« Il s’agit du plus gros investissement industriel de l’histoire du Port de Marseille-Fos ». Le président du directoire Hervé Martel n’est pas peu fier d’annoncer le dernier projet d’usine de production d’hydrogène avec H2V. Le port et la société d’ingénierie ont annoncé le 17 janvier l’implantation sur la zone de Fos-sur-Mer d’une installation capable de produire 84 000 tonnes par an d’hydrogène renouvelable par électrolyse de l’eau. « À terme, elle subviendra à la totalité des besoins en énergie de la zone industrialo-portuaire », estime Hervé Martel. Ce projet gigantesque va mobiliser 750 millions d’euros d’investissement pour six tranches qui occuperont 36 hectares sur le territoire portuaire.
Le port investit au capital de H2V Fos
À l’occasion du bilan annuel du port mardi 18 janvier, Hervé Martel a donné quelques précisions sur ce projet. Le Grand port maritime participera financièrement avec une participation au capital de la société dédiée H2V Fos, mais « nous ne pouvons pas encore donner de chiffres précis. Les discussions sont encore en cours », répond-il pour le moment. En Normandie, H2V a développé un projet similaire sur la zone Port-Jérôme qui vient d’être racheté par Air Liquide. Interrogé sur une reprise à terme de l’activité, Hervé Martel est clair : « Cela dépasse très largement pour l’instant nos capacités financières ».
Créée en 2016 par Lucien Mallet et Alain Samson, le président des transports Malherbe à Caen, H2V est une société d’ingénierie indépendante qui a déjà développé deux projets d’importance en Normandie et à Dunkerque. Elle mise gros dans le développement de l’hydrogène avec des ambitions importantes : « D’ici 2025, la filière développée par H2V aura créé 12 000 emplois et investi 3,5 milliards d’euros », indique la société sur son site internet.
Une énergie décarbonée pour les industriels et le transport
Pour le port, l’intérêt est surtout d’offrir à ses partenaires une énergie décarbonée. « Le premier débouché, ce sont les industriels qui peuvent rapidement utiliser cet hydrogène comme carburant pour leurs activités, notamment la sidérurgie et la pétrochimie », explique le président du directoire. Ensuite, l’énergie produite pourra alimenter les nouveaux moyens de transports en développement sur le territoire. Il existe déjà des compagnies de transports qui misent sur ce carburant pour faire rouler leurs camions et une station service d’Air Liquide à Fos. Enfin, le « power to gas », cette technologie de captation de CO2 pour faire du méthane de synthèse pour les armateurs s’intéresse à l’hydrogène.
Une livraison par tranches entre 2026 et 2031
Prévue à quelques encablures de Kem One, l’installation H2V Fos va être construite en plusieurs phases. La première unité sera mise en service en 2026 et les cinq autres arriveront progressivement d’ici 2031. Chacune développera une puissance de 100 MW, soit 600 MW au total. Pour tourner, l’usine compte employer à terme 165 personnes et créer une centaine d’emplois indirects.
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