Les ambitions en Europe et en Afrique
En mars dernier, Colis Privé a lancé ses deux premières filiales étrangères en Belgique et au Maroc. L’activité internationale doit officiellement démarrer cet été avec une filiale créée avec un partenaire français déjà présent dans le pays dans le secteur de la livraison de colis B-to-B, et un investisseur personne physique belge pour créer une filiale dans laquelle Colis Privé International S.A.S. détient 61% du capital. Cette entité couvrira la Belgique et le Luxembourg pour « s’ouvrir à la Hollande l’an prochain », annonce Frédéric Pons. Colis Privé se fixe un objectif de déploiement international ambitieux avec l’ouverture d’un pays par an. « En Europe, on ouvrira des filiales comme pour la Belgique avec un focus sur les pays du Nord et du Sud », explique le dirigeant. Pour l’Afrique, la stratégie est légèrement différente. La SARL Colis privé Maroc a été créée avec un partenaire Sadaa Invest qui détient 70% des parts de l’entreprise. Il s’agit en fait d’une licence de marque accordée à l’entreprise locale. C’est sur ce modèle que Colis Privé envisage de déployer sa marque en dehors des pays européens. Ainsi, le premier continent cible est l’Afrique mais d’autres territoires se sont montrés déjà intéressés. « Lors de la venue de l’ambassadeur d’Inde en France à Marseille en mai dernier, nous avons eu de très bons contacts et ils étudient déjà la possibilité de déployer Colis Privé en Inde », indique par exemple Frédéric Pons. Au final, Colis privé espère que l’international représente au moins 10% du chiffre d’affaires du groupe à l’horizon 2025. Côté rentabilité, les activités belge devraient atteindre l’équilibre dès 2022 et « devenir significativement profitables dès 2023 avec une marge d’Ebitda courant consolidée supérieur à 15% à moyen terme », précise l’entreprise dans le document transmis à l’AMF. Pour le Maroc, l’équilibre est espéré pour 2023.
Hopps n’abandonne pas Adrexo
Parallèlement à cette entrée en bourse de Colis privé, le groupe Hopps poursuit ses autres activités notamment avec Adrexo, sa filiale de distribution de courrier et de prospectus. Contrairement à sa petite sœur, cette dernière a été frappée de plein fouet par la crise sanitaire : « L’activité média-courier a été stoppée du jour en lendemain pendant le confinement », confiait Frédéric Pons à Gomet’ en septembre dernier. Son chiffre d’affaires 2020 n’est pas encore connu mais selon le syndicat majoritaire CAT Adrexo, les pertes tournent autour de 40 millions d’euros. Et Alain Gueguen, le secrétaire général du syndicat d’accuser directement Colis Privé de creuser le déficit d’Adrexo. « Nous pensons que si Colis Privé avait payé la totalité des services d’Adrexo ses pertes auraient été de deux tiers en moins au minimum », avance-t-il. Dans son document d’enregistrement à l’AMF, Colis Privé indique que les prestations de service réalisées par Adrexo ont représenté un montant de 29,4 millions d’euros. Frédéric Pons ne nie pas utiliser Adrexo pour la distribution de Colis : « On va continuer à s’appuyer sur les antennes d’Adrexo qui sont bien implantées en France. On ne change pas de stratégie », assure-t-il. Le patron compte même sous-traiter les activités de livraisons de colis pour d’autres sociétés que Colis Privé. « C’est un relais de croissance important pour relancer Adrexo », estime-t-il.
Une hypothèque sur Colis Privé dès l’entrée en bourse
Aussi, Hopps doit apurer un passif assez lourd avec des dettes qui s’élevait à 60 millions d’euros au début de l’année 2020. Entre-temps, le groupe a fait appel à plusieurs investisseurs dont le fonds GDP Vendôme pour une trentaine de millions d’euros et un prêt de 20 millions d’euros auprès de la Caisse d’Epargne, du Crédit Agricole et du Themis. Même l’Etat, la Métropole et la Région Sud sont intervenus pour sauver l’entreprise alors menacée de redressement judiciaire. Validé par le tribunal de commerce de Marseille en février 2020, la recapitalisation de l’entreprise n’est pas encore totalement terminée. « Le remboursement de la dette reste l’une de nos priorités », confirme Frédéric Pons. Pour y parvenir, Hopps a conclu avec différents fonds gérés par Redwood Capital Management un accord en vue de l’émission d’un emprunt obligataire senior garanti d’une durée de 5 ans et d’un montant de 110 millions d’euros. « Cette émission a pour objet de procéder au refinancement de l’endettement existant de Hopps Group et lui apporter des fonds afin de financer son besoin en fonds de roulement », explique le document d’enregistrement. Elle aura lieu à la date de réalisation de l’introduction sur Euronext. Seulement, en contrepartie de ce prêt, les investisseurs exigent en garantie la moitié de la nouvelle société Colis Privé Group. L’entité se lance donc dans l’aventure boursière avec une grosse épée de Damocles sur la tête, autant dire que la pression est grande sur les épaules des dirigeants pour réussir l’opération.
Chiffres clés de Hopps :
CA 2019 : 540 Millions d’euros
Effectif : 22 000 salariés
270 centres et relais
25 000 clients
Document source : le document d’enregistrement de projet d’entrée en bourse de Colis Privé
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