Marseille en grand : le lent amorçage des carrefours de l’entrepreneuriat

Annoncés il y a tout juste un an par l’actuelle Première ministre Élisabeth Borne, à l’époque ministre du Travail, les quatre carrefours de l’entrepreneuriat sont complétés depuis 1^er mars par « le Bus » : un carrefour itinérant porté par Germinal, une association membre du Groupe SOS.

Ces guichets uniques d’information pour les jeunes de moins de 30 ans ont été lancés,en parallèle du dispositif d’accompagnement « Capital jeune créateur », dans le cadre du plan Marseille en grand. Voici un bilan à date de ces deux dispositifs à quelques jours de la venue d’Emmanuel Macron.

« Il faut que l’on aide à développer l’entrepreneuriat dans nos quartiers », plaidait le président de la République en septembre 2021, à l’occasion de son discours de présentation du programme Marseille en grand. Six mois plus tard, quatre carrefours de l’entrepreneuriat sont mis sur pieds. Leurs missions ? Accueillir, informer et orienter les jeunes marseillais de moins de 30 ans, qui se rêvent en futurs chefs d’entreprises. Rapidement, des structures déjà existantes saisissent l’opportunité.

Synergie Family donne naissance à l’entité« Le Spot » (14e). Le Carburateur lance un carrefour éponyme (15e). La Friche Belle de Mai crée une structure dédiée aux transitions,« Le Transforama » (3e). Et la chambre de commerce et d’industrie (CCIAMP) implante son guichet « Instinct Biz’ » (6e) dans le centre-ville.

Début mars, un cinquième carrefour itinérant, nommé« le Bus de l’entrepreneuriat », est lancé par l’association Germinal (groupe SOS) pour toucher les néo-entrepreneurs« loin des radars ».

Pour encadrer cette expérimentation à Marseille, l’Etat a fixé un but collectif aux porteurs de projets : accueillir 8 000 jeunes entre 2022 et 2024.

En parallèle, le capital jeune créateur est mis en place pour accompagner 2 500 jeunes à la création d’entreprise en deux ans. Ces jeunes doivent présenter un projet viable aux structures accompagnatrices. Ils peuvent être orientés par un des carrefours de l’entrepreneuriat, par une association ou venir de leur plein gré.

Ce dispositif est porté par quatre consortiums (Coup d’envoi Marseille, Teste ton business by UCE, les Grands Talents de Marseille et Entreprendre en grand avec CCIAMP, la BGE, Positive Planet et la CMAR Provence-Alpes-Côte d’Azur). Comme son nom l’indique, les structures peuvent aider les jeunes à débloquer une prime d’amorçage de 3 000 euros pour aider 1 000 projets à décoller. Mais alors, où en sommes nous ? Les deux dispositifs sont-ils efficaces ?

Le lancement balbutiant des carrefours de l’entrepreneuriat

Au regard des chiffres transmis par la Préfecture des Bouches-du-Rhône, les carrefours de l’entrepreneuriat sont loin d’avoir touchés les 4 000 jeunes espérés. Entre février 2022 et février 2023, les équipes ont accueilli 1 091 jeunes, soit un quart de l’objectif initial fixé par le gouvernement. Atteindre l’objectif des 8 000 jeunes semble être compromis pour février 2024.

Selon plusieurs sources concordantes, ce lancement fastidieux s'explique pour deux raisons. D'une part, les équipes ont pris six mois pour faire le lien avec la multitudes d'associations marseillaises dédiées à l'emploi pour comprendre leurs actions et orienter les jeunes par la suite. D'autre part, le dispositif n'est pas suffisamment visible et manque de notoriété auprès des jeunes, en particulier les plus isolés.

Ce sont notamment ces jeunes que le Bus de Germinal entend cibler, mais au sud de la ville. « Ce 5ème carrefour permettra d'aller vers les jeunes que les carrefours de l'entrepreneuriat et les acteurs du service public de l'emploi n'arrivent pas à toucher, ceux résidant dans les zones les plus enclavées. Dans ce cadre, Germinal déploiera un carrefour mobile dans les quartiers Sud et Est de la ville», nous explique la Préfecture.

La prime capital jeune créateur versée à 13%

Concernant l'accompagnement du capital jeune créateur, les chiffres sont meilleurs. En un an, 1 086 jeunes ont été accompagnés par les structures lauréates qui ont réalisé près de la moitié de leur objectif (43%).

Quant à la prime d'amorçage de 3 000 euros, elle semble plus difficile à obtenir. Aujourd'hui, 129 jeunes ont perçu ce montant sur les 1 000, soit 13%. Nous avons cherché à connaître la liste précise des projets aidés par cette prime jeune créateurs, mais la Préfecture précise : « L'outil de reporting mis en place par la Plateforme est en cours de finalisation. Aussi, nous pourrons avoir la liste des projets soutenus par la prime via cet outil global très rapidement.»

Pour informer au mieux les jeunes et les toucher directement via écrans interposés, l'école du numérique La Plateforme_ a reçu une aide de 300 000 euros pour développer les supports informatiques nécessaires.

Ces dispositifs concernent en majorité les jeunes les plus défavorisés comme le voulait l'Elysée. « Sur l'ensemble des jeunes reçus, plus de 65% sont soit issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville, soit peu diplômés (niveau infra bac), soit sans emploi», nous garantit l'État.

Deux tiers de l'aide aux associations reportés en 2023

Le plan élyséen a également soutenu le tissu associatif marseillais qui remplit un rôle majeur pour lever les freins à l'emploi (logement, alimentation, confiance en soi). Une cinquantaine d'associations a perçu 1,1 million d'euros en 2022 dans le cadre du guichet associations.

Parmi elles, on retrouve des associations de proximité (Schebba, MADE, ACADEL, Familles en action, Culture sans frontière Marseille), des associations en lien avec les jeunes (contact club, Maison des familles et des associations de Font Vert, association des jeunes de la Cabucelle, Mémoires vives) et des structures travaillant sur l'insertion professionnelle des publics éloignés de l'emploi (CIERES, Ecole buissonière, Massajob, Eurocircle).

« Un report de 1,9 million d'euros a été demandé sur 2023 afin de pouvoir continuer à construire ces partenariats autour des carrefours de l'entrepreneuriat», nous informe la Préfecture.

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