Le mouvement Une génération pour Marseille, censé regrouper la jeunesse marseillaise de droite et du centre, organisait une nouvelle réunion politique, vendredi 8 novembre au soir. Après une première soirée en juillet dernier au Château de Forbin (12e), Une génération Marseille a opté pour l’Epopée (14e) pour ce nouveau rendez-vous, consacré au bilan du plan “Marseille en grand”, en réaction au récent rapport de la cour régionale des comptes (CRC) à ce sujet.
Intitulée “Et si on s’en parlait ?”, cette réunion thématique se veut être la première d’une longue série, l’idée sous jacente étant “d’alimenter le débat”, à l’horizon des futures élections municipales de 2026. « L’idée, jusqu’aux municipales est de trouver un mode d’emploi pour se parler directement, afin de péter les silos » présente en préambule le président d’une Génération pour Marseille Romain Simmarano aux côtés de son acolyte, Sandra Blanchard, ex-directrice de campagne de Sabrina Agresti-Roubache.
En introduction, justement, l’ancienne secrétaire d’Etat déléguée au plan Marseille en grand est intervenue en visio-conférence pour défendre son bilan, face aux accusations de la CRC. En effet, le document pointe du doigt non seulement les lacunes structurelles du plan, dont la seule trace écrite est le discours prononcé par Emmanuel Macron en 2021, mais aussi sa lenteur, seulement 1,31% des cinq milliards promis ayant été enclenchés en trois ans.
L’ancien DGA au plan école de la ville de Marseille Christophe Pierrel déplore « le manque de courage » dans la réalisation du plan de rénovation des écoles
— Gomet' (@Gometmedia) November 8, 2024
« Pas un seul chantier n’a pour l’heure été lancé par la Société publique des écoles de Marseille » affirme-t-il pic.twitter.com/O1PeA7Ja44
Agresti-Roubache défend son bilan : « On ne peut pas dire que rien n’a été fait »
« Dire que rien n’a été fait, ce n’est pas vrai », plaide ainsi l’ancienne membre du gouvernement. Elle affirme ainsi que les 650 millions d’euros promis au titre de la rénovation urbaine « sont sanctuarisés » et remet sur la table son projet d’extension d’Euroméditerranée pour porter les opérations en lien avec l’agence nationale de la rénovation urbaine (Anru). « L’argent ne repartira pas à Paris » promet Sabrina Agresti-Roubache. Sur les transports, « les quinze projets sont là et l’argent est conventionné », affirme encore l’ex-secrétaire d’Etat. Cela ne signifie pas pour autant que l’argent est bloqué : comme l’expliquait à Gomet’ le préfet Christophe Mirmand dans un précédent article, le déblocage des financements par l’Agence de financement des infrastructures de transports (Afit) se fait au compte-goutte, en fonction de l’avancée des projets … « On ne rattrape pas 25 ans de retard en trois ans » tente encore de défendre Sabrina Agresti-Roubache.
Deux tables-rondes se sont ensuivies portant sur les écoles et les transports. Pour la première partie sur les écoles, Une génération pour Marseille est allée chercher la contradiction, en conviant une personnalité issue de la gauche : l’ancien directeur général adjoint au plan Ecole, Christophe Pierrel. Celui qui a quitté ses fonctions en 2022 dénonce « un manque de courage » de la part des élus.
Plan écoles à Marseille : « Interventionnisme et manque de courage » (Pierrel) – Gomet
Plan écoles : « Il y a eu des arbitrages politiques » (Royer-Perreaut)
« On ne peut pas dire que la 1ère tranche du plan écoles s’est mal passée. La liste des 174 chantiers a été élaborée en lien avec les mairies de secteur en fonction des remontées de terrain . […] Les choses ont déraillé lorsque la politique s’en est mêlée » dénonce-t-il ainsi. Il affirme que « les seules écoles réalisées avait été initiées sous l’ancienne majorité et sous la mandature de Michèle Rubirola. » « La société publique des écoles (Spem) n’a à ce jour lancé aucun chantier » poursuit celui qui avait justement, un temps, brigué la direction de la Spem.
A son côté, l’ex-député Renaissance Lionel Royer-Perreaut y va de son couplet : « Le problème de Marseille est un problème de gouvernance. Le problème est que chacun travaille en silo pour exploiter politique le plan Marseille en grand. » L’ancien parlementaire, élu dans l’opposition municipale, dénonce « des arbitrages politiques » dans l’élaboration de la liste des écoles à rénover, mais aussi l’absence de collaboration avec la municipalité.
La seconde table-ronde, consacrée pêle-mêle à la sécurité, aux transports et au Port de Marseille réunissait le responsable départemental du syndicat Alliance police Sébastien Graneron, la présidente de la RTM Catherine Pila et le vice-président du Grand port maritime (GPMM) Jean-François Suhas. Côté sécurité, Sébastien Graneron revient sur « les sous-effectifs policiers », déjà soulignés dans un autre rapport, daté d’octobre, de la Cour des comptes, mais aussi le maque de caméras de vidéosurveillance. Côté transports, Catherine Pila rappelle que « les chantiers sont lancés » et revient sur les sempiternelles chicayas entre Métropole et mairie sur le sujet. « Ce qui fait la différence c’est que nous avons un bilan à défendre sur les transports alors qu’ils n’en ont pas sur les écoles » tacle la présidente de la RTM.
Mais le plus remonté à l’encontre de la municipalité est sans doute Jean-François Suhas : « Ces gens n’ont aucune connaissance du monde portuaire», s’inquiète le vice-président du Club de la croisière. Il rappelle : « Aujourd’hui, il y a quinze millions de projets sur le port, avec le branchement des navires à quai, la ligne à très haute-tension … »
Malgré une approche qui se voulait transpartisane, la mairie de gauche a ainsi été ciblée à plusieurs reprises. Le ton de la campagne des municipales est lancé …
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