Seule procédure permettant à la population de participer au projet, l’enquête publique de la réhabilitation de Legré-Mante à La Madrague de Montredon (8e) s’est ouverte le 19 septembre. Pendant un mois, le commissaire enquêteur va relever les besoins et les craintes des habitants avant la transformation de la friche industrielle en quartier résidentiel de 330 logements.
En parallèle, la Métropole Aix-Marseille doit rédiger un Projet urbain partenarial (PUP) qui attribue les dépenses liées aux équipements publics sur le site (voirie, assainissement) aux opérateurs privés Ginkgo, le fonds d’investissement suisse en charge de la dépollution et Constructa, le promoteur immobilier. Ce PUP sera présenté lors du prochain conseil métropolitain le 6 octobre, avant la remise des résultats de l’enquête publique.
La friche industrielle Legré-Mante, située aux confins de la ville de Marseille, entre la mer et le massif des Calanques, est fermée au public depuis 2009. En 10 ans, c’est la première fois que l’ancienne usine de plomb rouvre ses portesle 17 septembre pour les journées du patrimoine. Une manière pour Constructa et Ginkgo de témoigner de leur « transparence » à l’égard des habitants. Malgré la présentation des étapes de la réhabilitation du projet 195 la Calanque par Ginkgo, les doutes subsistent chez les habitants concernant les enjeux de mobilité, d’assainissement ou encore de dépollution.
La mobilité est toujours une inquiétude majeure
Dans leur programme, Constructa et Ginkgo prévoient un élargissement de la chaussée et l’aménagement de 468 places de parking dont « 75 seront réservées à la vente pour d’autres habitants du quartier. » Mais les Marseillais présents ne sont pas pour autant rassurés. Ils craignent toujours une « augmentation de la congestion » dans le quartier. « La rue va être agrandie sur le site c’est bien. Mais ça ne va pas arranger grand-chose pour nous », déplore une habitante. Du même avis, une voisine rappelle l’étude de 2014 réalisée par l’Agam qui comptabilisait 20 000 véhicules par jour dans le quartier.« Ca va être pire avec ce projet !», estime-t-elle.
Conscients de cet encombrement, Constructa et Ginkgo avaient annoncé plusieurs solutions comme la création d’un « bus des Calanques » et l’installation d’un ponton pour assurer la déserte d’une navette maritime entre le centre-ville et la Madrague de Montredon. Or, ces deux projets ont été abandonnés au fil des discussions avec la Ville de Marseille pour préserver l’environnement. Restent une potentielle piste cyclable et l’élargissement de la chaussée dont le financement doit être chiffré dans le PUP par la Métropole.
Les services publics en attente sur Legré-Mante
Le document doit par ailleurs statuer sur le financement de l’aménagement de la place publique du Chevalier Roze, épicentre du quartier « qui redonnera l’accès à la mer », se réjouit l’architecte François Kern. Dans son projet, ce dernier a conservé 90% du bâti existant pour ne surtout pas« gommer les traces du passé industriel de la ville.»
Les 540m2 de services publics prévus dans l’enceinte du bâtiment en face de la place ne sont pas encore attribués par la mairie de Marseille. « Une maison des Calanques ça pourrait avoir du sens », glisse le directeur de programmes en charge des grands projets chez Constructa, Enzo Boretti.Il en va de même pour les commerces qui attendent leur tour. « Les commerces seront définis avec la mairie de secteur et la population. C’est eux qui savent mieux ce dont ils ont besoin que nous. » avance Enzo Boretti.
Le chantier de la dépollution préoccupe
Autre sujet, le plus délicat en termes de santé publique, la dépollution de deux siècles d’activités industrielles de plomb sur Legré-Mante. Le plan de gestion de la dépollution publié par Ginkgo en 2018 et approuvé par la tierce expertise du Bureau de recherche géologiques et minières (BRGM) en 2022, doit encore être validé par l’État.
Pour autant, ce document est « indépendant » du permis de construire que la mairie doit ou non valider. Quelques jours avant ces journées du Patrimoine, les membres de l’association Santé Littoral Sud, ont envoyé une missive au Préfet des Bouches-du-Rhône afin de décaler l’ouverture de l’usine « après la dépollution totale » « pour des raisons évidentes de santé publique » peut-on lire dans la lettre. Mais le site a tout de même ouvert au public samedi, accueillant 120 personnes sur site.
Suivant le calendrier de Constructa, le lancement de la partie commerciale est prévu en août 2023, quelques mois avant le début des travaux si le permis de construire est accordé.
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