La « Marina Olympique » prend forme sur l’anse du Roucas Blanc à l’extrémité Nord des plages du Prado dans le 8e arrondissement de Marseille. Elle se prépare à accueillir les épreuves de voiles pour les Jeux Olympiques 2024 du 26 juillet au 15 août. A terre, le duo d’architectes Rougerie+Tangram et l’agence Carta Associés est à la manœuvre avec Vinci Construction (Travaux du Midi). En mer, les travaux sont réalisés par le cabinet 331 Corniche Architecture pour moderniser l’anse. Estimé à 44 millions d’euros, l’aménagement de la Marina Olympique doit avant tout s’inscrire dans le temps pour profiter aux Marseillais.Le chantier devra être livré avant le 3 juillet 2023, date du « test Event » en préfiguration des épreuves.
« On a tout misé sur l’héritage que vont laisser les infrastructures. Tout le monde doit se les approprier » partage Jacques Rougerie, de Rougerie+Tangram avec Carta & Associés. Lors d’une conférence organisée par le Club Marseille Métropole (CMM) en marge de la venue du président des JO 2024 Tony Estanguet le 7 juillet, le binôme Tangram et Carta partage son souci d’avoir conçu des bâtiments « discrets » en adéquation avec « la ligne de l’horizon qu’offre le Roucas Blanc » à l’inverse de la piscine olympique « très ostentatoire » construite à Londres en 2012 explique l’architecte.
La Marina doit laisser un véritable héritage économique à la Ville
Samia Ghali, adjointe au maire de Marseille en charge des grands événéments
Dix ans après, Marseille est choisie pour les épreuves de voiles. Le mot « fierté » revient à l’unisson au cours de la soirée. Samia Ghali, l’adjointe au maire de Marseille en charge des grands événements, assure que « la Marina doit laisser un véritable héritage économique à la Ville » même si la voile n’est pas un sport très répandu à Marseille. La municipalité a donc mis la main au porte-monnaie. En tant que maître d’ouvrage de travaux, elle finance un quart des opérations soit 10 millions d’euros. L’État prend en charge 12 millions d’euros (par l’intermédiaire de la DSIL (dotation de soutien à l’investissement local), l’agence nationale du sport et Solideo, la Région ajoute cinq millions et le Département des Bouches-du-Rhône complète avec quatre millions. Afin de raccorder la voirie à la Marina, la Métropole engage de son côté quatre millions d’euros pour faire d’une pierre deux coups : aménager un rond-point et améliorer l’assainissement pour récupérer les eaux pluviales. Au total, 6 500 m2 des 17 087 m2 seront bâtis, ce qui revient à 40% du terrain.
Travaux terrestres : 29,5 millions d’euros pour six infrastructures
Les aménagements terrestres de la Marina sont les plus coûteux avec un investissement de 29,5 millions. Pour la partie sud, l’opérateur Travaux du midi commence par construire le « Pôle France voile » de 2 158 m2 (bâtiment 1) qui entraîne les athlètes aux Jeux Olympiques. A côté, les premiers travaux de l’école de voile municipale (2) ont aussi démarré. Le bâtiment servira de stockage du matériel et de vestiaire alors que l’espace voisin (3) accueillera les élèves de l’école. Une « direction de la mer » pilotée par Hervé Menchon, l’adjoint au littoral de la Ville de Marseille, s’étendra sur 4 059 m2. Cette nouvelle entité représente de loin la plus grande construction du complexe avec 62% de la surface bâtie.
A droite de l’entrée de la Marina, les fouilles sont réalisées pour couler les fondations du « pôle d’activité nautique » (4) qui sera un lieu de pédagogie et de sensibilisation à l’environnement. Au Nord, le bâtiment (6) est le seul bâtiment qui fait l’objet d’une réhabilitation.
Marina olympique : 10 millions pour faciliter la navigation
Tout autour de la baie, près de 130 arbres et végétaux seront plantés pour entourer le littoral. Le cabinet 331 Corniche Architecture et Ingérop ont là aussi amorcé les travaux. Dans un premier temps, le dragage a été réalisé par le duo Travaux du Midi (Vinci Construction, mandataire) et Alzeo Environnement (Saint-Aubin-du-Cormier, Ille-et-Vilaine) pour un montant de près de trois millions d’euros. Le dragage d’une deuxième zone a également débuté devant l’Hôtel NHow qui accueillera une partie des athlètes pendant les Jeux.
Les principaux travaux, chiffrés à sept millions d’euros, sont la construction d’une nouvelle digue interne au bassin qui doit protéger le plan d’eau des entrées maritimes par le sud. Ensuite, les équipes construiront un quai central pour l’entretien des bateaux de la base et une passerelle nord sera pour assurer le cheminement continu entre le secteur Sud et Nord. Plusieurs infrastructures hydrauliques, telles que les buses d’avivement, seront installées pour améliorer la qualité des eaux et leur renouvellement.
Marseille Capitale de la mer en héritage
Marseille capitale de mer compte bien profiter de l’élan des Jeux Olympiques comme« tremplin pour l’après». Depuis deux ans, l’association travaille à la création du label européen« Capitale de la mer» avec Marseille comme première ville hôte. « On mobilise les jeunes et les enfants dès maintenant pour qu’ils s’intéressent aux épreuves des Jeux Olympiques au moment venu. Il y a un gros travail de mobilisation. Certains jeunes ne savent pas qui est Florent Manaudou… » explique Patrick Fancello, le cofondateur de l’association.
Pour une ville où un enfant sur deux ne sait pas nager, selon une étude de la municipalité en 2021, il faut démultiplier les actions pour intéresser les habitants à la nage et aux sports nautiques avant les JO. Marseille capitale de mer a entamé, lundi 18 juillet, la deuxième édition de son événement« un pas vers la mer» pour apprendre à 150 enfants à nager.« Le site de Marina serait un endroit idéal pour installer un bassin de nage, car il y a déjà le poste de sécurité et les douches» glisse Patrick Fancello, qui attend de nombreuses autorisations pour mener à bien un tel projet.
Liens utiles :
> Marina olympique du Roucas Blanc : « on est dans les temps » (Tony Estanguet)
> Annick Girardin suggère l’idée d’une capitale méditerranéenne de la mer à Marseille en 2023
> [Indiscret] JO 2024 : coup de mistral sur la tribune du Roucas
> Emmanuel Macron en visite à Marseille veut des « Jeux olympiques et paralympiques exemplaires »