La fin d’année approche et la Métropole Aix-Marseille Provence commence à entrevoir les conséquences de la crise sanitaire. Le conseil métropolitain qui s’est déroulé en visio jeudi 19 novembre a été l’occasion de débattre des orientations budgétaires de l’année à venir en prenant en compte l’impact économique de l’épidémie pour l’institution. « Comme tout le monde, nous avons été frappés de plein fouet sur le plan financier », annonce d’emblée, le vice-président délégué au budget Didier Khelfa. Et de présenter l’addition avec « une perte de fiscalité évaluée à 76 millions d’euros sur l’année 2020 et de 24 millions pour 2021 ». Il prévient ainsi que la Métropole va devoir se serrer la ceinture pour traverser cette crise : « Nous allons devoir réduire les dépenses de fonctionnement notamment en limitant les dépenses de personnel et étaler les autorisations de programme en priorisant les projets les plus essentiels », explique-t-il. Malgré la baisse des ressources, Didier Khelfa insiste sur la nécessité de limiter le recours à l’emprunt pour soulager la dette importante de la Métropole qui culmine à 1,8 milliard d’euros. Un vœux pieux qui devra semble-t-il attendre le prochain exercice car le maire de Saint-Chamas avoue que sur 2020, « on a remboursé 213 millions d’euros et emprunté 476 millions d’euros augmentant donc encore un peu plus la dette ».
Jouer collectif pour obtenir le soutien de l’Etat
Pour compenser l’impact de la crise sur le budget, la Métropole compte notamment sur l’aide de l’Etat et son plan France relance « On va devoir frapper à toutes les portes. Il y a aujourd’hui une multitude d’appels à projets pour les quels nous essayons de faire rentrer nos différents projets mais c’est très compliqué car il faut à chaque fois rentrer dans la petite case et ce n’est pas évident de rendre éligible nos différents projets », avance Didier Khelfa. Face à la tempête, certains élus d’opposition semble décider à jouer la carte de la solidarité. Joël Canicave (PS), l’adjoint aux finances de la nouvelle maire de Marseille, tend la main à la présidente Martine Vassal en lui proposant « d’aller plaider ensemble auprès de l’Etat et de l’Europe pour obtenir de l’aide. Il faut passer à la vitesse supérieure sur la coopération intercollectivités pour le bien de nos concitoyens », insiste-t-il.
Outre le soutien de l’Etat et les mesures d’économies, le maire de Grans Yves Vidal (PRG), délégué au foncier économique de la Métropole, entrevoit des possibles ressources à aller chercher sur le développement du foncier pour les entreprises : « Jusqu’en 2020, nous avons produit 200 hectares et on a un programme de 483 hectares dans les tuyaux jusqu’en 2027 (…) On estime que ces opérations génèreront des recettes de plus de 10 millions par an plus tous les impôts induits et l’activité générée pour les entreprises du territoire », détaille-t-il. Mais pour profiter de cette manne, il appelle à son tour à plus de collaboration entre les élus : « Nous avons à peu près 2 milliards de projets d’investissement et nous savons très bien que nous n’aurons pas les financements pour tout faire. Nous allons devoir nous mettre d’accord sur les urgences à traiter en priorité. Et si nous présentons à Paris des projets précis et chiffrés avec des financements, nous pourrons profiter du plan de relance national », estime-t-il.
« Dans l’intérêt des populations de nos communes, nous avons le temps de nous ressaisir avant le vote du budget. »
Jean-Pierre Serrus
Mais l’union sacrée espérée par la présidente Martine Vassal ne dure pas. L’élu du Printemps marseillais Yannick Ohanessian regrette que la Métropole n’ait pas demandée l’aide de l’Etat pour exonérer les commerçants de la CFE, une demande qui aurait dû être formulée avant fin juillet. Le sénateur RN Stéphane Ravier n’y va pas par quatre chemins : « C’est à se demander si vous à la hauteur de votre poste » s’interroge Mr ravier qui évoque le creusement de la dette à la Métropole mais aussi au Département. Autre réserve et non des moindres, celle de Jean-Pierre Serrus, le maire LREM de La Roque d’Anthéron qui invite Mme Vassal a convoqué sans plus tarder une conférence métropolitaine des maires afin de fixer clairement des priorités dans les projets (à lire demain sur Gomet’ l’intégralité de l’intervention de M Serrus). « Dans l’intérêt des populations de nos communes, nous avons le temps de nous ressaisir avant le vote du budget. » déclare celui qui est également président de l’association “Pour une métropole des citoyens“.
Réforme métropolitaine : Sophie Joissains veut inscrire l’autonomie des territoires dans la loi 3D
Sitôt réélue à la présidence de la Métropole, Martine Vassal a demandé à ses services de former des groupes de travail sur la réforme métropolitaine. Elue d’Aix-en-Provence, Sophie Joissains, vice-présidente déléguée à cette réforme métropolitaine, a annoncé lors du conseil que les résultats de ces travaux seront présentés le 3 décembre : « Ils se sont penchés sur les délégations réelles de compétences, les problèmes de ressources humaines, le rôle du maire… Nous sommes allés voir tous les présidents de conseil de territoire et les résultats sont les même pour tous, sauf sur Marseille Provence. A part ce territoire qui fonctionne depuis longtemps en communauté urbaine, les réponses sont unanimes sur le problème de légitimité du maire, du besoin d’agir sur le problème financier, sur la commande publique », annonce-t-elle. Sophie Joissains attend impatiemment la loi 3D (décentralisatiion, différenciation, déconcentration) du gouvernement pour pouvoir expérimenter de nouveaux modes de gouvernance : « Je souhaite rajouter dans la loi la personnalité juridique et morale autonome des territoires. On est pas dans une politique d’égalitarisme. Nous devons respecter les différences de chacun et c’était le cas lorsque nous avions choisi nos modes d’intercommunalités », affirme-t-elle.
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