Les petits Marseillais ont repris le chemin de l’école, lundi 2 septembre. En cette rentrée, certains d’entre eux ont pu inaugurer les locaux flambants neufs de trois nouvelles écoles : l’école des Abeilles (1er), qui existait déjà dans un autre bâtiment mais a été reconstruite dans un immeuble rénové ; l’école Malpassé-les-Oliviers (13e) ; et enfin l’école Marceau (3e), tout juste sortie de terre. S’ajoute à cette salve la Cité scolaire internationale (2e), portée par la Région, qui vient également de faire sa rentrée.
Des écoles à Marseille « ouvertes sur le quartier »
Ces écoles d’un nouveau genre sont les premières concrétisations du plan Marseille en grand, dont un volet prévoit la rénovation de 188 écoles marseillaises dans les dix ans à venir. D’ici 2025, dix-sept autres écoles verront le jour en tout, et une trentaine de chantiers sont effectivement lancés, certains pilotés par la Société publique des écoles de Marseille (Spem) qui regroupe Etat et Ville, d’autres directement par la mairie, comme c’est le cas pour l’école des Abeilles. En visite pour la première fois dans les locaux de cette école, mercredi 4 septembre, l’édile marseillais Benoît Payan se félicite : « Je suis fier du travail accompli, et fier d’avoir réussi à convaincre l’Etat de nous accompagner. Nous passons d’écoles taudis à écoles de haute qualité. »
Cour végétalisée, plancher chauffants ou rafraîchissants, matériaux biosourcés conçus par des entreprises locales, panneaux photovoltaïques dans la cour de l’école Malpassé… Les écoles qui sont en train d’être créées, ou le seront, se veulent en accord avec leur temps et anticipent même pour l’avenir, avec du mobilier et des cloisons modulables. « Nous ne savons pas à quoi ressemblera l’enseignement dans trente ans. Il nous faut anticiper. » Le défi s’est révélé de taille, particulièrement pour l’école des Abeilles, reconstruite dans une ancienne unité d’habitation. « L’école est coincée entre deux immeubles, et il ne fallait pas faire trop de nuisances sonores pour ne pas trop déranger le voisinage… », confie l’architecte José Morales.
Au delà de l’écologie, les écoles sont pensées comme des lieux de sociabilisation, ouvertes sur leur quartier : ainsi, lorsque les élèves ne seront pas là, gymnases ou encore salles de classes seront susceptibles d’être utilisés par les associations du quartier. Les écoles ont donc vocation à devenir de véritables écosystèmes, à l’instar de l’école Marceau : abritée dans des Algeco durant douze ans, elle dispose enfin de ses propres locaux et sera prochainement bordée par une rue des enfants, par laquelle il sera possible d’accéder directement à l’école.
Rénovation des écoles à Marseille : un rapport sénatorial « acide et piquant »
Au total, ces trois écoles représentent un investissement de 39 millions d’euros : 15,24 millions pour l’école Malpassé-les-oliviers, 8,8 millions pour l’école des Abeilles, et enfin 15 millions pour l’école Marceau (qui comprennent les travaux pour la rue des écoles).
Représentant de l’Etat, qui abonde 400 millions d’euros sous diverses formes, sur le milliard consacré aux écoles, le préfet Christophe Mirmand, salue lui aussi le travail effectué : « C’est une grande satisfaction d’être ici trois ans après les annonces du président de la République au Pharo (lors de l’annonce du plan Marseille en grand, ndlr). Bien sûr, on n’avance jamais assez vite, mais il faut se rendre compte du chantier colossal que cela représente. »
Malgré ce satisfecit général et l’avancée des travaux, un rapport sénatorial dressé par les sénateurs Stéphane Sautarel (LR) et Isabelle Briquet (PS) et paru en juin, mettait en doute la capacité de la Ville à assurer le financement de la rénovation, ainsi que le timing des dix ans pour la rénovation des 188 écoles. Des incertitudes reprises par l’opposition de droite, incarnée par le mouvement Une génération pour Marseille, qui tacle à nouveau la majorité municipale : « Dans le meilleur des cas, 15 écoles seront livrées d’ici à 2026. Malgré le milliard, malgré l’engagement de l’Etat, il faudrait 70 ans pour finir de rénover toutes les écoles ciblées à ce rythme », accuse ainsi le collectif fondé par Romain Simmarano et Sandra Blanchard. Il accuse carrément Benoît Payan d’avoir « tué » le volet école du plan Marseille en grand.
Interrogé sur ces critiques durant la visite des trois écoles ce même jour, le principal intéressé répond : « Il y a ceux qui critiquent et ceux qui font. Ce sont les mêmes qui nous disaient que nous n’aurions jamais le soutien financier de l’Etat. Qu’ils le veuillent ou non, aujourd’hui, les résultats sont là. » Concernant spécifiquement le rapport sénatorial, s’il reconnait sa qualité, il aurait souhaité qu’il « soit moins politique. » De son côté, le préfet Mirmand souligne le côté « acide et piquant » du rapport mais reconnaît néanmoins un manque de cohérence dans la formalisation du plan. Le Sénat, en effet, pointe une absence de contractualisation entre la Ville et l’Etat, ainsi que d’un document récapitulatif de l’ensemble des projets, qu’ils concernent les écoles, les transports ou encore la rénovation urbaine. Pour l’heure, le seul document synthétisant ces projets est le discours fondateur de Marseille en grand, prononcé par Emmanuel Macron en septembre 2021, au Pharo.
Ecoles : Benoît Payan veut demander une rallonge budgétaire au prochain gouvernement
Ce n’est pas tout : selon le Sénat, les 400 millions d’euros promis par l’Etat ne seraient à ce jour pas sanctuarisées. En effet, si 254 millions d’euros sont bien inscrits dans la loi de finances de 2022, et 66 millions assurés par l’Agence de la rénovation urbaine (Anru), le reste est suspendu à la validation annuelle du préfet dans le cadre de la dotation de soutien à l’investissement local (DSIL). Reste ensuite à la charge de la Ville la somme d’1,1 milliard d’euros restants, financés en partie grâce à de l’emprunt garantie par l’Etat.
Coupes budgétaires : « J’ai le pressentiment que le gouvernement va taper sur les collectivités »
Benoît Payan
Inquiet des coupes budgétaires annoncées par le ministère des finances, le maire Benoît Payan envisage de demander une rallonge budgétaire à l’Etat. « J’ai le pressentiment qu’ils vont taper sur les collectivités » confie Benoît Payan, inquiet. Cela devra néanmoins attendre la nomination d’un nouveau chef du gouvernement … « Je n’aurais aucune difficulté à trouver son 06 » lance avec assurance le maire.
En savoir plus :
> Le plan de rénovation des écoles sur le site de la Ville de Marseille
> Une Génération Marseille dénonce la gestion du plan de rénovation des écoles par Payan
> Plan écoles de Marseille : la Caisse d’épargne Cepac prête 91,5 millions à la Spem
> [Dossier] Écoles, transports, cinéma… « Marseille en grand » passe son bac !