Le ministre de la transition écologique et solidaire a choisi Marseille pour lancer sa stratégie nationale de mobilisation pour la biodiversité, « un mot essentiel à notre destin », a déclaré Nicolas Hulot, vendredi 18 mai, au Fort Ganteaume. « Ce plan doit être le frère jumeau du plan climat. Il est indispensable de rendre indissociable les deux ». Après une visite, en bateau, du parc national des calanques, le ministre a esquissé les contours du plan pour sauver la biodiversité articulés autour de cinq axes : redonner sa place à la nature, même en ville, sanctuariser les terres agricoles, viser « le zéro artificialisation nette des sols ». Le ministre souhaite également mobiliser les acteurs économiques, « dont nous avons absolument besoin pour protéger la biodiversité, y compris via des modifications de la politique agricole commune ». Une manière de « réconcilier l’économie et l’écologie ». Nicolas Hulot entend aussi travailler sur la protection des espaces et des espèces, « en créant de nouvelles aires de protection naturelles, ou en les agrandissant ». L’occasion d’annoncer que le conservatoire du littoral a acquis son 200 millième hectare, et la création début 2019, du parc national « Feuillus de plaine » dans la Haute-Marne. Autre objectif : mettre fin aux pollutions en mer en s’attaquant aux plastiques.
« Provoquer un sursaut »
Cette stratégie prendra appui sur une large consultation « pour que dans les deux mois qui viennent chaque citoyen fasse des propositions ». Pour la première fois en France un comité interministériel va se réunir début juillet, autour de la question de la biodiversité, « pour provoquer un sursaut et créer un cadre transversal pour l’action de tout le gouvernement ».
Pour la première fois en #France un comité interministériel va se réunir sur la question de la #biodiversité début juillet pour « provoquer un sursaut et créer un cadre transversal pour l’action de tout le #gouvernement. Il se réunira régulièrement en vue de 2020 » pic.twitter.com/gwvUUa4ycO
— Gomet’ (@Gometmedia) 18 mai 2018
Le plan s’inscrit également dans un calendrier international pour créer une véritable caisse de résonance autour de cette question et afficher le volontarisme de la France. Le pays accueillera l’année prochaine le G7 dont le sujet principal sera la biodiversité : « c’est un changement d’échelle », rappelle le ministre. « Cela va obliger la France à se mettre à niveau. » La même année aura lieu la 7e session plénière de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques.
La visite du ministre marque aussi l’officialisation de la venue, en 2020, à Marseille, du congrès mondial de la nature, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cet organisme international dresse la liste des espèces menacées dans le monde. Marseille était la seule ville candidate. « Ce plan doit être capable, à l’horizon 2030, de permettre de ne plus détruire la nature et d’être le réparateur du vivant. Ce n’est pas une question d’ambition mais une question de survie», a encore déclaré Nicolas Hulot.
Les collectivités s’engagent et se félicitent de la venue du Congrès mondial de la nature.
Renaud Muselier, président de la région Sud, partage l’analyse de Nicolas Hulot sur « l’urgence d’agir pour protéger notre planète », rappelant son objectif en Provence-Alpes-Côté d’Azur d’avoir une Cop d’avance. « C’est pour cela que nous avons besoin que tu restes au gouvernement », a-t-il même déclaré. Il a également salué la venue du Congrès mondial de la nature en 2020, à Marseille : « c’est une belle opportunité pour notre territoire.»
« Ce choix est non seulement la reconnaissance du savoir-faire de notre ville pour l’organisation de grands congrès et de grands événements européens et mondiaux (…) mais il vient aussi rendre compte de la qualité des actions que la municipalité développe en faveur de la préservation de son patrimoine naturel », a indiqué pour sa part Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille et président de la Métropole Aix-Marseille Provence. « Cette politique s’est concrétisée par la définition depuis 2015 d’une stratégie locale pour la biodiversité et par la participation de notre collectivité comme experte auprès des partenaires nationaux et internationaux de la gestion intégrée des zones marines et côtières et des aires actifs de l’UICN…»
Dans la même ligne, la présidente du Département des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, a indiqué qu’elle présenterait au mois de septembre de son plan environnement «très ambitieux ». Ce plan comprendra notamment des mesures favorisant l’achat de véhicules électriques pour les collectivités et les particuliers. Martine Vassal est revenue sur certaines actions phares dans le domaine environnemental, comme la distribution d’un livret sur l’ensemble de la faune et la flore aux 26000 élèves de 6e. « Cela n’avait jamais été fait jusqu’ici et sa qualité a été salué par le ministère de l’Ecologie.»