En deux ans, la scale-up marseillaise MailInBlack spécialisée en cyber-sécurité a doublé de taille. Pour recruter des profils rares dans un univers de la tech concurrentiel, être une entreprise basée à Marseille et certifiée « Great Place to Work » est un atout.
MailinBlack première entreprise française de cyber-sécurité certifiée « Great Place To Work » est en voie de labellisation par l’acteur de référence sur la qualité de vie au travail. Une étape supplémentaire vers la reconnaissance de la politique RH de la « scale-up » marseillaise qui emploie désormais 72 salariés. Leur métier ? Protéger les e-mails contre des cyber-attaques comme les ransomwares, spear-phishing ou phishing. « Nous sommes des gardes du corps numérique de nos 14 000 clients », décrit Thomas Kerjean, son dirigeant associé depuis trois ans. En 2019, cet ancien-directeur du cloud de Microsoft, également passé par Openclassrooms et Accenture entrait de façon minoritaire au capital de la société, au cours d’un LBO (leveraged buy-out : rachat avec effet de levier) réalisé avec le fonds de private equity Entrepreneur Invest et différentes banques comme le Crédit Agricole et la Caisse d’Épargne. À l’issue de l’opération, Damien Neyret, également fondateur de Letsignit, a conservé la majorité des parts de cette société co-fondée en 2003 avec Christophe Baralotto.
Accélération sur le marché des TPE et des PME
La stratégie déployée depuis ? MailinBlack a accéléré sur le « mid market », celui des TPE et des PME françaises, mais aussi sur le marché des collectivités locales et des hôpitaux français. MailinBlack travaille aujourd’hui avec un hôpital sur cinq en France. L’entreprise a notamment déployé une solution conçue avec des chercheurs en neurosciences : un logiciel pédagogique contre les cyber-attaques (Phishing Coach) qui permet aux utilisateurs d’appréhender leurs propres biais cognitifs pour ne plus tomber dans le piège des hackers. Une innovation qui a porté la croissance de l’éditeur marseillais, à côté de ses solutions anti-virus et anti-spam reposant sur de l’intelligence artificielle.
Vainqueur du « grand défi cyber-sécurité » initié dans le cadre de France Relance, l’entreprise a aussi bénéficié d’une allocation de l’État de 700 000 euros en 2021 pour financer sa R&D et « dérisquer » ses innovations. Ce qui lui permis de recruter plus facilement. En un peu plus de deux ans MailinBlack a fait « fois deux » sur le revenu récurrent annuel (9,5 millions d’euros) et le nombre de salariés.
« Un modèle californien provençal »
Lors d’une table-ronde du salon Access Security qui se tenait à Marseille mi-mars, le dirigeant confiait la difficulté à recruter localement et la nécessité ponctuelle d’aller chercher des profils rares comme les développeurs full stack (polyvalent) à Londres et Munich. « Ce marché n’est pas facile, car coupé en deux. Il ne compte que 4 % de femmes », éclaire Thomas Kerjean après la table-ronde. Dans ce contexte, la qualité de vie au travail est assurément un atout pour attirer à Marseille.
Entre le modèle traditionnel vertical et hiérarchique des entreprises françaises banni par les jeunes générations et le modèle américain très collaboratif, mais également très intrusif, MailinBlack offre une troisième voie. « Nous avons créé un modèle californien provençal », s’amuse le dirigeant. Pas question, par exemple, d’ouvrir une cantine gratuite, pour inciter de façon insidieuse, à faire des heures supplémentaires. « Nous offrons un vrai droit à la déconnexion, sans contrainte déguisée ».
« Chez nous, le manager est un coach »
Cette troisième voie s’incarne également dans le style de management voulu. « Le manager, chez nous, est un coach qui aide son équipe à se sentir bien. C’est un expert en compréhension fine des autres », détaille Thomas Kerjean pour qui le salaire, n’est plus systématiquement le critère numéro 1 des recrues. « Les générations millénium ont une appétence forte pour les projets à impact. À quoi ça sert : c’est une question importante pour une boîte aujourd’hui ». Enfin, MailinBlack a mis sur pied tout un panel d’accompagnement pour favoriser l’égalité des chances et travaille notamment avec l’association Bye Bye Sexisme.
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