La guerre entre l’Ukraine et la Russie a déclenché un engrenage de répercussions économiques, qui commencent à se faire sentir y compris à l’échelle locale. Mardi 8 mars dernier, la Chambre de Commerce et d’Industrie Aix-Marseille Provence (CCIAMP) a ainsi organisé un webinaire destiné à alerter les entreprises sur les risques encourus et les solutions existantes. « L’Ukraine n’est pas un partenaire majeur pour le territoire, néanmoins les échanges avec ce pays s’étaient accrus ces derniers temps », rappelle d’un ton grave Jean-Luc Chauvin, président de la CCIAMP, en préambule. En effet, l’Ukraine est le 46e client des Bouches-du-Rhône avec 46,5 millions d’euros d’exportations (aéronautique, robinetterie) et 59,3 millions d’euros d’importations (minerais de fer, produits chimiques). Concernant la Russie, la balance commerciale est davantage déséquilibrée avec pas moins de 74,16 millions d’euros d’exportations (céréales, machinerie …) contre 420,3 millions d’euros d’importations. La CCI craint particulièrement des représailles économiques sur des secteurs comme l’aéronautique, filière essentielle pour le territoire en raison de la présence d’Airbus à Marignane, sur l’automobile, mais aussi sur des matériaux comme l’acier, l’aluminium et les terres rares. Sur Aix-Marseille Provence, cinq entreprises possèdent des filiales en Ukraine et neuf en Russie.
« Il s’agit de la crise la plus importante pour CMA-CGM »
Christine Cabau-Woehrel, directrice des actifs CMA-CGM
A l’occasion du webinaire, la CCIAMP avait invité des entreprises du territoire à témoigner sur les problématiques à venir. « CMA-CGM emploie plus d’un millier de marins ukrainiens et 250 personnes à Odessa. De plus, bien que CMA CGM ait arrêté de prendre des commandes russes, nous avons des navires actuellement en cours d’acheminement pour des commandes antérieures au début de la crise. Nous ne savons pas ce qu’il va advenir de ces marchandises à leur arrivée sur le territoire russe. Il s’agit de la crise la plus importante pour CMA CGM » s’inquiète ainsi Christine Cabau-Woehrel, directrice central exécutif des actifs pour le compte de l’armateur marseillais. « Nous pensions sortir du covid-19 et voilà que le couvert est remis avec cette agression russe, d’autant que l’aéroport de Nice est très prisé par les oligarques russes », déplore pour sa part Bernard Kleynhoff, président de la commission développement économique et digital, industrie, export et attractivité pour la Région Sud.
Guerre en Ukraine : Des inquiétudes sur la cybersécurité et l’inflation
Depuis le début de la crise diplomatique, les gouvernements s’inquiètent de la menace de cyberattaques, la Russie étant passée maître dans ce domaine. La CCI, qui avait déjà évoqué lors d’un précédent webinaire les cyber risques encourus par une entreprise, a réitéré les précautions à prendre à l’aune de cette menace renforcée : « Nous courrons le risque d’une attaque massive qui toucherait les grands groupes, mais aussi les PME et les commerçants », alerte Jean-Luc Chauvin. Parmi les logiciels suspect, il évoque l’anti-virus Kapersky, majoritairement utilisé au sein des entreprises. Afin de prévenir les risques, la CCI entend « multiplier les réunions d’information » et recommande aux entreprises de faire « deux sauvegardes par jour » de leurs données.
« Nous courrons le risque d’une attaque massive qui toucherait aussi bien les grandes groupes que les PME et les commerçants »
Jean-Luc Chauvin, président de la CCIAMP
Autre risque pour les entreprises : celui de l’inflation sur des matières premières comme le gaz, le blé ou le pétrole, qui a vocation à s’accroître avec la guerre. «Des suivis individuels seront mis en place pour les entreprises en difficulté » promet à ce titre Jean-luc Chauvin.
Un plan de résilience gouvernemental pour aider les entreprises
A l’occasion du webinaire, Jean-Luc Chauvin et Julien Chenivesse, conseiller diplomatique du préfet de région, évoquaient une aide gouvernementale à venir pour aider les entreprises dans cette nouvelle période de crise. C’est chose faite depuis ce mercredi 16 mars : le Premier ministre Jean Castex a en effet annoncé une enveloppe de 25 milliards d’euros (dont sept milliards de nouvelles mesures) pour aider les entreprises et plus particulièrement les filières les plus impactées, à l’instar de la pêche, du BTP, de l’élevage et du transport.
Ainsi, l’annonce d’une remise de 15 centimes à la pompe faite le Premier ministre entre dans ce plan de résilience. A ces quinze centimes s’ajouteront par ailleurs une « mesure bonifiée » de TotalEnergies, qui accordera une remise à la pompe de 10 centimes supplémentaires dans toutes ses stations.
Certaines filières étant très énergivores, les entreprises dont la consommation dépassera 3% de leur chiffre d’affaires et qui subiront une hausse d’au moins 40% de leurs factures d’électricité ou de gaz, verront 50% de ce surcoût énergétique pris en charge par l’État, avec un plafond de 25 millions d’euros par société et une limite fixée à 80% des pertes opérationnelles.
Plus spécifiquement pour les entreprises directement touchées par la crise, l’Etat promet une prolongation de douze mois des accords de chômage partiel longue durée, ainsi que la prolongation des prêts garantis par l’Etat (PGE), dont le plafond passe de 25 à 35% du chiffre d’affaires.
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