Le nouveau maire de Marseille, Benoît Payan, a accordé deux interviews à nos confrères de Marsactu et de La Marseillaise qui ont publié leurs longs entretiens samedi 16 janvier.
Dans le premier, M. Payan revient notamment sur les propos de Michèle Rubirola, livrés au magazine Elle le 14 janvier, dans lesquels elle explique avoir proposer de se retirer dès le soir du premier tour au profit du jeune quadra: « Michèle était engagée dans cette campagne et, pour moi, il était en effet important d’aller au bout », avance-t-il sans vraiment confirmer les propos de l’écologiste. En revanche, sur les rumeurs d’une organisation de la démission de la maire à son profit, il est clair : « C’est un délire, un fantasme ». Les journalistes du site marseillais poursuivent sur la légitimité du nouveau maire, ce qui agace rapidement ce dernier : « Si je mettais en œuvre le programme commun de la gauche des années 80, on pourrait me dire que c’est illégitime. Or, je veux mettre en œuvre le programme qu’une majorité de Marseillais a choisi. En cela, oui, je suis légitime », finit-il par trancher.
Dans les deux entretiens, Benoît Payan assure qu’il tiendra les promesses du Printemps Marseillais annoncées pendant la campagne municipale. A commencer par la lutte contre la pollution : « On a des femmes qui ont quasiment un an d’espérance de vie en moins par rapport au reste du pays. C’est neuf mois en moins pour les hommes. C’est insupportable », insiste-t-il dans La Marseillaise. La maire s’attaque une nouvelles fois aux bateaux de croisières « qui ne respectent pas les normes ». Sur le Parc Valmer, cette bâtisse historique de la Corniche qui va se transformer en hôtel de luxe, il affirme que le parc attenant restera 100% public comme il l’avait annoncé à Gomet’ il y a dix jours. Benoît Payan compte également mettre un frein à l’urbanisation de Marseille en bloquant « les permis de construire où on détruira de la nature en ville pour construire des immeubles moches ». Il avoue cependant qu’il ne pourra pas stopper toutes les opérations lancées par la précédente majorité : « les arrêter ça a un coût et c’est aussi s’empêcher de mener des politiques publiques. Changer cette ville passe par des choix compliqués mais nous les ferons », assure-t-il.
Benoît Payan traque les marchands de sommeil
Sur la lutte contre le logement indigne, il déclare la guerre aux marchands de sommeil : « Désormais, ce sont eux qui ne vont plus dormir. J’ai demandé aux services d’organiser leur traque. Je veux qu’on les envoie chez le procureur de la République », prévient-il. Le maire annonce le lancement d’un grand plan de travaux d’office pour rénover le parc de logement insalubre de la ville et compte envoyer la facture aux propriétaires : « s’ils ne paient pas, je saisirai les biens », assure-t-il. Benoît Payan dit ne pas s’opposer aux promoteurs immobiliers et compte sur eux pour faire de la rénovation urbaine plutôt que du neuf. « C’est repenser leur métier. Il y a des dizaines de milliers de logements insalubres, des dizaines de milliers de logements vides (…) Les promoteurs doivent comprendre que les Marseillais veulent vivre mieux », déclare-t-il.
Pour mettre en place son programme, Benoît Payan va devoir trouver de nouvelles marges de manœuvres financières malgré une situation très tendue à la Ville : « Ce samedi nous aurons la version définitive de l’audit des finances (…) De ce que me disent les commissaires aux comptes, la situation est dans le rouge », avoue-t-il. Pour autant, le maire ne se résout pas à l’austérité et annonce qu’il va renégocier les prêts auprès des banques, « agir pour une fiscalité plus juste » et travailler sur la gestion du patrimoine municipal. « La Ville de Marseille, dépense aujourd’hui des millions d’euros en locations en tous genres alors qu’elle est elle-même propriétaire d’un patrimoine immense (…) C’est comme si un Marseillais était propriétaire d’un appartement, ne l’occupait pas et louait celui d’à côté en disant qu’il n’a pas d’argent à la fin du mois », explique-t-il au quotidien communiste. Sur Marsactu, il évoque un audit en cours sur le patrimoine de la Ville : « Les éléments montrent qu’on est propriétaires de biens partout dans la ville. Pour beaucoup d’entre eux, ils ne sont pas entretenus, mal attribués, pas attribués, vides, dégradés, insalubres, en péril… », avance-t-il.