la part de l’Etat. « Il est impératif qu’à la solidarité sanitaire dont feront preuve les professionnels de ces secteurs réponde très directement la solidarité économique de l’Etat » juge l’UPE 13. Son président, Philippe Korcia, fait part de son soutien à tous les professionnels impactés par cette décision qu’il énumère : secteurs directement soumis à la fermeture obligatoire, fournisseurs, acteurs de l’événementiel, de la culture et des transports. Il espère en contrepartie des aides conséquentes. « Je ne lâcherai rien tant que je n’aurai pas de garanties tangibles que les aides seront à la hauteur du préjudice subi et que les pertes d’exploitation seront couvertes par les assureurs. J’en parlerai directement au préfet ».
Je ne lâcherai rien tant que je n’aurai pas de garanties tangibles que les aides seront à la hauteur du préjudice subi et que les pertes d’exploitation seront couvertes par les assureurs. J’en parlerai directement au @Prefet13. https://t.co/uHX3aQJoQ2
— Philippe Korcia (@PKorcia) September 23, 2020
C’est dans la presse, que Bernard Marty, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie des Bouches-du-Rhône (UMIH 13) a confié avec agacement sa réaction. « Nous représentons 7 500 entreprises dans le département et nous apprenons par BFM que nous devons fermer. L’Etat ne nous respecte pas et va nous tuer, mais nous n’allons pas mourir sans nous battre » peut-on lire dans Le Monde. Le représentant du syndicat patronal des hôtels, cafés et restaurants assure ce matin au micro de RTL qu’il ne restera pas sans rien faire : « Nous avons vraiment l’intention de nous faire entendre et on utilisera toutes les voies et les moyens pour pouvoir le faire ».
L’événementiel appelle à un plan de sauvetage
Autre réaction celle du Syndicat des activités événementielles (SAE), un secteur déjà lourdement impacté depuis le printemps. Les annonces d’Olivier Véran ont une nouvelle fois plongé dans la stupeur l’ensemble de la filière. « Au delà de l’analyse discutable de la décision sur la désignation des territoires “rouges écarlates”, ce sont ces revirements de situations et cette surenchère de mesures que nous dénonçons fermement. (…) Que les mesures déjà instaurées soient appliquées, que les protocoles soient renforcés, respectés, contrôlés, mais surtout laissez nous travailler ! » s’exclame le SAE dans un communiqué auquel il joint une série de propositions pour aider le secteur à passer la crise grâce à un véritable plan de sauvetage (document source page suivante).
Enfin, la CCI AMP, à travers le collectif Tous acteurs, appelle à un rassemblement demain à 9h devant le tribunal de commerce de Marseille pour manifester aux côtés de « l’UMIH13, de ses entreprises cafés et restaurants et de leurs collaborateurs, de tous les acteurs économiques (fédérations, groupements professionnels, associations d’entrepreneurs, associations de commerçants, associations de zones d’activités) pour dénoncer un reconfinement inacceptable et demander officiellement un moratoire sur cette décision.»
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