La mairie de Marseille a accueilli pour la toute première fois le conseil d’administration du réseau Villes éducatrices mardi 21 septembre. Brest, Grenoble, Bordeaux, Lyon, et même Paris … Ils sont venus des quatre coins de la France pour évoquer la question de l’éducation, partager leurs bonnes pratiques et réfléchir à des solutions face aux problématiques que rencontre l’école. « Marseille sort enfin de l’isolement sur la question éducative», s’est réjouit l’adjoint à l’éducation, aux cantines scolaires, au soutien scolaire, et aux cités éducatives de la Ville Pierre Huguet. En effet, Marseille a rejoint l’année passée le réseau fondé en… 1998, et regroupant déjà 120 villes de l’Hexagone. L’objectif de ce groupement : réfléchir collectivement aux bonnes pratiques concernant l’éducation et faire le lien avec le ministère de l’Education nationale, notamment en faisant part de leurs remontées de terrain. Au delà de la question des écoles, la mission que se sont donnée les collectivités est de repenser la place de l’enfant dans la ville, au travers de la culture, du sport, ou encore de l’aménagement urbain.
Le réseau français des Villes éducatrices
Fondé en 1998, le réseau français des Villes éducatrices (RVFE) est une association qui se définit comme « un réseau d’élus pour des politiques éducatives territoriales » et regroupe à ce jour 120 villes. Leur objectif est de réfléchir au parcours éducatif des enfants et des jeunes dans les villes, au-delà de leurs simples compétences liées aux écoles, en partageant leurs expériences. Le bureau se compose de huit élues et élus, et d’un conseil d’administration d’une quinzaine de membres. Depuis le 22 septembre 2020, Emilie Kuchel, adjointe à la politique éducative locale de Brest, est la présidente du réseau Villes éducatrices.
Ecoles : « La priorité, ce sont les agents »
Lors de sa venue à Marseille début septembre, Emmanuel Macron avait mis la mairie face à ses responsabilités concernant les problèmes de fonctionnement au sein des écoles, même si une aide sera apportée sur le bâti. Concernant les exigences du chef de l’Etat (voir le discours d’Emmanuel Macron et notre article), Pierre Huguet se garde bien de commenter. Il faut dire que le projet « d’école du futur » évoqué par le Président et dans lequel les directeurs d’école auraient la liberté de choisir leur équipe et leur projet, c’est l’Etat qui est compétent et non la municipalité. En revanche, « il revient à la mairie de combiner harmonieusement les trois temps éducatifs – scolaire, périscolaire, extra scolaire – pour que le tout soit cohérent pour les enfants : c’est le travail entamé par Marie Batoux (ajointe au maire à l’éducation populaire, ndlr)». Concernant les aides annoncées par le président de la République, les autres villes de France ne s’estiment pas lésées. Au contraire : « On comprend qu’il y a un effet rattrapage très important à Marseille », estime Stéphanie Léger, adjointe à l’éducation à la ville de Lyon. La municipalité de cette dernière consacre pour sa part 350 millions d’euros par mandat à la rénovation des bâtiments scolaires et se tourne déjà vers la question de la transition écologique de ces derniers.
Au terme d’une première matinée de discussions avec les élus hexagonaux, les pistes pour « améliorer la place de l’enfant dans la ville » restent cependant encore à affiner. « On ne peut pas plaquer quelque chose qui marche dans une ville sur une autre. Ce qui fonctionne à Brest ne fonctionnera pas forcément a Marseille. Tout l’enjeu est d’adapter des mesures qui fonctionnent », estime l’adjoint marseillais. En revanche, il y a bien un projet précis qu’entend mener la mairie : « la priorité, ce sont les agents », martèle ainsi Pierre Huguet.
« On ne pourra pas faire sans ces femmes et ces hommes qui accueillent les enfants au quotidien. L’enjeu est de mener une véritable politique de ressources humaines d’accompagnement de ces agents pour qu’ils puissent accomplir au mieux leur mission de service public », justifie l’adjoint. Il rappelle par ailleurs les actions déjà engagées par la mairie comme l’instauration des cités éducatives qui permettent l’accueil des enfants avant, pendant et après le temps scolaire dans les quartiers défavorisés.
Une fracture entre l’Etat et les collectivités en matière d’éducation
L’Etat et les collectivités se partagent les compétences en matière d’écoles, ce qui peut conduire à des désaccords quant à la stratégie à adopter. En particulier lorsque le premier exige trop des secondes sans contrepartie. « Le ministre Blanquer s’est vanté du fait que les écoles restent ouvertes pendant la crise. Or, cela n’aurait pas été possible sans le maintien des communautés éducatives (enseignants, élèves, parents d’élèves, mais aussi les collectivités territoriales concernées, ndlr). Nous, collectivités, avons engagé des compétences complémentaires pendant cette crise qu’on n’ont pas été compensées. Idem pour les fameux capteurs CO2, que le ministère nous a demandé d’installer. Or, un capteur efficace coûte au bas mot 400 euros. Sur toutes les écoles de France, cela représente un coût colossal », dénonce vertement Patrick Bloche, adjoint à la Maire de Paris chargé de l’éducation.
La solidarité entre élus s’avère d’autant plus nécessaire que tous s’accordent à dire que la crise sanitaire a aggravé les inégalités sociales en milieu scolaire. Des inégalités pourtant déjà criantes à Marseille qui dispose d’un timing serré donné par le président de la République pour rattraper son retard … En tout cas, la cité phocéenne peut compter sur ses camarades des quatre coins de France.
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