Au lendemain du classement de la métropole Aix-Marseille en zone d’alerte maximale, le premier adjoint de la mairie de Marseille, Benoit Payan, réclame « que l’Etat révise ces annonces » lors d’une conférence de presse à l’hôtel de ville. Au nom de Michèle Rubirola, toujours en convalescence, il demande un report de dix jours avant la mise en place des nouvelles mesures sanitaires. « Si à la fin de la semaine prochaine, les chiffres repartent à la hausse, nous seront alors prêts à prendre les mesures qui s’imposent », promet-il.
Marseille : « le taux de contamination le plus bas de France »
Comme beaucoup d’autres responsables politiques marseillais, le premier adjoint socialiste de Michèle Rubirola rejette les annonces du ministre de la Santé, Olivier Véran : « des mesures politiques qui visent à faire de Marseille un exemple ». Il explique d’autant plus ne pas comprendre ces choix alors que « les derniers chiffres du ministère de la santé montrent depuis quelques jours une inflexion de l’épidémie à Marseille ». Et d’affirmer que la ville affiche « le taux de contamination le plus bas de France », avec un R0 de 0,89. Le taux de positivité à 8,2% est même inférieur à Paris qui affiche 10%. « Ces résultats encourageants auraient dû être salués », estime-t-il.
Pour Benoît Payan, la ville de Marseille s’est montrée exemplaire dans la lutte contre l’épidémie. « Le fameux triptyque protéger, dépister, traiter est appliqué depuis longtemps ici », rappelle-t-il. Il se lance ensuite dans un inventaire à la Prévert des actions mises en place par la mairie citant les « 500 000 masques distribués », les 10 000 tests réalisés chaque jour, « soit 34% de plus qu’à Paris » précise-t-il, le dépistage du virus dans les eaux usées… « Quelle autre ville de France le fait ? », insiste-t-il.
En plus de la sévérité des mesures annoncées, Benoît Payan dénonce la méthode du ministre de la Santé. « Je ne l’ai eu au téléphone qu’une heure avant son intervention, assure-t-il. Je lui ai expliqué que je ne pouvais pas accepter de telles mesures ». Sans succès… Le classement en zone d’alerte maximale de la métropole implique notamment la fermeture complète des bars et restaurants dès samedi. « Je me mets à la place de ces commerçants qui vivent une année noire et qui, malgré les efforts consentis, sont une nouvelle fois punis », avance le premier adjoint.
Une réunion en préfecture dans l’après-midi
Si Benoît Payan assure « ne pas vouloir entamer de bras de fer avec le gouvernement », il compte bien le faire reculer en obtenant le report de dix jours des mesures sanitaires. Il fera passer son message cet après-midi à 15h lors d’une réunion de concertation en préfecture avec les représentants de l’Etat, de la Région, du Département, de la Métropole, de l’ARS et de l’AP-HM : « Je ferai au préfet une demande simple : Marseille, deuxième ville de France, doit être entendue et respectée », annonce-t-il. Il devrait être soutenu dans sa démarche par le président de la Région, Renaud Muselier, et la présidente du Département et de la Métropole, Martine Vassal, qui semble partager sa colère face aux annonces du gouvernement.
Les annonces faites par @olivierveran constituent une véritable catastrophe économique. Dès demain je me rendrai en Préfecture et je me mettrai à la disposition des professionnels et des habitants d’@ampmetropole impactés pour les aider.https://t.co/pcEc3xM8uU
— Martine VASSAL (@MartineVassal) September 23, 2020
Les maires d’Aix-en-Provence et de Berre l’Etang réagissent
Dans La Provence, la maire d’Aix, Maryse Joissains, ne décolère pas et attaque directement le ministre de la santé : « Là, on dérape, moi je dis : ferme-la, Veran ! La haute administration est en train de devenir folle ». Elle pointe des mesures disproportionnées : « Nous avons 5 malades en réanimation, et 10 personnes hospitalisées dans toute la ville ».
Le maire de Berre, Mario Martinet, lui aussi concerné, exprime son incompréhension et ses interrogations dans un communiqué : « Mais pourquoi les élus ne sont pas informés régulièrement de l’évolution négative de la situation et des mesures envisagées ? ». Il dénonce des méthodes « brutales et approximatives ». « Je ne peux accepter le mépris et l’incompétence de technocrates » s’insurge l’édile. Les mesures seront appliquées, poursuit-il, mais « viendra ensuite le temps où nous demanderons des comptes ».
Lien utile :
> [Synthèse] Raoult, Rubirola, Vassal… l’union sacrée marseillaise face au virus