Le cabinet de conseil Eoc International basé à Marseille organisait du 6 au 7 juillet l’édition 2023 de son université d’été d’internationalisation des entreprises, à la Villa Gaby.
Sur deux jours, la cité phocéenne a reçu des représentants d’institutions de rang mondial, tel que l’Organisation mondiale du commerce, dont le directeur général adjoint Jean-Marie Paugam est intervenu sur la deuxième journée, mais aussi des industries comme Danone, Carrefour ou encore CMA-CGM.
Jean-Marie Paugman, DG adjoint de l’OMC : « L’innovation est indispensable pour la décarbonation »
Vendredi 7 juillet, le directeur adjoint de l’OMC Jean-Marie Paugam est intervenu en ouverture. « Dire que l’OMC est morte est une affirmation fausse. Ses règles continuent de régir 95% du commerce mondial » rectifie-t-il. Il reconnaît néanmoins des difficultés dans son mode de fonctionnement : « Nous avons du mal à moderniser nos règles sur des sujets emblématiques. Le climat en fait partie. en outre, nous sommes privés d’un mécanisme d’arbitrage contraignant car les Etats-Unis considèrent que cela empiète sur leur souveraineté » admet-il.
De fait, l’OMC étant composée de plusieurs Etats souverains qui ne sont pas tous au même niveau en termes de décarbonation, il est complexe d’arriver à un consensus sur le sujet. Ce qui retarde encore l’échéance pour arriver à une industrie décarbonée avant qu’il ne soit trop tard… « Je suis optimiste quand je vois à quel point les entreprises sont impliquées. Je suis persuadé que le commerce, par le biais de l’innovation, est indispensable pour atteindre les objectifs de décarbonation. Il est néanmoins vrai que nous allons devoir entraîner les pays du Sud dans cet élan, or ils manquent bien souvent d’infrastructures. Cela passe par la finance, mais aussi le commerce » expose Jean-Marie Paugam.
L’OMC travaille malgré tout sur la thématique environnementale, notamment sur la question des subventions envers les énergies fossiles ou encore le développement de l’acier vert.
La question de l’eau préoccupe de plus en plus les entreprises
Sujet connexe de celui du climat, la gestion de l’eau est une problématique que les entreprises ne peuvent plus ignorer. La session de clôture de l’université portait donc sur le « water risk » ou le « risque de l’eau. » Alain Meyssonnier, président de l’Institut méditerranéen de l’eau, cite en exemple le Maroc, où le leader de la production de phosphates, OCP, s’est d’ores et déjà tourné vers le mix de ressources en réutilisant à la fois l’eau dessalée et les eaux usées. « Les Marocains sont en outre précurseurs dans la mesure où ils utilisent de l’électricité verte pour dessaler ou traiter l’eau. Mais pour l’heure, en France, la solution à privilégier doit être le recyclage des eaux usées », précise Alain Meyssonnier.
Géant de l’industrie agro-alimentaire et important producteur d’eau en bouteille (Evian, Volvic), le groupe Danone se penche également sur le risque de l’eau. « Nous nous sommes aperçus que 88% de l’eau que nous utilisons provient de l’agriculture, et que cela nous coûte moins cher d’agir maintenant plutôt que d’attendre, au risque de voir le prix de la ressource augmenter. Il faut aussi que les pouvoirs publics jouent leur rôle en termes d’incitation » note Jehanne Fabre, directrice du service « Eau » de Danone. Elle reconnaît néanmoins les points sur lesquels le géant industriel doit encore s’améliorer notamment sur la fabrication plastique des bouteilles d’eau : « Nous avons engagé un travail sur la recyclabilité des contenants, mais nous devons malgré tout continuer de garantir un accès à l’eau à certains territoires, à moindre coût. Nous planchons également sur les modèles d’utilisation de l’eau de demain, avec l’installation de filtrage à domicile » poursuit Jehanne Fabre.
Compte tenu des Jeux olympiques de voile qui se tiendront l’an prochain à Marseille, Eoc International, qui est traditionnellement implanté à Marseille, réfléchit à délocaliser exceptionnellement son édition 2024.
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