Les salariés en formation pour passer l’orage
A l’instar du « plan aéro » de 2017, l’UIMM et les syndicats salariés (FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC) souhaitent mettre en place un accord territorial pour compenser la baisse d’activité. Sauf que cette fois, c’est toute l’industrie qui sera concernée. « Les discussions ont déjà été amorcées avec la Région », annonce Serge Bornarel. Le principe reste le même. Les industriels vont profiter de cette période creuse pour envoyer leurs salariés en formation. « C’est l’occasion rêver d’accélérer la transition des métiers vers le digital et l’environnemental », avance le délégué général de l’UIMM. Pour ce faire, il veut intensifier le « parcours Sud Industrie 4.0 » engagé par la Région. A l’origine, 500 entreprises devaient profiter de cette montée en compétence. « Maintenant, il falloir multiplier ce nombre par deux en 2020 et par 4 en 2021 », estime Serge Bornarel. Le délégué général de l’UIMM intime les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités : « Le mot subvention à l’investissement doit être prononcé. La Région a identifié 3 millions d’euros pour nous aider à faire notre transition énergétique en 2020. Il en faudra 30 millions en 2021 », lâche-t-il.
Un trou d’air de 25% pur la sous-traitance aéronautique
Contrairement aux autres régions, Provence-Alpes Côte d’Azur s’appuie sur une industrie très diversifiée avec des effets inégaux selon les secteurs. « La microélectronique se porte bien face à la crise. Nous avons conserver environ 80% de notre activité », indique Philippe Marc, le directeur de STMicroelectronics à Rousset. Même chose pour la chimie avec 81% du chiffre réalisé. Par contre, la sidérurgie représentée par ArcelorMittal et l’aéronautique ont été plus fortement touchées. Airbus est notamment concerné dans la région avec sa division hélicoptères de Marignane même si « contrairement aux avions, les hélicoptères sont en vols car ils répondent aux besoins des services sanitaires et sécuritaires du monde entier », assure Serge Bornarel. Pour autant, l’usine de Marignane a du faire face à des annulations de commandes et aujourd’hui, les sous-traitants sont très inquiets : « Ils enregistrent une baisse de 20 à 25% de leur activité et n’ont pas de visibilité à moyen terme », indique Laurent Lesénéchal, délégué CFDT pour Airbus Helicopters.
Au total, ce sont près de 2 000 salariés des entreprises sous-traitantes qui sont concernées. « Sur l’aéronautique, les difficultés dureront jusqu’en 2024 », estime-t-il. Globalement, l’UIMM régionale se félicite de résister mieux que les autres mais craint plus pour les années suivantes : « La grande question, c’est l’état de nos carnets de commandes pour 2021, 2022 et après… Dans tous les cas, on aura besoin d’aides pour maintenir nos emplois », conclut Serge Bornarel.