Entre le Mucem et le musée Regards de Provence, la Villa Méditerranée abrite la réplique de la grotte Cosquer depuis juin 2022. Pour lancer le compte à rebours jusqu’à son millionième visiteur, qui devrait être atteint autour du 20 septembre, le gestionnaire Kléber Rossillon et la Région Sud ont organisé une grande soirée sur le parvis du J4 le 31 août. Une manière, aussi, de se féliciter du chemin parcouru.
En découvrant la Villa Méditerranée, il est difficile de s’imaginer qu’un musée fourmille à l’intérieur. Critiqué pour son architecture en porte-à-faux, conçu par l’architecte milanais Stefano Boeri, tantôt assimilé à une « casquette », tantôt à une « agrafeuse », l’équipement a été aussi décrié pour son absence de réelle vocation et le gouffre financier qu’il représentait pour la Région, maître d’ouvrage sous la mandature de Michel Vauzelle, l’ancien président de la collectivité à l’origine du projet.
[Document] L’histoire de la Villa Méditerranée par Bernard Morel
Mais ce bâtiment « mal aimé » a « suscité la curiosité » des visiteurs à l’ouverture de Cosquer Méditerranée. Si bien que, les premiers mois, 70% des clients étaient des Marseillais ou des habitants de la région. « Pour nous, c’était la clef du succès. On souhaitait d’abord avoir l’adhésion des habitants qui voyaient la Villa Méditerranée comme le vilain petit canard », se réjouit Frédéric Prades, le directeur général du site pour Kléber Rossillon, le groupe spécialisé dans la valorisation de sites patrimoniaux.

Pour lui, le musée a « surtout » attiré les visiteurs grâce à la renommée de la grotte Cosquer qui n’était pas à construire. « Dès sa découverte en 1985 par Henri Cosquer, la grotte a beaucoup fait parler d’elle. C’est un des joyaux de l’humanité. Personne n’a pu la visiter puisqu’elle est préservée… Donc elle a tout de suite éveillé la curiosité », explique le dirigeant.
La visite en immersion de la grotte à bord d’un fauteuil mécanique, dont le mouvement est synchronisé avec l’audioguide, est aussi l’une des raisons de l’intérêt des visiteurs de tout âge. Pensé comme une attraction touristique, Cosquer Méditerranée a notamment attiré 66 299 scolaires. L’intérêt des écoles participent aux bons résultats de cette première année d’exploitation qui a rapporté 10 millions d’euros à Kléber Rossillon.

L’entreprise a obtenu la délégation de service publique (DSP) en 2019 pour une durée de 25 ans auprès de la Région Sud, le propriétaire de la Villa Méditerranée. Grâce à son expérience de la grotte Chauvet 2 en Ardèche depuis 2015, Kléber Rossillon a misé sur la réussite du projet marseillais en investissant 27 millions d’euros. Ce montant comprend huit millions d’euros de subventions versés par la Région Sud pour adapter le bâtiment.
Si l’exploitation du musée rapporte, il faut compter les charges comme la redevance à la Région Sud de près de 300 000 euros. Le musée emploie également 91 employés – voire 110 agents en période estivale – et de « fortes charges en électricité » sont nécessaires pour la mécanique. La direction n’a pas souhaité préciser le montant global des coûts de structure.

Le 27 juin dernier, c’est le président de la République, Emmanuel Macron qui a inauguré le musée en personne, devant sa présidente Geneviève Rossillon et le président de Région, Renaud Muselier, au cours de sa nouvelle visite de trois jours de la cité phocéenne. Ce dernier parle de « véritable fierté pour le territoire » et d’une « fréquentation a dépasser nos attentes » dans un communiqué publié au lendemain de la cérémonie du 31 août. L’objectif initial visait plutôt les 500 000 visiteurs chaque année.
Un succès à relativiser
La réussite de Cosquer Mediterranée reste à confirmer. Le site a, certes, accueilli près d’un million de visiteurs en un peu plus de 14 mois. Mais son voisin le Mucem avait frôlé les deux millions d’entrées (1,8M) en 2013, propulsé par le label Marseille Capitale européenne de la Culture. Si l’engouement est un peu retombé depuis, avec en moyenne 1,2 million de visiteurs par an, le musée dentelle a entrepris une démarche de fidélisation en 2023, pour ses 10 ans : une nouvelle application propose une offre d’abonnement mensuelle à trois euros pour visiter le musée en illimité.

L’effet de curiosité passé, la fidélisation pourrait devenir à terme un enjeu pour Cosquer Méditerranée. D’une part, le prix du billet reste élevé pour les adultes (16€). Et d’autre part, Cosquer Méditerranée ne renouvelle pas ses expositions, ce qui rend plus difficile de faire revenir les clients. De son côté, le directeur général compte sur les projets d’aménagement à proximité sur les emplacements JO et J1 du port de Marseille pour continuer à attirer les visiteurs. « On devrait avoir un axe très intéressant », espère-t-il.
En outre, l’attractivité touristique de Marseille et de la région, au cours des prochains mois par les grands événements internationaux tels que la Coupe du monde rugby et les Jeux olympiques de 2024, constitue un levier indéniable pour booster l’audience de Cosquer Méditerranée. Et atteindre, depuis son ouverture, la barre des deux millions de visiteurs l’année prochaine ?
Liens utiles :
> Après un an, un bilan « plutôt bon » pour Cosquer Méditerranée
> [Reportage] Le chantier de la réplique de la Grotte Cosquer prend forme à la Villa Méditerranée
> Le site de Cosquer Méditerranée
> L’histoire de la Villa Méditerranée dans les archives de Gomet’